Attention, cette chronique porte sur une œuvre destinée à un public averti car elle contient des scènes particulièrement violentes ou sexuellement explicites.
JK Haru: Sex Worker in Another World est un manga de
YAMADA J-ta, comptant actuellement 3 tomes au Japon. Le premier volume est disponible en France aux éditions
Meian. Il s'agit d'une adaptation du light novel
JK Haru wa Isekai de Shōfu ni Natta de
HIRATORI Kō. L'oeuvre propose une nouvelle vision du genre Isekai (
réincarnation dans un
monde parallèle) avec une héroïne forcée de vendre son corps pour survivre.
Synopsis :
Haru Koyama, lycéenne tout à fait lambda, va voir sa vie basculer suite à un violent accident. Ce n’est qu’en rouvrant les yeux qu’elle va se rendre compte qu’elle n’est plus du tout chez elle. La voilà projetée dans un autre monde régi par un système patriarcal. Ne possédant aucune stat particulière, la jeune fille se retrouve à devoir travailler au Chat Bleu Nocturne, un bar, aussi connu pour être une maison de passe où chacun peut assouvir ses fantasmes…
Avec
JK Haru et derrière l'idée de base de faire de son héroïne une prostituée, l'auteur
HIRATORI Kō dénonce le machisme permanent de son monde fantastique. L'univers qui nous ait décrit ne laisse aucune chance aux femmes, ne leur laissant que 3 solutions pour s'en sortir :
- Trouver un bon parti avec au mieux un mari commerçant qui vous laissera peut-être travailler.
- Avoir un don qui vous fera rentrer dans les ordres religieux, vous laissant une possibilité de monter au front mais accompagner d'hommes aventuriers ou soldats afin de les soutenir dans leur lutte contre le roi démon.
- Et pour finir, vendre son corps...
Autrement dit, même les choix de liberté laissés aux femmes sont couverts de l'ombre des hommes. Dites-vous que même voir une femme flâner seule dans les rues est quelque chose de vulgaire ici. Personnellement, je pense que la plus grande marque de machisme de l'histoire vient du Dieu que
KOYAMA Haru rencontre avant sa réincarnation. Nous apprenons que la lycéenne n'est pas morte seule : un garçon de sa classe,
CHIBA Seiji, est également mort dans l'accident. Mais alors qu'ils rencontrent le Dieu, celui-ci ne donne des compétences qu'au garçon... Certes, on nous dit que le lycéen a eu de bonnes compétences car il a su plaire au Dieu, mais pourquoi
Haru n'en a-t-elle eu aucune ? Cette divinité ne semble même pas avoir accordé une seconde d'attention à la jeune fille, serait-ce un dieu misogyne ?
Donc oui,
Haru doit se prostituer, mais a-t-elle vraiment le choix ? De plus, celle-ci essaye de retrouver un semblant de vie moderne en dehors des carcans de ce monde. Malgré que ce soit "vulgaire", elle se promène tout de même seule, alors qu'elle pourrait tomber dans la facilité et accepter "d'accompagner"
Seiji, ce qu'elle refuse
(surtout que celui-ci veut qu'elle devienne son esclave...). Elle essaye de faire bouger les mœurs dans ce monde, réfléchit à la création d'un salon de thé ou, plus simplement, prend une pause avec ses collègues de travail sur un banc dans la rue comme des lycéennes normales, et ce malgré les regards désapprobateurs des passants.
Ne vous arrêtez pas au postulat de base, le manga
JK Haru: Sex Worker in Another World a plus de chose à offrir que l'on ne pourrait croire ! Il joue avec les codes du
isekai pour dénoncer les comportements misogynes et machistes, tout en nous montrant une femme forte, certes devant vendre son corps pour survivre et donc avec des scènes et des dialogues sexuellement explicites. Mais surtout, il nous montre une jeune fille souhaitant aller de l'avant en gardant sa bonne humeur quoi qu'il arrive. Comptez sur moi pour suivre cette oeuvre avec intérêt pour le message qu'elle dégage plus que pour son contenu osé.