Invisible est la pluie, troisième tome de la saga de la lieutenante
HIMEKAWA Reiko de
HONDA Tetsuya, est disponible en France aux éditions
Atelier Akatombo. Dans cette nouvelle enquête,
Reiko devra collaborer avec la brigade antigang qui prend les rênes des investigations mais surtout comprendre ce que cachent ses supérieurs qui souhaitent étouffer une partie des indices.
Synopsis :
L’hiver n’est pas toujours serein à Tokyo.
La lieutenante Reiko Himekawa est sur le qui-vive : Kobayashi, un yakuza débutant, a été retrouvé lardé de coups de couteau au moment même où une guerre de succession ravage l’Ishidō, l’important gang auquel il était affilié.
Au DPMT, le département de la police métropolitaine, le climat est tout aussi délétère. Les hommes de l’antigang veulent à tout prix récupérer l’affaire et évincer leurs confrères de la criminelle.
Ce n'est pas la complexité de l'affaire de
Invisible est la pluie qui bloquera
Reiko mais la bureaucratie japonaise. En effet, le corps étant celui d'un yakuza, la brigade antigang est également de la partie et souhaite prendre les rênes de l'enquête. Mais leurs méthodes ne semblent pas adapter à l'investigation : ceux-ci ne cherchent pas les raisons du meurtre mais pourquoi un yakuza en aurait tué un autre...
De plus, le meurtre est possiblement lié à une affaire qui a mal tourné il y a plusieurs années. Et bien que nous connaissions cela,
Reiko a interdiction de suivre cette piste, les répercutions pouvant être désastreuses pour la première brigade qui en serait déshonorée.
L'honneur et la quête de vérité, deux principes forts pour la police japonaise. Mais que se passe-t-il si ceux-ci entrent en conflit ? Voici le thème central de ce récit policier.
Au cours de l'enquête,
Reiko doit faire une planque seule. Nous voyons ainsi à quel point il est difficile de rester concentré, éveillé ou même propre lorsque personne ne vient pour vous soutenir.
Il est intéressant de noter que le "thème" de la planque en solo est également décrit dans le roman
Le requin de Shinjuku, également disponible aux éditons
Atelier Akatombo. On note d'ailleurs que
SAMEJIMA Takashi s'en sortait mieux, mais il avait l'avantage que la personne qu'il surveillait avait des horaires fixes qu'il connaissait, ce qui n'est pas le cas pour
Reiko.
HIMEKAWA Reiko opère presque exclusivement en solo dans cet épisode, changeant du rythme auquel la saga nous avait habitués, mettant de côté l'environnement collégiale de la police japonaise pour une investigation davantage axée sur la débrouillardise. Bien que ce changement redynamise le style de
HONDA Tetsuya, il est un peu dommage que, de ce fait, toute l'équipe de la 10e sous-section soit complètement mise à l'écart du récit, surtout que le roman débutait avec
Reiko essayant d'en apprendre plus sur
HAYAMA Noriyuki, avec
KIKUTA Kazuo venant faire son jaloux...
Tant que l'on parle de relation, un des axes centraux du roman est la relation entre
Reiko et
MAKITA Isao, la policière et le chef yakuza. Si l'évolution de cette relation est très rapide, le petit jeu auquel nous assistons est rafraichissant. Le fait de voir la même scène selon le point de vue de l'un ou de l'autre, le fait qu'ils s'utilisent l'un l'autre et finissent par avoir une vraie relation malgré l'interdit de leur position sociale respective... On prend plaisir à suivre l'évolution de la romance entre les deux personnes.
Je ne peux pas ne pas parler du sexisme représenté dans le roman. Bien que déjà présent dans
Rouge est la nuit ainsi que dans
Cruel est le Ciel, le sexisme ambiant est encore plus présent dans
Invisible est la pluie. La manière dont les gens regardent
Reiko et lui parlent, certains policiers n'hésitant pas à l'appeler "Jolie", sans oublier
KATSUMATA Kensaku qui gagne haut la main la palme du macho... Ces propos sont particulièrement rabaissants et blessants envers
Reiko. Heureusement pour elle, son équipe n'est pas dans ce cas.
D'ailleurs, tant que je parle des surnoms, si le médecin légiste,
KUNIOKU Sadanosuke, surnommait
Reiko "princesse", ce n'est pas pour se moquer d'elle mais parce que son nom
Himekawa commence par
Hime qui veut dire
Princesse, je prends donc ce surnom pour une marque d'amitié, un trait d'humour, plutôt qu'un acte péjoratif ou sexiste.
Avec
Invisible est la pluie,
HONDA Tetsuya parvient à se renouveler en nous proposant une enquête en solitaire pour notre lieutenant tout en mettant en avant l'honneur de la police japonaise pour le meilleur comme pour le pire. La romance se tissant entre
Reiko et
Makita, bien que rapide, se fait naturellement et change de la sensation de stagnation que l'on avait avec
Kikuta. Bien qu'étant un troisième tome, je ne vois pas d'éléments impératifs à connaitre pour comprendre l'histoire, si ce n'est le nom des personnages mais un lexique détaillant les noms et positions hiérarchiques de ceux-ci est présent au début du tome.