Après trois mois d’absence, Shiina retourne auprès d’Arata, rédacteur d’un magazine de musique. Guitariste de génie, Shiina a pourtant quitté la scène musicale japonaise. Très indépendant, il enchaîne les va-et-vient au Japon, laissant à chaque fois Arata, son amant de longue date, derrière lui. Bien que quelque peu lassé de ses caprices de star, Arata ne peut résister aux charmes de son bien-aimé et finit dans ses bras à chaque fois qu’ils se retrouvent…
-Boy's Love-
J'ai été rapidement attirée par Les caprices du Jaguar étant donné qu'il porte sur la musique, thème que je ne rencontre pas assez régulièrement à mon goût dans les mangas yaoi. L'ambiance du manga était tout à fait celle à laquelle je m'attendais, et je n'ai donc pas été déçue.
Les caprices du Jaguar réussit à nous introduire au monde de la musique, en nous parlant par exemple du lancement des jeunes groupes ou du métier de rédacteur pour un magazine musical. Bien que ces sujets ne soient que survolés, il est agréable de les voir abordés dans un manga BL car cela permet d'ancrer l'histoire d'amour des deux hommes dans un contexte qui nous semble très réaliste et de les voir y évoluer de façon naturelle.
Le ton du manga reste terre à terre et sobre, sans tomber dans le trop léger ni dans le dramatique. On y aborde des sujets comme la jalousie des talents innés des autres, l'élitisme, la recherche de soi... Ce premier tome serait presque tout public, mais quelques scènes de sexe sont présentes. Au passage, il est intéressant de noter le parallèle entre le sexe et la musique jouée par Shiina tout au long de ce tome : les personnages se réfèrent explicitement à sa musique avec un vocabulaire érotique, décrivant les mêmes émotions en parlant de ces deux domaines pourtant bien différents...
On peut observer Shiina, au fil de la première partie du tome, reprendre goût à la guitare et s'intéresser aux nouveaux groupes (et donc, par extension, s'intéresser à nouveau à autrui) jusqu'à avoir l'envie de reformer son ancien groupe, Peg. Mon regret - et mon attente pour le prochain tome qui, a priori, sera satisfaite - est que l'on nous donne les éléments nécessaires pour mieux comprendre les raisons qui ont poussé ce guitariste de génie à arrêter de jouer avec Peg. En effet, à part un problème de surdité évoqué rapidement (et volontairement esquivé par les personnages), on ne nous donne pas assez d'informations pour comprendre ce choix et ses conséquences.
J'ai beaucoup apprécié que la seconde partie du tome se concentre sur les années lycée de Shiina et Arata, car les relations entre les personnages n'en sont que plus crédibles. Leur amour, qui dure depuis des années, ne tombe pas du ciel et on nous montre comment il s'est construit. Et la réponse est claire : il s'est construit grâce à et autour de la musique. Malgré les errances internationales de Shiina, la relation entre le guitariste et le rédacteur reste intense et, ce, même s'ils ne sont ensemble que par phases (quand Shiina rentre au Japon), au grand désespoir d'Arata.
Au final, Unohana nous offre donc, pour ce premier tome des Caprices du Jaguar, une histoire à double face. On suit, d'une part, l'évolution des personnages et de leurs relations à l'âge adulte et, d'autre part, leur construction en tant qu'adolescents, qui vont peu à peu grandir et se comprendre grâce à la musique. Le tout est mis en valeur par le style de dessin du duo de mangakas, qu'on ne peut qu'apprécier et qui se prête très bien à ces personnages.