Attention, cette chronique porte sur une œuvre destinée à un public averti car elle contient des scènes particulièrement violentes ou sexuellement explicites.
Sensor, un des derniers mangas de
ITŌ Junji, arrive en France aux éditions
Mangetsu aujourd'hui, 1er septembre, avec une préface signée
KOJIMA Hideo, un ami de l'auteur, et une postface de
Morolian.
Synopsis :
La belle Kyôko Byakuya se promène seule au pied du mont Sengoku, parmi des tourbillons de mystérieux filaments volcaniques aux reflets d'or. Au détour d'un chemin, elle tombe nez à nez avec un homme aux propos décousus qui semble l'attendre pour l'inviter dans son village. Ses habitants y vouent un étrange culte au dieu Amagami et son missionnaire persécuté sous l'ère Edo. Cette nuit-là, lorsque Kyoko lève les yeux vers le ciel avec les autres villageois, une nuée de fibres d'or envahit le firmament.
Ce n'est que le premier incident d'une série terrifiante qui s'apprête à bouleverser la réalité telle qu'on la connaît ! Le monde tombera-t-il sous le joug de la mystérieuse Kyôko ?
Pour tout dire, je n'avais jamais lu de manga de
ITŌ Junji, je ne connaissais l'auteur que par sa réputation de maître de l'horreur et pour quelques images aperçues sur internet mais sans plus.
Sensor, un one-shot récent et inédit, semble être une bonne porte d'entrée pour découvrir l'univers de l'auteur.
Sensor propose une ambiance
lovecraftienne fascinante. Je sais que le terme
lovecraftien est beaucoup trop utilisé ces derniers temps, et pourtant je ne trouve pas d'autres termes.
Sensor nous fait suivre la jeune
BYAKUYA Kyōko qui se retrouve mystérieusement dotée d'un pouvoir aux origines mystérieuses. Mais que ce pouvoir vienne de l'espace ou d'un lointain passé, celui-ci est lié à un tout cosmique qui la dépasse et risque bien de la consumer malgré son statut d'élue. Nous suivons également le journaliste
TSUCHIYADO Wataru, qui, intrigué et fasciné par
Kyōko, se met à parcourir le Japon pour en apprendre plus sur elle. Ce faisant, il s'attire les foudres d'une secte vénérant le
Seigneur des Ténèbres qui donnera à ses membres l'accès aux
annales Akashiques contenant la mémoire de l'univers. L'ensemble de tout cela me conforte dans l'idée d'une filiation entre les oeuvres de
Lovecraft et ce récit.
En ouvrant
Sensor, et connaissant tout de même la réputation de
ITŌ Junji, j'avais peur d'y découvrir une succession de scènes macabres. Mais il s'avère que l'oeuvre est assez soft en apparence, je ne vais pas cacher qu'il y a quelques déformations de corps assez peu ragoûtantes et un chapitre avec des araignées suicidaires particulièrement dérangeantes... Dans l'ensemble,
Sensor met principalement l'accent sur l'ambiance. Le mysticisme qui se dégage des pages et des situations que l'on lit sont envoûtantes. On est fasciné par cette histoire aux enjeux hors norme : le passé, le futur, nos pensées, l'univers... Tout y sera misé et magnifiquement mis en scène par
ITŌ Junji qui parvient à représenter cela de manière fluide, réaliste, presque palpable.
Partant pessimiste dans ma lecture,
Sensor a su me conquérir. Fascinant, intense et dérangeant, j'ai dévoré ce one-shot qui me reste encore en mémoire. Je réfléchis même à me procurer
Tomie, sorti en juillet chez
Mangetsu, mais dont je pensais ne pas être fait pour moi. Si vous êtes curieux de
ITŌ Junji et/ou que vous aimez les ambiances
lovecraftienne, jetez-vous sur
Sensor, le périple de
BYAKUYA Kyōko saura vous envoûter !