Demain, comme vous le savez probablement sinon ce n'est pas trop tard pour commander un beau bouquet, c'est la fête des mères. Pour rendre hommage aux mamans du monde entier – rien que ça –, nous allons découvrir ensemble la merveilleuse histoire des
Enfants Loups Ame & Yuki et de leur maman prête à tous les efforts pour le bonheur de ses enfants. Ce long-métrage a été réalisé par
HOSODA Mamoru et est disponible en France grâce à l’éditeur
Kazé pour la version physique et
Anime Digital Network en version numérique.
Les réalisateurs ont souvent des thèmes de prédictions bien spécifiques. Il semblerait que
HOSODA Mamoru ait choisi celui de la famille. Il l’a exploré de bien diverses manières au cours de ses films et c’est avec simplicité qu’il a choisi de l’aborder pour
Les Enfants Loups. Néanmoins, simplicité et complexité deviennent souvent synonymes lorsqu’il s’agit de faire rejoindre ces deux notions sur un même chemin.
L’histoire des
Enfants Loups Ame & Yuki commence avec la rencontre d’
Hana et d’un
jeune homme qui fréquente son université. Éprise de ce mystérieux camarade, elle apprend à le connaître, jusqu’à découvrir qu’il s’agit en réalité d’un loup. Leur amour donne naissance à deux enfants-loups :
Yuki, la grande sœur et
Ame, le petit frère. Malheureusement, leur idylle s’interrompt rapidement quand, par un jour de pluie,
Hana découvre la mort du père de ses enfants. Elle devra alors apprendre, seule, à élever deux petits êtres peu commodes et à la capacité de se transformer en loup. Rapidement dépassée par les contraintes de la ville, elle choisit de déménager à la campagne.
Nous pourrions orienter cette chronique sous tout un tas d’axes différents. Aussi, en ce jour particulier et comme le sous-entend le titre, nous allons évoquer le combat d’une mère. Nous la placerons donc en tant qu’héroïne de l’œuvre, malgré le fait que cette place soit normalement due à
Yuki, narratrice du récit et dans le film et dans le roman dont il est issu.
©HOSODA Mamoru ©Madhouse ©Studio Chizu ©Kazé ©Anime Digital Network
« Waouh… Je suis bien dans la bonne salle ? » est la première pensée qui a traversé mon esprit lorsqu’est apparue la première fleur sur l’écran de la salle de cinéma. Elle m’a tellement marquée que je m’en souviens encore aujourd’hui : sa qualité visuelle et l’animation de ses mouvements fébriles était telles que l’instant était tout simplement saisissant. Apparaît ensuite
Hana, allongée parmi les fleurs. Tout à coup, on se retrouve coupé de tout et une seule envie devient pressante : connaître ce personnage. Ses traits ont l’air fragile, mais son sourire témoigne de sa force, comme elle nous le rappellera à plusieurs moments. Le début du film démarre ainsi rapidement, nous laissant découvrir la jeune
Hana devenir une femme puis une mère. Sa courte idylle est très attachante et, malgré le manque évident d’inspiration du couple pour choisir les prénoms de ses enfants, il est difficile de le voir être séparé aussi brusquement. Le silence qui résonne à ce moment-là marque décidément le commencement d’une nouvelle aventure : celui de mère célibataire.
©HOSODA Mamoru ©Madhouse ©Studio Chizu ©Kazé ©Anime Digital Network
Ainsi, son rôle de mère va évoluer tout au long de l’histoire. Après avoir été une mère soutenue par son
mari loup auquel on dit rapidement
Goodbye (pardon), elle est forcée de devenir la mère de louveteaux dont il faut cacher les instincts. On la sent rapidement abattue par le regard des autres et parfois même perdue face à ces deux petits êtres au fort héritage paternel. En effet, elle n’a d’autre choix que de cacher sa famille et ce qu’elle est vraiment pour la protéger et la proximité qu'impose la ville avec les autres ne va rien arranger, menant la petite famille dans des situations incongrues et, surtout, inexplicables. Cette situation étouffante va provoquer en elle un désir de changement. C’est alors qu’
Hana s'épanouit en devenant la mère libre qui n’aura plus à s’occuper des autres, seulement de ses enfants et de ce qu'elle veut leur apporter. S’ils s’en réjouissent dans leur innocence,
Yuki la tumultueuse et
Ame le timoré n’ont d’autre choix que de s’adapter à celui de leur mère qui ne supporte plus toute la pression de la ville.
