D'ici quelques jours, l'hiver laissera sa place au printemps… alors profitons de ces derniers instants hivernaux en découvrant le manga
Pays de Neige. Scénarisé et dessiné par
UTSUGI Sakuko, il s’agit de l’adaptation du
roman éponyme (que je n'ai pas lu) de
KAWABATA Yasunari, nous narrant l'histoire d'un amour fou au cœur des montagnes de l'hiver. C’est aussi l'un des rares mangas des éditions
Philippe Picquier.
Shimamura est un critique et auteur d'essai en chorégraphie occidentale qui, lors d'une retraite dans une station thermale montagnarde, rencontre
Komako, une Geisha, dont il tombera amoureux. Il se rendra au total trois fois dans le Pays de Neige où travaille
Komako.
Les dessins d’
UTSUGI Sakuko sont très propres et soignés. Les sentiments des personnages sont facilement lisibles sur leur visage ou dans leurs yeux. Un travail particulier a été apporté aux vêtements des personnages, permettant aux lecteurs d’identifier facilement l'époque à laquelle se déroule l'histoire. Bien que n'étant pas précisément définie, celle-ci doit se situer durant l'entre-deux guerres. Enfin, le changement de motif du kimono de
Komako à chacune de ses apparitions met en valeur le sens du détail si cher au mangaka.
Notons que le manga est avant tout un résumé du roman d'origine. En effet, bien que nous ayons dans ce one-shot les tenants et aboutissants de la romance entre
Shimamura et
Komako, certains points sont rapidement expédiés alors qu'ils auraient mérité un peu plus d'approfondissement. On retiendra essentiellement :
- La visite médicale de
Komako : La jeune femme explique à
Shimamura que la première se résumait à une simple prise de mensurations alors que la seconde était tellement difficile qu’elle en pleurait. Et puis plus rien, on ne reviendra plus sur ce moment de sa vie.
- Le métier de
Shimamura : également intéressant, mais on en demande plus ! Nous savons qu'il traduit des livres étrangers, qu'il rédige des essais depuis des photos ou des films. Mais lors d'un moment de faiblesse, il révèle à
Komako qu'il ne peut être appelé expert puisqu'il n'a jamais vu ces danses en vrai.
- La vie de famille de
Shimamura : Nous savons que les parents du jeune homme sont décédés puisse qu'il vit de l'héritage qu'ils lui ont laissé. Mais en ce qui concerne sa femme et ces enfants, le sujet n'est évoqué que trois fois. La première fois étant lors d'une plaisanterie entre lui et
Komako, la deuxième en introduction d'un chapitre et la dernière, seules quelques pages la séparent de la fin du récit. Le prénom de sa femme n'est même pas donné.
Le personnage de
Yōko, une jeune femme s'occupant du fils de la maîtresse de
Komako, aurait également mérité plus d’approfondissement. Celle-ci prend tout de même une place majeure dans la vie de
Komako mais n’apparaît que peu de fois. Les rapports entre
Komako et
Yōko restent alors assez flous. Surtout que les quelques lignes de dialogues de cette dernière entrent parfois en contradiction d'une case à l'autre : « Prenez soin d'elle » ; « Je la déteste ».
Extrait des pages 155 et 157 dans la même discussion entre Shimamura et Yōko
En conclusion, bien qu'étant un résumé d'un roman beaucoup plus long, le manga
Pays de Neige reste une œuvre intéressante et offre une bonne représentation des années 1930 au Japon. Il nous permet également d’en apprendre davantage sur le travail des geishas, dont l’image que l’on peut s’en faire est souvent faussée. Enfin, si le manga semble incomplet, il donne envie de se plonger dans l'œuvre d'origine et d’en découvrir chaque détail.