Attention, cette chronique porte sur une œuvre destinée à un public averti car elle contient des scènes particulièrement violentes ou sexuellement explicites.
Kôji Naruse décide de s'offrir les services de Kei, un escort et prostitué qui ne propose ses services qu'aux femmes habituellement... Il souhaite "recevoir le même cours que les femmes", mais Kei ne fera que gagner du temps avec des gags étranges. Naruse, très déçu, se plaint à la société d'escort. Ce qui amènera les deux hommes à se revoir... et peut-être plus ?
J'ai tout de suite remarqué que le style du dessin sortait du lot par rapport à une grande majorité de yaoi, avec des visages plutôt changeants et des expressions parfois exagérées, dans le sourire comme dans les larmes.
Le début du scénario est très surprenant, alternant entre humour et malaise qu'on ressent pour Naruse, qui va de surprise en surprise avec ce prostitué et son "cours d'origines" pour le moins original... Au final, pas de sexe pour cette soirée-là, seulement des gags et une énorme déception pour notre héros...
Malgré l'ambiance très légère du manga, les souvenirs
de Naruse nous ramènent sur quelque chose de plus sérieux : il n'a jamais réellement pu être en couple à cause de toute l'homophobie omniprésente autour de lui. Il ne comprend pas pourquoi il n'aurait pas le droit de tenir la main de son copain en public, alors que les couples hétéros le peuvent sans problème. On nous montre un personnage plutôt instable mentalement à cause de sa solitude non-désirée, par des dessins frappants et des expressions presque difformes par moment, qui nous font passer avec brio toute sa détresse.
Après quelques scènes de sexe au déroulement bien maîtrisé, j'ai beaucoup aimé la scène lors de laquelle Kei, qui n'a toujours été qu'en couple hétéro, voit la vérité en face quand il est confronté au regard homophobe des gens. Ainsi, il comprend beaucoup mieux la situation de Naruse... et on ne peut pas dire que cela ne l'affecte pas.
Pour un one-shot, le rythme des événements ne m'a pas paru trop rapide au début. Mais en faisant une pause aux deux tiers du manga, j'ai eu l'impression qu'il ne s'était pas passé grand-chose en termes d'évolution dans la relation des personnages, et que tout allait se concentrer sur la fin... Et c'est ce qui s'est passé ! Ainsi la fin, très surprenante, nous laisse découvrir un côté mignon chez Kei, ce
seme oscillant par moment entre façade imperturbable et déprime. On pressentait dès le début du tome un profond mal-être par rapport à son métier et, finalement, à la solitude que celui-ci provoque dans sa vie.
Au final
Nyu Boy est un one-shot qui surprend et sort du lot, alternant entre humour, détresse du héros face à l'homophobie, scènes de sexe appréciables et logiques dans le scénario - qui sont sûrement la partie la mieux dessinée du manga -, et une certaine évolution des personnages sur la fin. Justement, le manga nous laisse en suspend sur la question de leur futur en tant que couple... Alors on ne peut qu'espérer la sortie, un jour peut-être, d'un spin-off qui permettrait à l'autrice de mieux développer ses personnages !