©HOSODA Mamoru ©Madhouse ©Studio Chizu ©Kazé ©Anime Digital Network
Le temps passant, si
Hana se retrouve délestée du poids des regards, elle ne se verra pas non plus renoncer à sa propre vie, continuant de se consacrer à ses enfants autant qu’à la découverte de ses propres plaisirs. Ce qui est intéressant dans cette partie de l’histoire, c’est de constater combien, malgré qu’elle soit leur mère et qu’ils aient grandi, elle continue d’appréhender leur part de loup, qu’elle ne semble d’ailleurs pas bien gérer. Évidemment, certaines situations ne peuvent que lui échapper, les instincts animaux des enfants les poussant parfois à s’enfoncer leurs crocs dans leur chair. Et, évidemment, en tant que mère, elle se retrouve démunie face à un comportement qui lui est totalement étranger. Mais ce ce ne sont pas ces actes qui sont à souligner. Au-delà de leur forme physique, il s’agit plutôt d’un remise en question permanente autour de leurs instincts et de leur avenir à chacun. Ce dont on se rend finalement compte, c’est qu’
Hana cherche simplement à mieux connaître ses enfants, peu lui importe leurs différences. Sans avoir à y réfléchir outre-mesure, un tas de détails le met en valeur : elle hurle avec eux, ne cherche pas à combattre leurs instincts, ou encore elle cultive leurs émotions et leur sociabilité. Par contre, ce n’est bien qu’une fois toutes les barrières de la ville levée qu'elle ne manquera plus une seule occasion de chercher à mieux les comprendre, lorsqu’elle devient donc la « mère libre ».
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Certes,
HOSODA Mamoru a choisi d’introduire des enfants-loups dans son récit, mais il n’en reste pas moins qu’
Ame et
Yuki sont avant tout des enfants. Si on leur retire leur forme de loup, ils se confrontent simplement à des dilemmes et des problèmes dont souffrent tous les bambins. C’est d’ailleurs de cette manière que, en plus d’ajouter de la magie à son œuvre,
HOSODA ajoute une part supplémentaire d’anxiété aux prises de décision d’
Hana : « Ce sont des loups. Pas des humains. Ou sont-ce des humains et pas des loups ? ». Ce chemin de réflexion sera le fil rouge du film, permettant aux trois membres de la famille d’évoluer et de choisir leur voie.
Hana, dans son rôle de mère, essayera de les guider ou de les garder auprès d’elle. Au final, l’histoire est dictée par la confrontation entre l’instinct animal de ses enfants et son propre instinct maternel. Enfin, la façon dont sont introduits les louveteaux dans la ligne temporelle permet également d’introduire deux lectures possibles de l’œuvre : le point de vue de la mère qui fait tout pour aider ses enfants à grandir dans le sens qu’ils le souhaitent et le point de vue des enfants, qui tentent de trouver leur voie tout en protégeant leur mère. Les deux sont intéressants et permettent à chacun de choisir son héros.
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Pour nous porter dans cette histoire,
TAKAGI Masakatsu a composé une bande-son très nettement sous-estimée. Presque tous les morceaux sont associés à un événement qui leur est propre, le marquant dans l’esprit du spectateur. Aussi, à chaque écoute, l’on se souvient de ce moment précis. Peu de bandes-son en sont capables. Principalement jouées au piano, les notes et harmonies sont pleines de tendresse et apportent un bel élan à l’animation fluide de ce film.
Avant de conclure cette chronique, je voulais faire une petite parenthèse : le doublage français est très réussi. Les acteurs ne sur-jouent pas, laissant la simplicité des comportements des personnages s’exprimer complètement. Également, l'évolution dans le temps des voix des personnages est aussi très bien adaptée, avec des doublages correspondant parfaitement à leur âge et, ce, qu'il s'agisse des petits rires innocents d'
Hana ou encore de la voix d'
Ame qui devient plus grave. À mon sens, on a là l’un des doublages français les plus crédibles et réussis.
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Au final,
Hana prend la décision d’une mère. Une mère tout à fait normale qui chercherait à accepter les choix de ses enfants qu’elle peine à voir grandir. Ce que ce film nous apprend, sans avoir la prétention d’être moralisateur, c’est qu’il faut sourire. Parce qu’en souriant, on avance mieux, on s’ouvre aux autres et, surtout, on apprend à accepter. Pour une mère, comprendre le bonheur de ses enfants demande du courage et, parfois, de la tolérance. C’est ce qui transpire et résonne de
Les Enfants Loups – Ame & Yuki. Peut-être sans doute parce que nous avons tous été des sauvageons ! Je ne saurais que vous conseiller d’en lire également le roman dont il est issu qui, s’il ne complète pas l’histoire, nous en apprend un peu plus sur les émotions des personnages.