Deuxième opus de la mythique trilogie de Fumito Ueda,
Shadow of the Colossus est sorti initialement sur la PS2 en 2005 puis ressorti sur la PS3 en version HD en 2010. Et c'est avec plaisir que nous accueillons ce titre sur la PS4 avec une véritable refonte graphique.
A l'époque, ce jeu impressionnait déjà par la modélisation et l'animation des colosses bien que cela se faisait en contrepartie d'un framerate à ras les pâquerettes. Désormais en HDR et avec des graphismes survitaminés, on est encore plus bluffé. Le tout est vraiment sublime, très bien détaillé, on a une bonne profondeur de champ, le tout avec un vrai framerate cette fois-ci. On ne peut qu'apprécier de découvrir le monde et de parcourir les forêts, déserts, plaines, ruines et autres temples de ce monde.
Shadow of the Colossus raconte l'histoire d'un homme nommé Wander qui cherche à sauver sa femme à tout prix. Cette dernière est dans une sorte de coma, maudite par quelque chose qui le dépasse. Ayant entendu des légendes sur un lieu pouvant la sauver, notre héros se rend donc sans hésiter sur les terres interdites, cependant il faudra une monnaie d'échange qui consistera à détruire les idoles. Plus précisément, il faudra rechercher et tuer les colosses qui sont l'incarnation de ces idoles. C'est Dormin, une entité dont on ne connaît que la voix, qui nous donne ainsi des instructions pour atteindre chaque colosse.
Malgré les avertissements indiquant que le prix peut être lourd à payer, notre héros va donc partir à la chasse aux colosses aux quatre coins de ce monde à travers les différents paysages et autres anciennes cités à moitié détruites. Pour se repérer et connaître notre prochaine destination, il faut utiliser notre épée qui agira un peu comme une boussole. Cette dernière permet aussi de repérer les points faibles des colosses une fois ces derniers débusqués.
Même si le gameplay reste simple, chaque colosse est très différent en terme de forme, de taille et d'environnement. De plus ces points faibles et manières de l'appréhender diffèrent grandement. Pour chaque colosse, la première étape est de trouver comment l'agripper et pour cela il faudra parfois bien réfléchir ainsi que scruter l'environnement alentour. C'est une sorte de petit défi à chaque fois car même si la plupart du temps cela reste logique on ne sait jamais par quel bout le prendre au début. Heureusement on peut être aidé par la voix de Dormin qui peut nous orienter sans en dire trop, on peut d'ailleurs très bien désactiver ses petites astuces. Quoi qu'il arrive chaque rencontre est unique, une découverte qui nous tient en haleine et nous pousse à parcourir le monde de colosse en colosse sans trop se poser de questions. Tous sont impressionnants et très bien animés, les combats sont épiques et titanesques, on a l'impression d'un véritable combat à la David contre Goliath lorsque notre héros est balancé comme un vulgaire fétu de paille. Autant le héros peut survivre à des chutes impressionnantes, par contre s'il se fait écraser par le titan, il meurt sur le coup et cela même avec une barre de vie au max. Globalement dans ce monde, tout est géant ou donne l'impression de gigantisme dans les paysages, les bâtiments ou encore les titans.
Niveau sonore, il y a très peu de dialogue mais de jolies musiques rythment notre aventure et nous accompagne dans le jeu, le rythme monte d'intensité lorsque l'on progresse dans notre combat contre le colosse pour s'achever en une musique plus mélancolique et triste lors de la mort de ce dernier. La musique, ajoutée à la mise en scène de la mort du colosse nous fait prendre conscience et essaye de nous rendre coupable jusqu'à nous faire donner une pointe de regret après avoir tué un colosse qui au final ne demandait pas grand chose. Tout cela est très bien composé et rend encore plus épique les combats.
Concernant les nouveautés, on peut noter la présence appréciable du mode photo pour figer la beauté des graphismes et des paysages et il est même utilisable durant les cinématiques. On peut effectuer des paramétrages assez fin de photographe averti : filtres, flou de distance, lumière, ... Le seul regret vient de la cible sur laquelle est centrée la photo : le joueur ou le cheval uniquement. Il est donc parfois compliqué de faire une photo de paysage ou d'un colosse et surtout sans avoir le personnage ou le cheval dans le champ. Pour sauvegarder son aventure, on peut désormais effectuer une sauvegarde dite "manuelle" quand on le désire et cela sans avoir besoin d'un totem. Néanmoins le totem demeure toujours mais pour remettre de la vie et repartir de ce dernier si d'aventure nous mourrons, la sauvegarde manuelle permettant de sauvegarder les items gagnés mais pas de sauvegarder le lieu précis.
Niveau contenu, on peut noter la présence d'objets supplémentaires à récupérer, en plus des queues de lézards et des fruits, on peut désormais trouver des sortes de tas de petites pièces, on en trouve notamment proche des lieux où se trouve les titans. Cela reste tout de même léger et c'est dommage car à part pour le plaisir des yeux, il y a assez peu d'intérêt de fouiller le monde. En effet, on y trouvera ni ennemi, ni ami ni animaux mais juste notre héros et son fidèle destrier Agro, qui lui, a désormais le droit de fouler le sol du temple. (contrairement aux précédentes montures PS2 et PS3)
Sur les différents modes de jeu, on peut noter l'apparition du mode miroir (débloqué à la fin du jeu), ce dernier permet simplement de faire l'aventure avec la carte inversée, donc rien de révolutionnaire même si cela reste toutefois assez déroutant. On retrouve toujours les trois modes de difficultés qui influent sur la résistance des Titans et leurs nombres de points faibles. Malheureusement, on retrouve aussi une caméra parfois capricieuse.
Il y a assez peu de choses à faire sur ce monde assez vaste tout de même. La principale attraction hormis les colosses consiste à la cueillette de fruits et la chasse aux lézards. La première activité vous permettant d'augmenter votre barre de vie et la seconde d'augmenter la barre de grip. La durée de vie du jeu est donc assez courte dans son ensemble mais elle est rattrapée par le mode "Time Attack" et "Réminiscence" qui offre des bonus pour nous motiver à de nouveau battre les colosses. Le jeu se termine en effet en 10-12h en prenant son temps. Mais en allant droit au but, on peut le finir en moins de 5 heures avec d'ailleurs un trophée à la clé. Oui 5 heures seulement mais 5h épiques.
Au final
Shadow of the Colossus est une expérience unique que je n'ai retrouvée dans nul autre jeu. On pourra toujours reprocher le manque d'interaction avec le monde ainsi qu'un manque de difficulté lorsque l'on comprend les mécaniques du jeu mais force est de constater que la magie opère et on se laisse facilement porter de colosse en colosse. C'est un jeu qui ne fera pas l'unanimité, on peut adorer si on adhère au principe du jeu et si on se plonge dedans comme on peut y rester totalement indifférent. Sans être un jeu conceptuel, il a tout de même ses propres codes et un désir de nous plonger pleinement dans une aventure épique sans que l'on soit distrait par des à-cotés.