Les premiers mangas Pokémon : La Grande Aventure ont été édités en France en 1997 par Glénat qui, faute de ventes, avait abandonné le projet au tome 6. C’est avec une immense joie que toute la communauté, forte de presque deux décennies d’existence, a accueilli une deuxième édition par Kurokawa en 2014.
Pokémon : La Grande Aventure, écrit par KUSAKA Hidenori et dessiné par Mato, se décline en plusieurs arcs qui correspondent aux différentes séries jeux vidéo : rouge/bleu/jaune, argent/or/crystal… Dans cette chronique, nous nous attarderons sur le premier, en débordant sûrement sur les suivants. Après tout, sans se ressembler, ils adoptent tous la même position. Par contre, n’ayant pas lu ceux concernant Sasha/Satoshi, héros de la version anime, cette chronique les exclue.
Pokémon, je l’ai commencé avec le premier jeu vidéo, version Rouge. Puis j’ai enchaîné tous les épisodes des différentes saisons, avec Sasha et Pikachu. Je n’ai découvert le manga, plus proche du jeu que de l’anime, qu’avec la réédition. Et quel bonheur !
Comme dans le jeu vidéo, Pokémon : La Grande Aventure, c’est l’histoire de Red, un jeune dresseur Pokémon qui commence son aventure à Bourg Palette. Chargé par le Professeur Chen de remplir le Pokédex, une encyclopédie, il va partir à la découverte du monde et devra affronter de nombreux ennemis.
Si les axes principaux des aventures de Rouge, Bleu (Vert dans sa version originale) et Jaune recroisent les événements du jeu vidéo, ils ne les paraphrases pas puisque KUSAKA Hidenori a développé un scénario original pour ce manga. De cette particularité ressortent deux avantages : le premier, c’est que même un novice de la licence peut accrocher à l’univers ; le second, c’est que l’histoire est complémentaire au jeu. Ce manga convient donc à tous les publics, du jeune au plus nostalgique.
Car la nostalgie est bien présente, partout, dans ce nouvel univers. Elle n’en est pour autant, jamais envahissante et prend souvent la forme de caméos. On retrouve donc la pokéflute, le monsieur qui a soif et d’autres petits instants qui rappellent les péripéties que l’on a vécues en tant que joueurs et joueuses. Ce qui est habile de la part de KUSAKA, c’est d’avoir reprit les éléments plus importants (comme la Sylphe SARL ou les badges) pour leur accorder un rôle décisif dans le développement de son scénario. Certes, l’on peut reprocher le manque de relief des personnages (à part de Jaune) mais ça, c’est notre côté adulte qui parle, avec la prise de recul. Oui, seulement avec la prise de recul car ce manga appuie systématiquement sur le bouton « retour en enfance » dès que la part d’adulte en nous crie « mais ça manque un peu de… ». Les enfants, quant à eux, se réjouiront d'en apprendre plus sur cette aventure menée par un jeune garçon plein de courage dans ce monde où les adultes ne sont pas toujours bons.
En-dehors des éléments qui sont tirés du jeu, le manga Pokémon : La Grande Aventure saura conquérir n’importe cœur d’aventurier. Car les aventures de Red ne se résument pas simplement à la capture, mais aussi à l’exploration du monde Pokémon et de tous ses secrets. Qu’il s’agisse de la mort, de leur vie ou même, parfois, des parts plus sombres de la société Pokémon, on en approfondit chaque facette. Les combats sont illustrés « à la mode de l’époque » et les actions restent toujours très lisibles, grâce au trait dynamique et immersif de Mato. D'ailleurs, ce dessinateur met particulièrement en valeur les relations que chaque dresseur peut avoir avec ses Pokémons au travers d'un jeu de distance et de placement des personnages à chaque planche.
Le scénario du manga, combiné au sentiment de découverte perpétuelle, donnent une réelle dynamique à chaque arc narratif. De fait, les tomes se dévorent à la vitesse de l’éclair tant on a envie de découvrir davantage de ces détails. Pourtant, on ne peut pas renier la générosité des tomes avec la réédition : chacun compte entre 400 et 500 pages. À noter aussi que Kurokawa a sorti des coffrets pour regrouper chaque saison !
En conclusion, Pokémon : La Grande Aventure est, pour les fans comme pour les novices de la licence, un excellent moyen de pénétrer dans cet univers. Il permet de l’approfondir, d’en découvrir quelques secrets et d’aborder, avec plus de recul, les événements qui s’y déroulent. Le scénario est moins manichéen que celui de l’anime, tout en abordant des thèmes plus sensibles. Ce manga est un excellent complément du jeu vidéo qui, en plus de nous rendre nostalgique, nous donne encore plus envie d’explorer cet univers.
Attendez-vous à souffrir d’une nouvelle fièvre Pokémon !