Aoi Honō est une série en 11 épisodes diffusés entre juillet et septembre 2014 au Japon. Cette série est adaptée du manga éponyme de SHIMAMOTO Kazuhiko, publié depuis 2008 chez Shōgakukan, comptant actuellement 12 tomes et restant inédit en France. L'adaptation du scénario et la réalisation sont signées FUKUDA Yūichi (Hentai Kamen, Saru Lock).
La série nous propulse en 1980, période où l'otaku-culture est en pleine explosion grâce de nombreuses œuvres rapidement devenues cultes comme Gundam, Captain Harlock, Ultraman, Kamen Rider et bien d'autres. Cette période verra également l'émergence de futures stars incontestées dans leur domaine telles que MIYAZAKI Hayao faisant ses débuts avec l'animation de Lupin the Third ou encore les débuts de ADACHI Mitsuru avec le lancement de son manga H2. À noter que, pour les décors, magazines, mangas, VHS, posters, etc, la production est allée rechercher des éléments d'époque. C’est particulièrement visible grâce au papier des éléments présents à l'écran qui a été jauni avec le temps. Dans le but d'éviter des problèmes de droits d'auteur avec certaines œuvres diffusées au cours des épisodes, les scènes d'œuvres réelles (films, séries) ont simplement été retournées, alors que pour les animes rencontrant le même problème, les personnages vont alors paraphraser chaque épisode des séries. Ces deux méthodes sont assez drôles et bien trouvées. La première par le côté déstabilisant que peut apporter le fait que vous ne reconnaissez pas le film, alors que vous étiez certain de le connaître sur le bout des doigts. La seconde a été de choisir la solution de la paraphrase ; celle-ci permet en effet d'insister sur le côté ultra-otaku des personnages capables de citer chaque détail de l’œuvre qu'ils aiment, au point de lessiver les personnes à qui ils font subir ce rattrapage forcé et détaillé.
Vous l'aurez compris, cette série est remplie de références à l'otaku-culture avec des blagues d'otaku mises en scène au milieu d'autres otakus. Nous y suivons HONŌ Moyuru, étudiant à l'école d'art d’Osaka, persuadé de son talent et de son futur succès dans le manga. Dans sa classe, il va côtoyer plusieurs futurs grands noms de l'animation, tels que YAMAGA Hiroyuki, futur président du studio Gainax, ou encore MINAMI Masahiko, futur président du studio BONES. L'antagoniste de l'histoire n'est autre que ANNO Hideaki. Celui-ci est représenté comme un fan ultime d'Ultraman, pouvant identifier les acteurs sous le costume de ce personnage par rapport à leurs mouvements, et il porte toujours sur lui la sphère rouge symbolisant le cœur d'Ultraman. Et même lorsqu'il tombe de fatigue, il simule la chute d'un Ultraman avec bruitage.
En ce qui concerne le jeu des acteurs, pour faire simple, ils surjouent. N'oublions pas cependant que la série est une adaptation d'un manga dans lequel les personnages surjouent également. On sent que le réalisateur a voulu conserver cet aspect, avec des mimiques telles que Hono bloqué la bouche grande ouverte en direction de son interlocuteur sans aucun son sortant de sa bouche, pendant qu'il (nous) explique mentalement pourquoi telle ou telle chose est géniale ou mauvaise. Ou encore lorsque TSUDA Hiromi tape sans cesse sur l'épaule de Hono, jusqu’à ce qu’elle ou lui ait fini son discours. Ces deux actions qui passent comme surjouées ne durent qu'une case dans le manga d'origine avec une grosse bulle de texte, alors que pour nous, dans la réalité, le temps que tout le texte soit dit dure plus d'une minute, nous donnant cette impression comique de surjeu et de répétition étrange. Les personnages secondaires sont également sur-représentés par leurs mimiques au point qu'ils ne semblent plus exister que par elles, tel que YANO Kentarō, grand fan de Gundam se prenant pour Char Aznable. Mais le plus remarquable reste MAD Holy, un éditeur du magazine Shūeisha interprété par SATŌ Jirō et qui nous offre une prestation à mourir de rire, par son hyperactivité dans toutes ses actions, que l’on retrouve dans sa manière de fumer, de tenir son téléphone et de s'endormir au milieu d'une phrase pourtant capitale... Mais cette sur-représentation des mimiques peut également être négative envers l'individu représenté par le personnage. On remarquera cela surtout avec YAMAGA Hiroyuki, futur président du studio Gainax, décrit de manière extrêmement négative : il ne sait ni dessiner, ni jouer la comédie, il n'aide jamais Hideaki. De plus, il n'a absolument aucune connaissance de la culture otaku allant jusqu’à ne pas connaître TEZUKA Osamu et il semble avoir une érection chaque fois que quelque chose ou quelqu'un peut lui rapporter de l'argent ou de la gloire.
Au final, Aoi Honō est une très bonne série comique rendant hommage au monde otaku, elle prend au sérieux son thème et ses spectateurs en nous offrant un très grand nombre de références plus ou moins explicites, qu’il nous est difficile de saisir dans leur ensemble. À noter que les personnages faisant de brèves apparitions sont en réalité les mangakas ou staff d'anime ayant un rapport avec les événements de l'histoire. Ces caméos sont d'ailleurs expliqués pendant le générique de fin des épisodes. Vous comprendrez ainsi avec qui Hono parle dans la scène finale et toute la portée de cet échange. On apprend également quelles peuvent être les difficultés que peut rencontrer un apprenti mangaka et comment il peut les surmonter. L'exemple le plus parlant et étonnant est comment un simple bonjour peut devenir un obstacle insurmontable dans un manga scolaire. Je ne peux donc que vous conseiller cette série.