All you Need is Kill est un light novel de SAKURAZAKA Hiroshi illustré par ABe Yoshitoshi sorti en 2004 au Japon chez Shueisha et édité en France par Kazé en mai 2014. La sortie dans nos contrées du roman est principalement dû à la diffusion du film américain, Edge of Tomorrow avec Tom CRUISE et Emily BLUNT, et à l'adaptation en manga par TAKEUCHI Ryosuke (ST&RS) et OBATA Takeshi (Death Note, Bakuman.).
L'histoire se déroule dans une base militaire japonaise à Okinawa et prend place sur un laps de temps de trente heures. Les deux premiers actes sont centrés sur Keiji piégé dans une boucle temporelle. Nous le suivons donc dans sa routine d'avant combat, son entraînement, ses doutes. Les combats en eux-mêmes sont assez rarement représentés, mais on se doute qu’ils ne se passent jamais comme prévu, vu que la boucle recommence. L'acte III diffère des autres. En effet, celui-ci nous fait vivre le passé de Rita, un passage intéressant car se déroulant dans un milieu non militaire et éloigné du front. Il permet d'avoir un aperçu de ce que les civils connaissent et pensent de cette guerre ainsi que des impacts que celle-ci a sur le quotidien. Mais surtout, c'est dans cet acte que l'on apprend énormément de choses sur les Mimics, d'où viennent-ils ? Quel est leur but ? Pourquoi ont-ils cette forme ? De quoi sont-ils constitués ? On pourrait presque dire que toutes les questions que l'on peut se poser sur eux trouvent une réponse, en peu de temps. De plus cette explication est "réaliste" ce qui la rend encore plus terrifiante et facile à comprendre. Puis arrive le dernier acte. Malheureusement le scénario s'effondre alors complètement mais pour bien expliquer cela je vais être obligé de spoiler. Début du spoil (sélectionnez pour lire). L'affrontement entre Rita et Keiji, en effet celle-ci nous apprend qu'une personne enfermée dans une boucle finit par devenir elle-même une antenne Mimic et que l'une des deux doit mourir pour que cette boucle s'arrête. Or ceci n'a pas de sens. En effet si Rita était connectée au Mimics Serveur, pourquoi celle-ci ne ressent-elle pas les boucles ? Au cours des 159 essais de Keiji et malgré la mort de celui-ci, Rita n'aurait jamais réussi à vaincre les Mimics antennes et serveurs mettant ainsi fin aux boucles ? Le fait d'éloigner une personne de la zone de combat n'aurait-il pas suffit ? Donc non, hormis pour le coté déchirant d'une bataille entre deux êtres faits l'un pour l'autre et s'étant rencontrés sur le champ de bataille, ce combat n'a pas lieu d'être et la raison de son existence détruit complètement le scénario. Fin du spoil. Hormis ce problème de scénario, l'acte est émouvant et donne une fin satisfaisante au combat, mais pas à la guerre, une suite est donc envisageable.
Les illustrations de ABe Yoshitoshi sont disponibles en France dans l'édition spéciale du roman, on en dénombre sept : deux illustrations couleur (placées en début de livre) et cinq (dont un croquis pour la préface) en noir et blanc. On peut dire que de ce côté-là, c'est assez léger. Trois des illustrations sont des portraits de personnages et même si on appréciera certains détails tels que la cicatrice dans le cou du sergent FERELL ou encore les émotions se dégageant du visage de KIRIYA Keiji, ces portraits ont un intérêt négligeable. En ce qui concerne les illustrations couleur, autant le face à face est primordial au récit, autant l'obtention d'une hache beaucoup moins. Pourquoi ne pas avoir représenté d'autres scènes ? Beaucoup ont une importance ou une portée émotionnelle beaucoup plus forte, comme la quatrième boucle, une des morts de Keiji (ce que le manga fait très bien), une scène de l'enfance de Rita, ou même la chambre au début des boucles de Keiji.
Parlons tout de même un peu du film, nous avons affaire ici à un bon divertissement, l'action est fluide, on ne s'ennuie pas et le postulat de base est intéressant. Mais peut-on vraiment parler de bonne adaptation alors qu'en dehors de ce postulat de base, les deux œuvres n'ont pas grand-chose en commun :
Les extraterrestres s'appellent des Mimics, Rita est une super-soldat héroïne de l'humanité, l'humanité se bat en combinaison, la guerre s'annonce mal partie pour la survie du genre humain et c'est tout. Un des points les plus étranges est que cette fois, les Mimics ne semblent pas impactés par les boucles temporels, en effet ceux-ci se trouvent à la même place et effectuent la même action, à chaque boucle. Or les boucles sont censées leur apporter un avantage en leur permettant d'anticiper le combat. Comme le roman, le dernier acte manque de cohésion et paraît un peu trop gros. A noter que le fait d'avoir placé les batailles sur des plans historiques réels, comme la bataille de Verdun et le débarquement de Normandie est une idée originale et une bonne idée du film.
Le manga quant à lui est une adaptation très fidèle du roman, reprenant point par point les événements des deux premiers actes mais passant sous silence une bonne partie des deux derniers pour principalement se centrer sur le passé de Rita et les deux dernières boucles. On notera qu'OBATA Takeshi a très bien mis en valeur les scènes clés de l'histoire.
Le meilleur choix pour profiter de toutes les adaptations du roman All you Need is Kill est à priori de, tout d’abord, voir le film Edge of Tomorrow qui donne une bonne mise en bouche sur les idées de base du roman tout en proposant quelque chose de différent et plaisant à voir. Ensuite de lire le manga, qui est très fidèle au support de base dans sa première partie mais malheureusement délaisse tous les éclaircissements sur le background du scénario qui aurait dû arriver dans la seconde moitié. Enfin, de finir par le roman d'origine, si vous avez lu le manga, le début pourra vous laisser un goût de déjà vu et comme dit plus haut, vous apportera plus d'informations sur l’existence des Mimics, la situation mondiale et la psychologie des personnages.