Deca-Dence est une oeuvre originale post-apocalyptique diffusée cette saison sur
Wakanim. Nous vous proposons de suivre notre avis sur cet anime au fil des épisodes.
Synopsis :
Il y a des années, la soudaine apparition des Gadoll, une forme de vie inconnue, a bien failli conduire à l'extinction du genre humain. Pour se protéger de la menace, les survivants ont trouvé refuge dans la forteresse mobile Deca-Dence, haute de 3 000 mètres. Deux sortes d'habitants existent : les Gears, des guerriers luttant nuit et jour contre les Gadoll, et les Tankers, des humains sans capacité à combattre. Natsume est une jeune Tanker qui entretient le rêve de devenir une Gear. Un jour, elle rencontre Kaburagi, un réparateur froid et brusque. Tout semble opposer la jeune optimiste prête à tout pour réaliser son rêve et l'homme réaliste qui a renoncé au sien, mais leur rencontre changera le monde à jamais.
- Wakanim -
Sommaire :
Une formule éprouvée mais qui semble toujours fonctionner. Le schéma de l'épisode reproduit ce que tant d'autres ont fait avant lui : en plus d'introduire l'univers et de mettre en place un fil qui servira d'intrigue, sont définis les ambitions des personnages et leur caractère. Je ressors avec un avis assez positif pour l'instant, toutefois, je garde une impression de déjà-vu après ce visionnage.
Outre les références évidentes aux kaijus, dont Godzilla est le maître, cette anime me rappelle plus d'oeuvres cinématographiques que de séries animées. Je pense notamment à
Pacific Rim et
Mortal Engines. Le concept de cité roulante dans un monde post-apocalyptique n'est donc pas nouveau, que l'inspiration soit volontaire ou non. Dans
Deca-Dence, son utilisation reste tout de même un point intéressant puisqu'à ce stade de l'histoire le spectateur ne sait pas dans quelle direction bouge la cité. Ainsi, l'humanité est-elle à la recherche de quelque chose, ou fuit-elle simplement les monstres ? Un élément de réponse peut se trouver dans le fait que pour combattre les Gadoll et pour continuer à avancer, la ville-machine a besoin d'une ressource qui se draine sur les monstres eux-mêmes.
Cet élément lance un débat intéressant : au-delà du thème de la survie dans un monde hostile, on se demande à quel point il est moral de combattre le mal par le mal. Car il est bien ici question de cela : la meilleure arme dont dispose Deca-Dence semble être issue des monstres mêmes qu'elle combat. Le nom de la cité prendrait alors tout son sens, ce mot qui a été emprunté à notre langue pourrait représenter ce à quoi l'humanité a dû s'abaisser pour pouvoir survivre. Là encore, si le sujet semble intéressant et profond, j'attends de voir comment tout cela sera traité, puisque ces problématiques restent finalement abordées dans bien des oeuvres.
En ce qui concerne le scénario, j'ai une fois de plus eu l'impression d'avoir déjà vécu ce moment ; un moment agréable, cela dit. Alors que les arbres fleurissent à peine et que la saison vient de changer, on retrouve
Kaburagi et
Natsume, un duo qui fait étrangement penser aux personnages principaux d'
Arte (
retrouvez notre avis ici), et pour cause :
KONISHI Katsuyuki prête sa voix aux mentors des deux séries. Je ne veux pas émettre de théorie de bas étage quant au père de
Natsume, néanmoins on dit parfois que tant qu'un personnage n'est pas mort à l'écran, il peut potentiellement faire son retour. Je ne serais donc pas surpris si, au cours de la saison, nous le voyons réapparaître pour une raison ou pour une autre.
S'il y a un point sur lequel l'anime parle de lui-même, c'est bien sa qualité graphique. Pour une oeuvre qui met en avant de l'action et des combats, on voit que la production a su gérer la fluidité de l'animation. Point supplémentaire que j'ai particulièrement apprécié : la palette de couleurs est riche, et rend l'anime visuellement beau, à contrario par exemple de
L'Attaque des Titans, auquel il a pu être comparé en matière de scénario. On voit alors se dessiner un contraste entre la cité aux couleurs ternes et délavées, et la vivacité des personnages, qui se détachent de l'arrière-plan. La place occupée par certains s'en retrouve alors décuplée.
Lors de ce premier épisode, on remarque peu d'originalité scénaristique, ce qui semble dommage pour un oeuvre dite originale. Mais elle reste une production de qualité, et je pense que
Deca-Dence saura se démarquer cette saison.
