La série
Les caprices du Jaguar du duo
Unohana, après deux premiers volumes parus en France chez
Boy's Love respectivement en mai et juillet 2019, a fait son retour dans nos contrées en janvier dernier avec un 3e tome ! Étant donné que j'avais apprécié les deux précédents, j'ai choisi de continuer dans ma lancée en vous proposant une chronique de la suite des aventures de Arata, Shiina, Peg et tout l'univers musical qui gravite autour d'eux.
Synopsis :
Après une longue séparation, Arata a désormais mis de côté son sentiment d'infériorité et sa jalousie pour filer le parfait amour avec Shiina. Alors qu'ils sont à peine habitués à vivre ensemble à Tokyo, trois personnes spéciales viennent écouter Shiina à la guitare...!
L'histoire de la formation et de l'apogée du légendaire groupe Peg se connecte enfin au présent ! Retrouvez également dans ce tome les jours heureux et sensuels d'Arata et Shiina dans la vingtaine !
- Boy's Love -
Il faut l'avouer, j'ai eu un peu de mal à replonger dans le début de ce troisième volume, me demandant un instant à quelle époque du récit on nous situait durant les premières pages. En effet, il faut dire que le style de narration choisi nous balade d'une année à une autre plutôt subitement, et que, comme dans les tomes précédents, les ellipses et flash-backs sont légion. On a donc tout intérêt à bien suivre le déroulement logique du scénario si on ne veut pas risquer de décrocher et de continuer à parcourir l'œuvre, certes en l'appréciant, mais sans chercher à donner du sens à la façon dont évoluent Peg et Arata, chacun de leur côté.
Car, en effet, c'est ce troisième tome qui m'a permis de comprendre là ou les autrices voulaient en venir en nous faisant suivre l'histoire de ces jeunes gens. Toujours plus centrée sur la carrière musicale de Peg que sur l'histoire d'amour de Shiina et Arata,
Les caprices du Jaguar est de ce genre de séries qui ne deviennent réellement cohérentes qu'une fois qu'on a toutes les clés en main pour en comprendre le sens. On nous présente ici une histoire d'amour aussi complexe qu'elle n'en devient attachante, mais surtout la chronique de l'évolution du désinvolte et charismatique jeune homme qu'est Shiina, et de sa construction en tant que musicien et que personne ; et, gravitant autour de lui, de son petit-ami Arata et de son groupe de musique, Peg. Depuis le premier tome, le monde tourne autour de lui, et les choses ne changent pas ici ; l'évolution de Peg se fait par, pour et avec Shiina.
Si Shiina reste donc constamment au centre de la scène, Arata quant à lui a choisi une voie plus discrète en devenant éditorialiste pour un magazine de rock, qui ne lui fait pas cadeau d'ailleurs d'une vie professionnelle très facile. Ma peur durant les deux premiers tomes avait été de le voir trop s'effacer par rapport à la véritable star qu'est son petit-ami, et que
Unohana ait tendance à l'oublier un peu pour se concentrer sur la carrière de Peg et le développement de la psychologie de Shiina. Il n'en est rien : là aussi, ses propres réflexions sur sa carrière et sa vie font sens. Il a tout simplement choisi de se placer "sur le devant d'une autre scène", de ne pas être celui qui se tient aux côtés de Shiina quand il joue, mais de l'accompagner autrement dans son ascension, en prenant un chemin différent. Arata est un personnage qui sonne désormais plus juste, tout comme son couple, et l'ensemble du scénario de façon générale, ce malgré sa narration parfois déroutante.
Je l'ai reproché aux tomes précédents, et le reproche toujours à celui-ci : c'est souvent l'encéphalogramme plat niveau émotions, pour l'amour comme pour la musique, et ce malgré une petite amélioration notable sur certaines planches et un effort sur le texte (malgré quelques fautes d'orthographe) pour tenter de nous transmettre l'intensité des moments musicaux et du jeu de Shiina... D'un autre côté, il faut admettre que, par comparaison à certaines autres œuvres que j'ai eu l'occasion de lire, mes standards peuvent être un peu hauts, dans le boy's love (avec par exemple
The song of Yoru and Asa dans le même genre) mais surtout en dehors (
Nos c(h)oeurs évanescents, pour ne citer que lui...). Mais en esquivant volontairement le déroulement de certains moments musicaux intenses, comme le premier concert live de Peg par exemple, les autrices nous indiquent bien que l'intérêt de la série ne se situe pas là.
J'apprécie globalement le style graphique de
Unohana, plutôt simple, au chara-design intéressant, mais n'ai pas pu m'empêcher de remarquer des problèmes de proportions, qui dépassent pour moi la limite acceptable d'un style simplement longiligne et harmonieux, notamment de loin où sous certains angles - problèmes qui ne gênent en rien la lecture et l'appréciation de l'œuvre néanmoins.
Sans surprise, notre jeune couple est toujours aussi attendrissant dans son quotidien comme ses moments intimes, et si les scènes de sexe se font rares, sans être exceptionnelles, elles sont plutôt sensuelles et bien menées, développant encore parfois cette métaphore liée à la musique en toile de fond. Les personnages secondaires et leur relation à Shiina, mais aussi à Arata, complètent ce tableau cohérent et attachant et nous font vivre avec Peg quelques moments qui, mis bout à bout, font sens et délimitent le propos de fond du scénario : c'est par la relation avec autrui qu'on se construit soi-même.
Chaque pas en avant de notre petit groupe "fait ressortir le côté inachevé" du précédent, et leur progression semble ne jamais s'arrêter... jusqu'à un événement qui survient en fin de tome, et que je vous laisserai découvrir par vous-même. Peg, tout comme la relation entre Arata et Shiina, s'en trouve beaucoup affecté, et si les conséquences de cet événement sont déjà bien réelles, nous les découvrirons davantage dans le tome 4, annoncé comme le dernier par le duo de mangakas. Vivement sa sortie !