La vie d’adulte, ce n’est pas simple.
Ah ouais, on est sur une bonne dose d’inspiration, là. C’est pourtant le sujet abordé à la perfection de Recovery of an MMO junkie, une série diffusée l’automne dernier sur Crunchyroll. Avis aux amateurs de MMORPG ou adeptes des chats qui ont créé des liens avec des inconnus, vous devriez vous y retrouver.
En effet, MMO Junkie raconte l’histoire d’une jeune femme, Moriko Morioka, qui, après avoir démissionné de son travail, s’inscrit à un jeu en ligne : Fruits de Mer. Dans le jeu, elle choisit de jouer un homme et se lie rapidement d’amitié avec plusieurs joueurs, dont Lily et trouve le moyen de s’évader de ce qui l’oppressait. Dans cette chronique, nous aborderons surtout la manière dont le MMORPG est traité et survolerons les relations des personnages, qui me tiennent bien à cœur habituellement.
Le contexte dans lequel les MMORPGs sont abordés est donc inédit vis-à-vis des idées qui ont pu être développées en animation japonaise jusqu'à aujourd'hui. Pas de fantasy, pas de risque de mort, pas d’immersion futuriste, ni d’idole secrète. Comme nous, les joueurs sont seuls face à leur(s) écran(s), avec l’objectif de passer du bon temps sur un jeu qu’ils adorent. En tant que joueur ou joueuse, difficile de ne pas s’identifier aux personnages et à leurs préoccupations.
Aussi, le MMORPG n’est pas seulement présenté comme un jeu, mais aussi — et surtout — comme un vecteur social. En effet, la frontière entre le monde réel et le virtuel est souvent brisée : derrière les personnages qui se rencontrent, on nous rappelle bien qu'ils représentent des personnes, que ce ne sont que des avatars. Les phases de gameplay sont, quant à elles, peu nombreuses et servent notamment à présenter les personnages ou à mettre en exergue des situations en lien avec leur vie réelle.
Dans la même idée, la frontière entre les mondes IRL et virtuel reste toutefois présente. La bascule de l'un à l'autre est aussi mise en scène de manière intéressante : les discours de chacun ne sont pas influencés par le jeu en lui-même ou parce qu’ils sont joueurs. Mais les conseils diffèrent selon le milieu auquel ils appartiennent. Ainsi, les personnages ne perdent pas en cohérence et ne tombent pas dans les clichés traditionnels. Il s’agit simplement de personnes qui apprennent à se connaître entre elles et elles-mêmes, au travers d’un MMORPG et de ce qu’il va leur apporter.
Je le répète, le MMORPG est traité comme un lieu de refuge et non pas uniquement comme un simple jeu. Cet axe est particulièrement exploité pour ce qui est de l’évolution de la relation entre les personnages ou même des personnages eux-mêmes. Les différentes rencontres donneront ainsi lieu à des situations tantôt comiques, tantôt attendrissantes. D’ailleurs, une qualité très appréciable de la série est qu’elle ne cherche pas à en faire des caisses ou à être moralisatrice. Les personnages sont tels qu’ils sont : gamers, dépassés par la vie, maladroits, gentils… Ils ont chacun leurs qualités et leurs défauts et ils apprennent à vivre avec, parfois grâce au MMORPG. Certes, ils franchissent des caps qui semblent mineurs à côté de la conquête d’un superpouvoir (la capacité à tenir deux épées haha), mais qui sont pourtant bien plus ancrés dans notre réalité. Et, bon sang, cela fait du bien. De même, les personnages sont pleinement conscients de cette frontière, aucun ne souffre du syndrome de chūnibyō. On en vient à espérer les rencontrer au travers d’un MMORPG !
Côté artistique, MMO Junkie n’est pas une série particulièrement marquante musicalement. Attention, c’est loin d’être un problème, dans la mesure où l’image et l’animation font à elles seules ressortir son identité première, qui réside dans le parallèle entre le monde IRL et virtuel. Les deux sont d’ailleurs très contrastés, le premier se cantonnant à une palette de couleurs réaliste alors que le second est très coloré. On remarquera aussi les différences de chara-design, et le travail de chaque univers est notable. La réalisation a pris grand soin de renforcer l’écart entre ces deux mondes pour que nous puissions les reconnaître au premier coup d’œil. Peut-être est-ce pour renforcer aussi l’impression que le jeu ne se situe pas dans la réalité, mais c’est assez difficile à affirmer.
En conclusion, Recovery of an MMO junkie est une série animée bien équilibrée et agréable à suivre. On s’identifie facilement aux personnages qui, au-delà des réactions parfois exagérées pour renforcer l’effet comique, s’apparentent à n’importe quel jeune adulte que l’on peut croiser dans la rue. Les stéréotypes des gamers sont aussi facilement évités ce qui, en tant que gamer ou gameuse est rafraîchissant. Je n’ai qu’un reproche à faire à cet anime : la longueur artificielle du dernier épisode qui aurait pu tenir en quinze minutes. Au-delà de ça, MMO Junkie comblera toutes vos pauses avec l’effet dopant de n’importe quel remonte-moral !