Apprendre à se connaître et à s'accepter quand on n'a jamais réussi à entrer dans les cases peut relever du parcours du combattant. KAMIO Yōko l’exprime avec une sensibilité et un réalisme peu commun dans Cat Street, un manga shojo qui mérite beaucoup plus d’attention.
Sans plus tarder, découvrez ce manga terminé brillamment en huit tomes à dévorer !
Cat Street est un manga de KAMIO Yōko (Hana Yori Dango, Hana Nochi Hare) publié en 2005 au Japon et édité en 2010 aux éditions Kana. Nous rencontrons AOYAMA Keito, adolescente de seize ans et déscolarisée depuis la primaire, non sans raison. Ancienne enfant-star, elle s'est retrouvée sans voix lors d'une première d'un grand spectacle. Depuis, elle s'est recluse chez elle et ne fait rien de ses journées.
Alors qu'elle prend l'air, elle rencontre un homme au charisme peu commun qui lui propose d'intégrer son école active : pas de cours obligatoires, aucune absence à justifier et mise à disposition de ce dont on a besoin, pourvu que cela aide à trouver sa voie.
Cat Street n'est pas un manga shojo et tranche de vie comme les autres. Pas d’histoire romantique particulièrement mise en avant, pas de clichés mielleux… À la manière de très bons manga « tranche de vie », nous suivons l'évolution de l'héroïne et celle de ses camarades.
Tous n'entrent pas dans les cases qui leur permettraient de faire partie du système éducatif traditionnel : traumatisés, génies, excentriques… Ils trouvent ainsi en cette école active un lieu où ils peuvent s'exprimer tels qu'ils sont sans pour autant passer pour des bêtes de foire… Le rêve ! Il en résulte des personnages uniques qui ne suivent aucun archétype traditionnel et, forcément, attachants.
La place est ainsi dégagée pour aborder les thèmes de la confiance, de l’apprentissage et de l’accomplissement de soi. À l’image de leur singularité, chacun emprunte la voie qui est la meilleure pour lui, au rythme qui lui convient. Cet effet est particulièrement saisissant car, au final, il reflète une réalité que l’on tarde parfois à emprunter tout en affichant le message : chacun de vous est unique, il est normal d’emprunter un chemin qui n’est pas celui des autres. C’est fort, c’est bien amené, sans pour autant éclater à la figure du lecteur.
Pour le moment, l'on pourrait penser qu'il s'agit avant tout d'une énième histoire de shojo lycéen. Mais que nenni ! L'introduction d'une école active permet de sortir du contexte traditionnel et donc de toucher tout le monde. Oui, carrément tout le monde. Car cette école, dont les étudiants ont des niveaux très disparates (autant au niveau scolaire qu'en termes de maturité), permet à chacun de l'identifier comme un refuge intime. Celui où l'on a le loisir de s'exprimer tout en s'épanouissant. Si l'on prend l'exemple de Keito, on démarre avec une enfant de niveau primaire pour terminer avec une jeune femme. Autant dire qu'elle touche toutes les tranches d'âge et qu'il est difficile de ne pas s'identifier à elle à un moment ou un autre de sa vie, sachant que ce lycée n'a pas le cadre d'une institution traditionnelle.
Dans la même lignée, les histoires de cœur ne sont pas forcément au centre des intrigues : chaque chose en son temps. Bien sûr, elles ne sont pas complètement effacées et on prend plaisir à les suivre en espérant toujours le meilleur dénouement possible. Toutefois, là encore, KAMIO Yōko n'oublie pas de tirer le meilleur de ses personnages pour qu’ils prennent le temps de se conquérir eux-mêmes avant les autres. Ainsi, au-delà du premier amour et des premiers chagrins, la romance est construite de manière à coller au mieux à la réalité de Keito : celle d’une adolescente restée coincée dans l’enfance qui doit grandir pour trouver sa voie.
Vous devez l’avoir maintenant compris : chaque chapitre nous permet d’entrer un peu plus dans l’intimité des personnages. Ce qui, au premier abord, pourrait sembler être de la tranche de vie centrées sur quelques événements, est en réalité un véritable fil rouge de l’évolution de ces rêveurs. C’est particulièrement le cas pour Keito, l’héroïne, que l’on découvre encore enfant fragile malgré ses seize ans et qui s’épanouit peu à peu pour devenir une jeune femme confiante. On la redécouvre autant dans ses agissements, que dans la progression de ses expressions sous la main de KAMIO Yōko.
Mon seul regret sur le manga sera les couvertures françaises. La sobriété a parfois du bon mais, malheureusement, elle retire tout le dynamisme au livre. Mais ne vous laissez pas duper ! Cat Street est un manga qui n’a pas pris une ride depuis 2005 et qui vaut n’importe quel titre à la couverture pimpante ! En attendant, si vous cherchez une œuvre qui offre un développement des personnages à tomber et une vraie fin, jetez-vous sur Cat Street !