Un scénario sans faille, une animation extraordinaire, un héros avec du charisme… Tels étaient les ingrédients prévus pour créer le manga parfait par le créateur
ONE. Mais, volontairement, un autre ingrédient fut ajouté à la recette : l’inconnu X. C’est alors que naquit l'adaptation animée
Mob Psycho 100 !
Reigen ARATAKA, autoproclamé Medium de Génie, le meilleur de tous les temps, emploie le lycéen
Shigeo KAGEYAMA, surnommé Mob. Malgré des pouvoirs psychiques démentiels, ce dernier n’aspire qu’à une chose : vivre sa vie d’adolescent le plus normalement du monde. Bien évidemment, tout est fait pour perturber son quotidien, à commencer par son petit-job chez ce maître arnaqueur de Reigen, qui l’entraînera dans des aventures inattendues, pour l’un comme pour l’autre. Mob se découvrira alors des amis, des ennemis, des faiblesses mais aussi de nouvelles forces.
Par où commencer pour décrire
Mob Psycho 100 ? Par son antihéros aux pouvoirs démentiels ? Son univers à la fois ancré dans notre réalité et fantasque ? La responsabilité qu’implique d’avoir une si grande force sans avoir la volonté de l’utiliser ? Le
character design tantôt sommaire tantôt détaillé au possible sur des plans fixes ? Chaque élément de cette œuvre originale semble tellement entrer en contradiction avec lui-même que l’on pourrait s'y perdre. C’est là qu’opère le génie de
ONE : il arrive à relier tous ces éléments dans un ensemble parfaitement hétérogène et, croyez-moi, ce n’était pas gagné d’avance.
Allez, on se lance !
Déjà, c’est quoi cette histoire d’anti-héros aux pouvoirs démentiels ? Eh bien c’est exactement ce qu’est
Mob : exit le super-héros qui sauve le monde, son unique ambition se résume à devenir plus fort pour affronter… son quotidien. Par ailleurs, sa naïveté et son manque de charisme n’ont d’égal que la puissance de ses aptitudes psychiques, qui varie selon son niveau de stress. Toutes ses qualités lui vaudront d’être trimballé dans des situations des plus improbables mais dans lesquelles ses pouvoirs se révéleront toujours indispensables. Par contre, n’allez pas penser que
Mob est une simple copie du célèbre
Saitama, les pouvoirs psychiques en plus. Non,
ONE lui a volontairement conféré tout un tas de faiblesses, ce qui permet de s’identifier à lui beaucoup plus facilement. Bon, jusqu’ici, on ne s’éloigne pas tellement de la trame scénaristique habituelle des animés fantastiques.
Tantôt faiblard, tantôt badass, Mob est parfaitement humain
Mais ces aventures — dans lesquelles il s’empêtre maladroitement et involontairement — ne s’inscrivent pas dans le schéma classique de l’affrontement du bien contre le mal, du héros contre un méchant. Au contraire,
ONE a choisi de développer les personnages secondaires de façon à relever la faiblesse ou la force de Mob, selon la perception qu’ils en ont. Toute une réflexion autour des responsabilités de chacun de posséder des pouvoirs ou encore de côtoyer des personnes en ayant, est ainsi développée à plusieurs niveaux. Aussi, si les dénouements ne sont pas bien difficiles à prévoir, les événements qui y conduisent sont complètement inédits, voire déroutants. Et, ce qui est intéressant, c’est que cette logique s’applique aussi bien au scénario qu’aux différents personnages : on ne sait jamais qui va intervenir ni quand, ni comment. Chaque instant saisi est utile, personne ne perd son temps et une belle ouverture est laissée pour une possible suite adaptée en animé.
Bref, la crédibilité du scénario et celle des personnages sont totales. Pour encore mieux nous immerger dans ce monde fantasque,
Kenji KAWAI (
Ranma ½,
Eden of the East,
Joker Game…) a composé une bande son originale tantôt rock, tantôt psychédélique — tantôt les deux — correspondant parfaitement avec le rythme élevé du récit et la haute qualité de l’animation. Porté par la bande-son, on en arrive à penser que notre cœur bat au rythme de celui de Mob, hyper concentré dans ses combats. Bien sûr, les pistes plus « situationnelles » relèvent également les instants clefs à la perfection, qu’ils soient émotionnels ou complètement cinglés.
Et de la folie,
Mob Psycho 100 n’en manque pas. D’ailleurs, disons-le, le
character design participe grandement à sa mise en valeur. En effet, si celui-ci est sommaire à la manière de
One Punch Man, il gagne toute son efficacité dans ce qu’il raconte. « Oula, décidément perchée la chroniqueuse », pensez-vous. Je m’explique : les traits sont simples, très simples. Du coup, d’une manière générale, les caractères de chacun restent très perceptibles, de même que leurs sentiments et leurs changements d’humeur. Ainsi, même si le design ne se rapproche pas du réel, la facilité avec laquelle les émotions sont transmises rend l’ensemble toujours plus crédible et immersif. On notera aussi l’exquise apparition de portraits fixes aux ombres ultra-détaillées, accentuant le côté humoristique-dramatique de certaines scènes. Notez d'ailleurs que si vous avez apprécié l'humour de One Punch Man, celui-ci de Mob Psycho 100 ne devrait pas vous laisser indifférent !
En bref,
Mob Psycho 100, c’est un magnifique méli-mélo d’action et qui satisfera tous les amateurs de belle animation, de bonne musique et de design coloré. L’immersion dans l’œuvre est totale, sans être forcée, nous permettant de nous attacher aux différents personnages. On apprécie très fortement que la vision de la « justice » de chacun d’entre eux ne soit pas simplement un prétexte pour justifier leurs actions, mais plutôt qu’elle exprime tout bonnement ce qu’ils sont. Et, si vous n’étiez pas convaincus par ce qui semble n’être que des arcs « tranches de vie »… pensez bien que tout est lié. On en redemande !
Oui, vous finirez avec cette tête-là à la fin