Un nouvel éditeur apparaît !
Nouvel éditeur lance « Nouveau titre ! »
Pile de lecture de Galiphène subit « Demande à Modigliani ! »
C’est très efficace… !
Bienvenue à naBan, jeune éditeur sur le marché français dont nous avions récolté les motivations lors d’une précédente interview ! Aujourd’hui, on vous parle de leur premier manga édité « Demande à Modigliani ! », écrit et dessiné par AIZAWA Ikue, qui dépeint une fresque d’étudiants en université, spécialisés dans l’art et en quête de leur identité.
Synopsis :
Chiba, Motoyoshi et Fujimoto sont trois étudiants d’une modeste école d’art située dans les montagnes du nord-est du Japon où tout le monde peut s’y inscrire, même les imbéciles !
Ces inséparables joyeux drilles vont devoir faire face aux difficultés liées à la création artistique, à l’incertitude quant à leur avenir professionnel, au froid insoutenable de l’hiver mais goûteront aussi aux joies de la vie étudiante dans un établissement essentiellement fréquenté par des filles.
-Naban-
C’est ainsi que l’on embarque dans le quotidien de ces trois benêts. Comme la majorité des élèves de la fac, ils sont spécialisés dans l’art, tous s’adonnant à un domaine particulier. Dans ce premier tome découpé en trois chapitres, nous nous attardons sur le caractère et l’entourage de chacun spécifiquement. Bien plus qu’une introduction au milieu de l’art, on nous présente des personnalités très distinctes, toujours un poil excentriques ou, tout simplement, amoureuses de la vie. AIZAWA Ikue n’hésite pas sensibiliser à leurs obstacles, notamment financiers, en les tournant en dérision. Loin de les décrédibiliser, cet humour valorise les héros qui se débattent de leur mieux pour des objectifs qui pourraient passer au second plan dans l’histoire, pour ne se concentrer que sur leur ressenti. Et on envie leur énergie, qu’ils dépensent sans compter (à défaut d’avoir de l’argent !) dans tout ce qu’ils envisagent.
Demande à Modigliani !, c’est donc bien plus que de la tranche de vie. C’est un entremêlât de thèmes vacillants autour de l’art, des difficultés pour l’étudier, pour s’affirmer dans le milieu et, plus simplement, sur la difficulté d’être soi ou de devenir quelqu’un. AIZAWA Ikue alterne entre humour et instants d’émotions avec une grande souplesse pour qualifier leur parcours si complexe. En résulte un manga au récit complet ainsi qu’une narration enivrante. Plusieurs scènes nous marquent, dès le premier tome, malgré le fait qu’il s’agisse d’une introduction à propos des disciplines et des personnages. Autant dire qu’il s’agit d’un excellent départ pour cette série !
D’ailleurs, on se rend vite compte que, plutôt que trois imbéciles, ce sont trois apprentis de la vie que l’on apprend à connaître. Chacun tente de découvrir le chemin qui lui convient le mieux, en se confrontant aux autres et à lui-même. Leurs rêves, ils doivent les construire ou en poser les premières pierres. Heureusement, des étudiants en fin de cursus ou plus expérimentés sont là pour les guider ou pour leur en mettre plein les mirettes. On adore aussi découvrir les univers de chacun au travers de leurs projets ou de leurs œuvres exposées. Tous ces étudiants partagent un important point commun : celui d’être en quête d’eux-mêmes.
Et cela n’est d’ailleurs pas un hasard. La région du Tōhoku a malheureusement été le théâtre d’un terrible drame, rappelé à plusieurs reprises au cours de l’histoire : celui de la catastrophe de Fukushima en 2011. À l’heure où l’on semble continuer à déblayer, reconstruire et effacer, ces jeunes essayent, au final, d’en faire de même. Cette jeunesse fragilisée, heurtée, et qui essaye tout de même d’aller de l’avant, est à l’image de cette région : en reconquête d’identité.
Demande à Modigliani ! peut ainsi nous faire ressentir un véritable flot d'émotions, du rire à la stupeur en passant par la colère en l’espace de quelques cases. Elles sont servies par un dessin qui se prête bien au genre, tantôt très précis pour découvrir les univers, tantôt plus brouillon pour exprimer les doutes. Le travail de AIZAWA Ikue est donc intéressant sur tous les points et bien mis en valeur par sa publication en grand format par naBan.
Pour une première licence manga, Demande à Modigliani ! était assez risquée par ses thèmes, peu communs... Mais c'était sans compter sur leur tonalité engageante et optimiste, capable de toucher le plus grand nombre. C’est un coup de cœur pour moi, qui rappelle que rien n’est acquis et que l’on a toujours tout à apprendre. Que vous aimiez les récits sociaux, portant sur l’art, la tranche de vie ou même si vous avez envie de faire une pause dans vos aventures, voilà un manga qui saura répondre à votre soif de lecture.
Encore une fois, bienvenue à naBan sur le marché ! Ils viennent d’ailleurs d’annoncer leur nouvelle licence : Old Boy ! À suivre !