Un épisode pour le moins surprenant ! L'univers change du tout au tout ! Bien que ce soit plus étonnant qu'original, l'effet sur moi était bien là. Je ne m'attendais clairement pas à ce changement radical de cadre. Ce n'est pas seulement un élargissement de l'univers puisque le spectateur est totalement transféré dans un autre monde. On passe d'une société humaine post-apocalyptique à un monde numérique coloré et non humain. Si ce type de retournement est bien connu (
Westworld,
Matrix,
Zegapain, ...), l'originalité réside ici dans le fait que l'humanité vive dans une bulle à la
Truman Show, les humains étant traités comme des animaux dans un zoo.
Un tel retournement de situation est très intéressant et fait faire au cerveau une gymnastique forte en adrénaline. La stimulation est de courte durée, un certain nombre d'éléments sont à assimiler mais il y a beaucoup de blancs dans le récit. On comprend très vite que l'oxone est une ressource qui semble vitale à cette race sans nom qui nous est présentée, pourtant il n'est jamais fait mention de l'utilité des humains dans cette entreprise. Je ne vois pas bien le rapport entre l'humanité et ces petits bonhommes, si ce n'est que l'une a le contrôle sur l'autre. De plus, au début de l'épisode, Deca-dence semble être un jeu, mais à la fin, cela ressemble plus à une obligation, les petites créatures travaillant pour une entité supérieure, "l'entreprise". Cette déception est tempérée par le fait que la série ne fait que commencer et que je suppose que cela fera partie de l'intrigue de ces prochains épisodes.
Ce changement de dimension, bien que troublant, n'enlève rien à la continuité de l'histoire. Au contraire, l'ambition du personnage principal s'élargit en même temps que la vision du spectateur. Avec autant de mystères dans le scénario, j'en attends désormais beaucoup de cet anime.
Au niveau graphique, le clivage évident entre le monde de Deca-dence et le monde des petites créatures est une manière claire de signaler au spectateur l'endroit où se trouve l'action. A titre personnel, même si certains n'apprécieront pas ce type de design, ça ne me dérange pas, tant que l'histoire nous prouve qu'il y a un sens à tout ceci.
Je ne remets pas tout de suite en cause mes remarques sur le premier épisode, en attendant de voir ce que la production nous propose. Mon questionnement sur la destination de la cité mobile ainsi que sur l'utilisation de l'oxone, qui semble vitale et produite en tuant des monstres, restent encore tous deux valables.
L'effervescence de l'épisode précèdent s'étant apaisée, l'anime semble reprendre un récit classique. Et je dis bien classique puisque, de la relation entre
Natsume et
Kaburagi, au développement intellectuel et des convictions de la protagoniste, on est bel et bien dans la trame traditionnelle d'un mentor et son apprentie, avec d'un côté celui qui sait et qui forme, de l'autre celle qui apprend et qui représente l'élue.
L'idée de faire évoluer le scénario dans deux mondes distincts, outre l'intrigue et le rapport qu'il y a entre l'un et l'autre, permet scénaristiquement de séparer deux ambiances bien définies. En parlant de l'univers, une scène posée de manière anodine peut en réalité s'avérer être un message de propagande, qui nous permet de nous immiscer un peu plus dans la mythologie de l'anime. Nous sommes dans un monde où une entité a tout le pouvoir et contrôle les individus, c'est pourquoi je reste méfiant quant à l'explications apportée à l'existence des deux mondes, bien qu'il reste encore un grand nombre de points à élucider. En effet, l'anime nous ayant prouvé sa capacité à virer de bord pour montrer un nouveau flanc de son univers, et la propagande ayant pour but de nous livrer uniquement une vérité qui appuie le pouvoir en place, il est selon moi légitime de se poser la question du vrai et du faux dans ce que le récit propose au spectateur.
J'apprécie fortement la manière qu'a l'anime de présenter une action ou un fait via des scènes qui peuvent raconter plusieurs choses à la fois. Un exemple est le changement de la prothèse de
Natsume, qui lui ouvre des possibilités qu'elle n'avait pas jusque-là afin d'affirmer ses conviction et de développer sa force. Ce changement peut aussi être associé à une forme d'aliénation de son propre corps, elle évolue et s'apparente à un pont entre l'humain et la machine. Nous avons là encore un discours déjà traité dans bon nombre d'oeuvres de science-fiction. Toutefois, attendons de voir la suite avant de juger trop négativement : j'ai bon espoir que
Deca-Dence soit une bonne série.
