Synopsis :
Shirose, élève d'une université prestigieuse, a aussi une autre facette. Il est en vérité "Yûto", un sadique célèbre dans le milieu des bars gays. Alors que tout le monde est à son service aujourd'hui, il fut néanmoins victime de brimades au collège. Un jour, il rencontre dans son bar préféré un de ses anciens camarades. Son nom est "Yûto Maki"... Que va faire Shirose face à cet homme qui a tant compté pour lui à l'époque, mais qui est également à l'origine de son plus grand traumatisme... ?
-Boy's Love-
Ne vous fiez pas toujours à une couverture douce aux couleurs pastel. Notre première impression en entamant la lecture de
How to Keep a Lonely Dog est de plonger dans un scénario plus psychologique et profond que ce que nous offrent la plupart des mangas boy's love, malgré la persistance de quelques stéréotypes.
Le fond nous fait nous interroger sur les raisons qui ont poussé Shirose à devenir "un sadique". On découvre un personnage pertinent, qui nous est présenté tout autant dans sa force que dans sa fragilité. Le caractère froid et dominant qu'il s'est forgé pour surmonter ses traumatismes d'adolescence l'empêche d'avoir des relations sociales saines, et ses propos sont blessants même lorsqu'il ne le souhaite pas. En face de Yûto, son ancien senpai de lycée qu'il aime en secret depuis des années, il est clair que c'est la dernière chose qu'il souhaite. Être méchant envers Yûto le fait même culpabiliser, lui qui d'habitude, comme il le dit, "piétine les autres dans l'indifférence".
Les retrouvailles des deux personnages sont marquantes pour notre héros. On observe un amour maladroit, complexe, que le personnage pense être à sens unique et sans possibilité d'évolution. Pendant qu'il se convainc que rester près de Yûto en tant qu'ami lui suffirait, leur relation évolue lentement, au fil des mois, sans qu'il n'y ait réellement de contact physique. L'autrice prend le temps qu'il faut pour mettre en place un rapprochement à ce niveau, et l'ambiance du manga n'est vraiment pas axée sur le sexe. J'ai donc été très surprise par l'arrivée soudaine et presque sans contexte de leur première relation physique, mais tout s'explique après. En effet, Shirose, plongé dans ses souvenirs, se rend compte au milieu de l'acte de ce qu'ils sont en train de faire. Entre l'alcool et les divagations, il ne se souvient plus de grand chose et en vient même à se demander s'il n'a pas forcé Yûto.
Les dessins quant à eux sont doux, assurés, et font passer clairement ce que l'autrice veut nous faire ressentir.
HINO Garasu sait donner vie à des personnages réalistes tout comme elle sait leur donner du charme.
L'histoire est forte en émotions tout le long du tome, mais j'ai été plutôt déçue par la fin, trop simpliste comparée à la profondeur qui nous a été servie durant tout le reste du manga.
HINO Garasu semble pourtant prendre à cœur de nous plonger -avec brio- dans la psychologie des personnages. Mais, uniquement lors de cette fin, on se sent totalement étrangers, aux sentiments de Shirose... et surtout à la réaction de Yûto. Une quarantaine de pages plus tôt, celui-ci pleure, choqué, lorsqu'il comprend que toutes les "choses horribles" qu'il avait entendu sur la vie sexuelle de son kōhai sont vraies. Il prit la décision de ne plus parler à Shiro. Mais il semble ensuite pardonner le grand blond sans même y réfléchir, et accepte l'annonce soudaine de ses sentiments malgré une absence totale d'explications entre les deux hommes. Une réaction qui paraît peu naturelle et bâclée, au vu du comportement précédent du personnage.
Au final,
How to Keep a Lonely Dog m'a captivée tout au long de sa lecture, de par les thèmes abordés et le sérieux de la réflexion qui en émane. Mais la fin nous laisse un sentiment presque amer d'insatisfaction. L'autrice a su créer un personnage si pertinent, au background si développé, qu'elle n'a peut-être pas pu trouver une conclusion à la hauteur du "roi Shirose" ?