Bikinshin Densetsu Momo (Momo The Beautiful Spirit) est un manga en 3 tomes faisant partie des premières séries du magazine
Gekkan Hero's de
Shōgakukan. Il a été édité en France par
Tonkam en 2014. Le scénario est signé par
OKINA Kazuto qui, chose rare dans le monde du manga, est remplacé par
KOBAYASHI Yūji pour les deux derniers tomes sur trois. Les dessins sont réalisés par le jeune dessinateur coréen
Z-One. L’histoire est librement inspirée du conte folklorique japonais Momotaro, dans lequel un jeune garçon — Momotaro —, sur ordre de son seigneur, entreprend un voyage dans le but de terrasser la nation des démons. Pendant son voyage, il fait la connaissance d’un chien, d’un singe et d’un faisan qui l’aideront dans sa quête.
Dans cette réécriture, le récit prend place sur la planète Kikyu, où nous retrouvons un jeune homme nommé Taro qui a miraculeusement survécu au crash de sa navette spatiale. Malheureusement, il est frappé d’amnésie à cause du choc. Momo, une femme humaine vivant sur Kikyu, a assisté à la chute de Taro sur la planète et elle le prendra sous son aile. Momo est une femme forte et débrouillarde, son souhait le plus cher : assouvir sa soif de vengeance contre les démons, des êtres humanoïdes terrifiants et assoiffés de sang. Pour l’assouvir, elle les conduira au cœur du continent sur lequel ils se trouvent. Mais cette même soif, proche de la folie, fera peur à Taro de nature lâche et froussarde, créant une sorte de relation amour-haine entre nos deux protagonistes. Au cours de leur voyage, ils seront rejoints par :
- Shō, une femme-oiseau, adolescente, dont Taro a sauvé la vie et qu’il a soignée, semblant s’être éprise de lui ;
- Ken, un fier guerrier chien qui souhaite également se venger des démons qui ont exterminé sa race ;
- Le savant Haku, un singe humanoïde qui possède une grande connaissance sur les technologies terriennes avancées.
Chacun des trois tomes qui composent l’histoire a son rythme propre :
- Le premier nous invite à la découverte du monde Kikyu, nous montrant les ravages causés par les démons gangrénant la beauté des paysages et leur violence envers la population. L’ensemble nous fait bien prendre conscience des difficultés que Momo a dû surmonter pour survivre seule dans ce monde.
- Le deuxième est plus intense, proche de la dark fantasy, nous montrant la folie dans laquelle sont capables de tomber certains autochtones pour rivaliser face aux démons. Cet arc est principalement centré sur l’affrontement contre le démon Ikkaku, régnant en maître tyrannique sur un peuple de petits castors humanoïdes. Bien que nous en apprenions un peu plus sur le passé de Momo et Taro, cela n’est pas encore suffisant pour se faire une idée précise de ce qu’il en retourne réellement. Mais on peut toutefois noter l’évolution de Taro, qui s’affirme légèrement grâce aux conseils de Ken.
- Pour le troisième et dernier tome, l’histoire s’accélère énormément, enchaînant les moments d’actions et les révélations. Le final est correct et a le mérite de ne pas tirer en longueur en se concentrant sur l’essentiel, mais on aurait aimé de meilleures explications autour de Taro : était-il la meilleure personne à envoyer sur Kikyu ? Ou encore un meilleur développement du pseudo triangle amoureux Taro/Momo/Shō qui reste en suspens…
Concernant le dessin,
Z-One nous offre de belles planches avec une bonne diversité d’espèces humanoïdes et une flore extraterrestre exotique s’intégrant bien à l’ambiance des paysages. Le design des démons donne vraiment l’impression qu’ils sont des machines à tuer sorties des enfers. On regrettera une légère dissonance au niveau de la représentation de la femme, car bien que Momo soit une héroïne extrêmement forte, relevée par la lâcheté de Taro, nous avons le droit quelques plans nichons gratuits sur les illustrations de chapitres ou même dès le début du manga. Mais c’est principalement l’évolution physique spontanée de Shō, très portée sur « ses atouts » et de manière gratuite, qui est la plus marquante et vérifie que, au-delà d’une culture, on veut simplement satisfaire les mirettes des hommes. Ce genre de pratique fait-il vraiment vendre ? Cela reste tout de même de l’ordre du détail et on préfère d’ailleurs passer un bon moment à observer les planches bien détaillées plutôt qu’à reluquer les héroïnes.
Momo the Beautiful Spirit reste un bon manga, partagé entre science-fiction et dark fantasy. Il est d’autant plus plaisant à lire si l’on se renseigne sur l’œuvre originale pour faire certains parallèles entre les deux histoires. On regrettera tout de même ce grand coup d’accélérateur que prend l’histoire dans le dernier tome, rendant les révélations, certes, digestes mais trop frontales. Les dessins soignés apportent également beaucoup à l’immersion et à l’implication du lecteur dans le récit, avec un petit bémol sur la mise en valeur des personnages féminins qui pourraient déplaire à certaines lectrices et lecteurs. Mais, malgré tout, le manga laisse une bonne impression après lecture. Donc si vous cherchez à passer un instant manga sympathique, je vous invite à lire
Momo the Beautiful Spirit, surtout qu’il ne compte que 3 tomes.