Synopsis :
Chiba, Motoyoshi et Fujimoto sont trois étudiants d’une modeste école d’art située dans les montagnes du nord-est du Japon où tout le monde peut s’y inscrire, même les imbéciles !
Ces inséparables joyeux drilles vont devoir faire face aux difficultés liées à la création artistique, à l’incertitude quant à leur avenir professionnel, au froid insoutenable de l’hiver mais goûteront aussi aux joies de la vie étudiante dans un établissement essentiellement fréquenté par des filles.
-Naban-
Quand vous êtes éditeur un jour, il est très difficile de s'en passer. Je voulais donc poursuivre l'expérience mais il fallait trouver à la fois le bon moment et le bon titre pour se relancer.
J'avais donc déjà quelques titres en tête et notamment "Demande à Modigliani !" dont on m'avait dit beaucoup de bien quelques temps auparavant. J'ai d'abord été attiré par les couvertures colorées, le lieu de l'histoire (le nord-est touché par le tsunami de 2011) et les nombreuses touches d'humour qui parsèment le titre. J'avais aussi envie pour commencer d'un titre posé, plus "campagnard", loin des mangas se déroulant à Tokyo ou dans une mégalopole car il y a beaucoup à découvrir de ce Japon-là.
Et les personnages, pourtant doués dans leurs domaines artistiques respectifs, se posent mille questions sur leur futur mais la sagesse des dialogues de AIZAWA Ikue crée un titre extrêmement positif et optimiste.
J'en ai donc très rapidement discuté avec Shōgakukan avec qui j'ai des contacts amicaux depuis plusieurs années. Leur représentant m'a alors demandé quel titre je voulais (à condition qu'il soit court) et ils ont rapidement donné leur accord pour "Demande à Modigliani !".
Je n'ai pas de nom en particulier, il faut simplement que l'œuvre me parle. Du coup cela peut aussi bien être un titre qui se veut intimiste qu'un titre un peu blockbuster ou "extrême" dans son propos et son dessin. Il ne faut rien s'interdire. Les lecteurs doivent seulement se retrouver dans les choix faits, on travaille avant tout pour eux.
Faire un copier-coller de ce qu'on a déjà fait n'a aucun sens. Il faut apporter quelque chose de nouveau pour que les lecteurs deviennent sensibles à vos choix.
Ceux de NABAN seront donc propres à l'esprit de cette maison d'édition. Cela se construira titre par titre. Et puis la façon de voir les choses évolue. Je reste très attaché au patrimoine par exemple donc il y en aura mais les droits sont souvent difficiles à obtenir car certains auteurs peuvent être décédés ou bien détiennent les droits de leurs œuvres et il faut trouver comment les contacter directement. C'est un travail de patience, très amusant mais souvent long et incertain.
Par contre éditer un manga en cours d'écriture a quelque chose de vraiment excitant car on reste en grande partie dans la position du lecteur qui attend le prochain volume. On fait confiance à l'auteur pour continuer à proposer une œuvre qu'on aime et pour laquelle on continuera à se démener.
Il y aura donc deux univers qui se côtoieront, celui de la nouveauté et celui de la réédition ou découverte de patrimoine.
Je ne pense pas que cela manque en soi, chaque personne peut heureusement lire ce qu'elle souhaite, quel que soit le public initial ciblé. Mais c'est au niveau de la communication que cela est parfois un peu trop poussé dans un sens ou dans l'autre et crée des barrières fictives entre ce qu'on peut lire si l'on est garçon, fille, à 20 ans ou à 50.
Cela me gêne un peu car dans les premiers temps de l'arrivée du manga, cette frontière se voulait plus ténue. On passait, parfois par manque de titres disponibles c'est vrai, de Dragon Ball à Card Captor Sakura sans que cela ne pose réellement de questionnement. On voulait lire du manga, point.
Le catalogue que Naban proposera sera majoritairement destiné à un public adulte mais je n'aimerais pas que le catalogue soit vu comme masculin ou féminin, populaire ou élitiste. Je suis un grand lecteur de manga et je n'aime pas les segmentations éditoriales qui s'imposent de plus en plus.
Un bon titre doit être lu par tous et toutes, l'important c'est l'histoire et le dessin. On se coupe certainement (et je m'inclus dedans) de certains titres magnifiques simplement parce qu'on présuppose que c'est un manga pour un sexe plus que pour l'autre, pour un âge plus que pour l'autre, et ce sont autant d'occasions manquées de découvrir une œuvre remarquable. Donc si Naban édite un titre très typé masculin j'espère que le public féminin s'y intéressera et inversement si un titre "tranche de vie" se présente que le public masculin s'y intéressera.
Il n'y a rien de plus ennuyeux que l'uniformité d'une bibliothèque !
On remercie Christophe GELDRON d'avoir pris le temps de répondre à nos questions ! N'oubliez pas de souhaiter haut et fort la bienvenue à naBan ! On ne lui souhaite que du bonheur et de la réussite pour cette ligne éditoriale qui s'annonce bien prometteuse !