Synopsis :
Haru, ancien yakuza et maintenant propriétaire du club « Rain », se voit contraint d'héberger chez lui Yukitaka, le fils du boss du clan Ichijô. Mais ce jeune homme, colérique et violent, n'est autre que le frère cadet de Shigure, ancien amant de Haru aujourd'hui décédé. Haru, qui souffre d'insomnies sévères depuis la mort de Shigure, va être très bouleversé par l'arrivée de Yukitaka dans sa vie. Car si le jeune homme a une personnalité radicalement opposée à celle de son frère, physiquement, il est son portrait craché.
-Boy's Love-
Entre prostitution et yakuzas, la toile de fond de
Mods a su nous offrir beaucoup de scènes dramatiques et intenses sans pour autant manquer de douceur lorsqu'il s'agissait de sentiments. C'est donc avec plaisir que je me suis replongée dans cet univers à travers ce long spin-off centré sur Haru, personnage secondaire que l'on n'a pas réellement eu le temps d'apprendre à connaître.
On découvre que celui-ci, derrière son regard toujours aussi sévère, souffre d'insomnies que rien ne parvient à guérir. Du point de vue de Yukitaka, la toile de sa psychologie se tisse peu à peu, révélant un homme instable, profondément triste et drogué aux somnifères depuis la mort de celui qu'il aimait. Se retrouver à cohabiter pendant un mois avec le petit frère de ce dernier ne sera pas sans conséquences... Une certaine tension monte peu à peu entre les personnages, hésitants entre attirance et rejet, et ils vont apprendre au fil des jours à se percevoir autrement, à dépasser leurs aprioris sur l'autre, parvenant alors à se rapprocher et à panser mutuellement leurs blessures sentimentales.
NATSUME Kazki parvient à développer le passé des deux hommes, sans mettre Yukitaka de côté malgré le fait que le spin-off soit centré sur Haru. Yukitaka fait tout pour se persuader qu'il détestait son frère car il l'a abandonné, tandis qu'Haru doit vivre avec la culpabilité de la mort de celui-ci, sans cesse accablé par le chef du clan qui se sert de sa douleur pour le tenir en laisse. J'ai trouvé pertinent le fait de mettre en parallèle les insomnies de Haru et son incapacité à faire son deuil à cause du poids de son passé, et on ne peut que s'attacher à lui en constatant qu'il parvient à aller mieux au fil du tome, et qu'il réussi à dormir grâce à Yukitaka.
Le trait de l'autrice semble s'être encore amélioré depuis ses précédents mangas (
Mods et
I Hate datant de 2015) : le rendu est moins brouillon, malgré quelques défauts notoires comme le dessin des mains. La dureté de son style convient parfaitement au contexte sombre et impitoyable que l'on retrouve dans
Mods comme dans
Nights Before Night, et le physique de ses personnages aux traits anguleux et aux yeux fins colle parfaitement à leur caractère.
Quant à la pertinence du contexte et des sujets abordés, il faut avouer que sur ce point
NATSUME Kazki a relevé le défi haut la main. Les clans yakuzas sont représentés dans leur dureté comme dans leur côté humain, mettant en avant des personnages tels que Shigure, profondément gentil mais se retrouvant au centre de scènes cruelles et violentes. En mettant en parallèle ce spin-off avec
Mods, l'autrice dresse le portrait de plusieurs personnages instables qui sont loin de se prostituer par choix, et suivront le même parcours : être sauvés par Shigure, la figure paternelle bienveillante du clan Ichijô, et en tomber amoureux. Ainsi, c'est en lisant
Nights Before Night qu'on comprend réellement les enjeux de la mort de Shigure, et son rôle envers ces personnes comme envers son clan. On réalise alors que rien n'est arrivé par hasard...
Au final,
Nights Before Night nous offre un second point de vue sur les événements de
Mods, nous permettant de prendre du recul sur la mort de Shigure tout en apprenant à connaître des personnages que l'autrice n'avait que survolés. Cela fait de ce spin-off un tome plutôt sombre qui complète très bien le précédent, en développant avec justesse des sujets comme le deuil ou les insomnies, au travers de la mise en place d'une relation qui apporte beaucoup de douceur au milieu de l'univers impitoyable qu'est celui des yakuzas.