Nouvelle chronique hors-série ! Aujourd'hui, je vous parle de la bande dessinée
Kurusan, le samouraï noir, scénarisé par
Thierry Gloris sur des dessins de
Emiliano Zarcone. Nous y suivons la vie de
Yasuke, le samouraï noir, un personnage ayant vraiment existé : il s'agit d'un esclave qui est parvenu à entrer dans la cour de
Oda Nobunaga. Le premier tome de la BD est disponible en France aux éditions
Delcourt depuis
le 13 janvier 2021.
A noter que le personnage de
Yasuke est également traité dans le manga
L'homme qui tua Nobunaga disponible également chez
Delcourt/Tonkam.
Synopsis :
Yussuf est un esclave noir. Vendu comme un vulgaire bien, il devient sous le nom de Joseph le serviteur d'un jésuite italien. Ce dernier est chargé de visiter les établissements de son ordre en Asie. Avec Joseph, il débarque au Japon dans les années 1570. Oda Nobunaga, le fils d'un daimyo va rencontrer cet étranger à la peau d'ébène et, contre toute attente, se lier d'amitié avec notre héros.
Il n'est pas précisé au début de l'oeuvre si ce qui nous ait montré est historiquement vrai ou romancé, mais la présence de deux personnages fictifs dans le récit laisse penser que nous avons ici une version romancée de l'histoire de cette figure historique méconnu du Japon féodal. Le
Yasuke que nous présente
Kurusan, le samouraï noir est attachant, souriant et optimiste. Il accepte son sort tout en espérant pouvoir y trouver le meilleur et peut-être une porte de sortie.
Yasuke a vécu l'enfer mais parvient à continuer d'être lui-même. Toute la symbolique lors de sa séparation avec le père Alessandro est poignante tout en étant jouissive. On comprend en une phrase et un geste que même ses années d'esclavage et d'endoctrinement n'ont pas réussi à l'abattre, qu'il fera tout ce qu'il est possible pour vivre sa vie au mieux et restera lui-même.
En plus de
Yasuke, l'oeuvre se concentre également sur la montée au pouvoir de
Oda Nobunaga. Il nous est montré comme un conquérant, tacticien habile et cruel, mais on sent également une certaine paranoïa en lui. La partie de Nobunaga est également le moment où l'histoire part dans le
géopolitique. Bien qu'assez fourni en dialogue, il n'est pas toujours aisé de savoir où, quand et qui nous voyons lors des guerres de clans représentées.
Petite interrogation de ma part, mais nous ne voyons pas Nō-hime, la femme de
Oda Nobunaga. Dans la série
Nobunaga Concerto, celle-ci semblait pourtant capital à l'homme. Peut-être arrivera-t-elle dans les prochains volumes de
Kurusan, le samouraï noir.
Côté dessins,
Emiliano Zarcone nous propose de très belles planches. Le Japon féodal est bien représenté, les scènes de combat à mains nues de
Yasuke sont fluides et dynamiques et toute la cruauté de la guerre est bien présente même si elle n'occupe que quelques cases, le format BD obligeant à aller à l'essentiel.
Si j'avais un reproche à faire à l'oeuvre, ce serait au niveau de la représentation des langues. Au début,
Yasuke,
encore Joseph, accompagné d'un missionnaire portugais, arrive au Japon. Et toutes les bulles sont traduites en français. Il aurait été mieux, je trouve, que les dialogues en portugais soient signalés.
Kurusan, le samouraï noir est un bonne bande dessinée et une bonne oeuvre de littérature en général. Proposant une porte d'entrée dans le Japon féodal au travers de
Yasuke qui découvre lui aussi les us et coutumes de ce pays et de cette époque. Le personnage de
Yasuke est inspirant, malgré ce qu'il a vécu, il est souriant, sa force, son honnêteté et sa capacité d'adaptation font que l'on veut le voir gagner et vivre enfin la vie qu'il mérite et qu'il espère. J'ai hâte de découvrir la suite de sa vie et de son intégration dans ce nouveau monde qui l'a enfin accepté pour ce qu'il est, un homme.