Attention, cette chronique porte sur une œuvre destinée à un public averti car elle contient des scènes particulièrement violentes ou sexuellement explicites.
Les 7 ninjas d’Efu fait partie de la vague de nouveaux mangas proposés par les éditions
Meian en août 2019 et disponibles en avant-première lors de la Japan Expo.
Le manga nous propose une relecture fantastique et plus cruelle (
je l’espère) du début de règne de
TOKUGAWA Ieyasu. Partant de ce principe, afin d'asseoir sa position de nouveau shogun, il déclenche l’extermination pure et simple de toute personne liée de près ou de loin à son prédécesseur, Toyotomi Hideyori. Les atrocités qu'engendre cette purge réveilleront les Ninjas Onshin, sortes d'esprits de la vengeance ramenant certains élus à la vie avec des nouvelles capacités leur permettant de réaliser leurs objectifs.
Actuellement, l’œuvre se découpe en plusieurs arcs courts, chacun nous proposant de découvrir l’apparition d’un nouveau Ninja Onshin. C'est aussi grâce à ce procédé qu'elle nous permet de contempler la situation du pays dans différentes régions. Et l'on peut dire que la répression y fait rage : cruelle et aveugle, tout prétexte est bon pour donner la mort. Les scènes de massacres sont crues et sans concession, frappant femmes, enfants, en plus des hommes qui sont condamnés à des supplices physiques et psychologiques encore plus durs.
Le tout est englobé dans un monde fantastique, à commencer par les Ninjas Onshin eux-mêmes qui sont des guerriers ressuscités par
Ryūjin, un dieu dragon, pour pouvoir assouvir leur vengeance. Notons aussi la présence de
Momotarō, guerrier immortel provenant d'un célèbre conte japonais qui promet de palpitants affrontements. La technologie de l’époque est également fantasmée, avec des armures magiques qui améliorent les capacités de leurs porteurs, avec comme contrepartie la consommation de la force vitale.
Ce surréalisme apporte au lecteur une sorte de détachement aux événements vécus. Certes, il est particulièrement horrible de voir une fillette de sept ans se faire décapiter, mais on se "rassure" facilement en se disant que ce n’est que de la fiction... (
C'est bien de la fiction ? Rassurez-moi !?)
Comme dit en début de chronique, le manga est séparé en plusieurs arcs, ce qui permet de présenter de nombreux personnages qui ont chacun des environnements, histoires et buts différents. Certains peuvent être trop caricaturaux, à l’image de
Iori tellement à cheval sur ses principes de samurai qu’elle en devient risible. Mais d’autres arrivent à obtenir notre affection dès leurs premières apparitions, comme
Ashura-maru, le colosse souriant voulant redonner ses lettres de noblesse aux combats de sumo. Seulement, le monde est cruel et chacun de nos héros le comprendra à ses dépens puisque, aussi forts soient-ils, c’est l'honneur et leur fierté qui les mèneront à leur perte...
Pour les dessins,
YAMAGUCHI Takayuki a un talent et une fascination pour la musculature humaine. Les corps des personnages sont très bien représentés, voire un peu trop en profondeur parfois. (
arrêtez de tuer tous ces gens) Les scènes d'action sont dynamiques, ce qui a tendance à nous perdre. Mais, bien souvent, cette perte de repère arrive alors qu'un des protagonistes prend le dessus sur l'autre, marquant la tournure du combat. Il s'agit donc plus d'un effet de style, le lecteur étant autant perdu que le personnage du récit. On notera également que les planches sont bien remplies, avec de nombreux personnages, un décor fourni et de nombreux détails sur les armes et armures.
Les 7 Ninjas d'Efu n'est clairement pas une œuvre à mettre entre toutes les mains. La violence est très présente et, cela, dès les premières pages, de même que la nudité et le sexe. Si tout ceci ne vous gêne pas, vous assisterez à une fresque vengeresse de grande envergure qui ne vous laissera pas indifférent, avec des personnages attachants, essayant de vivre une vie simple en plein chaos alors qu'ils sont poussés au combat. Vivement le tome 3 où nous devrions enfin assister à la confrontation entre deux Ninjas Onshin !