Malgré cette sensation de déjà-vu, l'anime reste cohérent et bien fourni, et ce n'est pas parce qu'il s'inspire d'oeuvres déjà existantes qu'il en perd forcément en qualité ; c'est même une série que je commence à apprécier. L'animation est bien gérée, certaines scènes m'ont d'ailleurs marqué pour leur réalisation impeccable. On peut prendre pour exemple le moment où
Natsume s'efforce de suivre son entraînement, lors duquel on nous offre une sorte de
timelapse très bien rythmé et cadencé sur une OST de qualité. Je suis très peu mélomane, mais j'ai pourtant su me laisser emporter par l'ambiance musicale de l'épisode. J'ai hâte d'en connaître davantage sur cet univers et d'être témoin de belles scènes de combats, dynamisées par la possibilité qu'ont les personnages d'évoluer dans l'espace en trois dimensions pour effectuer leurs acrobaties.
Contrairement au premier combat que
Natsume avait seulement subi en restant aux cotés de
Kaburagi, elle fait ici dès le début de l'épisode face à une "vraie" mort. Il est intéressant d'observer cette scène pour le spectateur, qui, lui, sait que cette mort n'est en réalité pas si horrible que ce qu'affiche le visage du personnage. Toutefois, sa mort à elle serait bel et bien définitive...
On constate une nouvelle fois, lors du début de l'épisode, que l'anime utilise des outils classiques pour construire son scénario. En effet, la confrontation basique entre le héros et une créature ayant été un obstacle par le passé en est un bon exemple, qu'on retrouve facilement dans
L'Attaque des Titans ou encore dans
DanMachi. Toutefois, la scène est magistralement orchestrée, l'animation et les dessins sont maîtrisés et la chorégraphie impressionnante. Le combat, qui existe pour divertir les joueurs dans l'anime, remplit tout autant ce rôle pour le spectateur.
En ce qui concerne l'aspect moral de l'épisode, il nous montre clairement la différence entre les humains qui, eux, sont sensibles et sujets à la mort, et les cyborgs pour lesquels tout ceci n'est qu'un jeu, dont lesdits humains sont les simples marionnettes. Ici est abordé le sujet fondamental de la sécurité opposée à la liberté : dans quelle mesure ces deux aspects doivent être présents dans une vie humaine pour que celle-ci puisse être la plus heureuse possible ? Plus un individu possède de liberté, plus cela se fait au détriment de sa sécurité... Ce monde utopique et sans bug nous montre une société gérée par des machines, qui régulent la population humaine afin qu'elle survive.
Natsume, qui ne connait pas l'envers du décor, veut s'affranchir de cette sécurité pour goûter au sentiment de liberté insufflé par son père et ses expériences de vie.
Avec cet épisode, le terme de "gadoll" donné aux créatures prend un certain sens : si ce monde est créé de toutes pièces, alors les monstres le sont aussi. Ainsi, il est fort probable que ces marionnettes soient la création du système. J'ai bon espoir que l'épisode suivant nous en apprenne plus à ce sujet.
Un épisode impressionnant au niveau visuel ! Il est rare de voir un anime se démarquer par une animation aussi fluide lors des combats. Fait assez rare pour le noter : malgré un design pas forcement attrayant, les monstres et les scènes en 3D sont bien gérés. C'est une épisode charnière dans lequel les actions menées auront des conséquences sur le scénario établi par le système. Peut-être une manière de préparer le spectateur à un nouveau changement de point de vue...
En ce qui concerne l'épisode en lui-même, il n'y a pas tant de choses à observer, simplement une débauche de combats et d'action. Il suffit de se poser et de regarder. C'est ce type d'épisode qui confirme la série comme ayant l'une des meilleures animations de son temps. Graphiquement, l'anime réussi à associer un monde dévasté à tendance
cyberpunk, avec une palette de couleurs assez variée. Pour un épisode qui propose aux personnages d'affirmer leur opinion dans un monde où "il n'y a pas besoin de bugs", nous proposer des scènes aussi épiques et dynamiques permet de renforcer la conviction des personnages, comme quelqu'un qui tape du poing sur la table pour se faire entendre. Ainsi, on a là un visuel qui n'est pas seulement divertissant mais qui vient appuyer le récit.
L'action et le combat m'ont tenu en alerte pendant tout l'épisode, puis à la fin, le calme. La victoire est courte et amère pour ces personnages qui viennent littéralement de gravir l'Everest puis qui se rendent compte que ce n'était qu'un faible effort comparé au chemin qu'il reste à parcourir pour atteindre un monde sans monstres... L'anime montre deux visages, deux réactions face à l'apparition d'un si grand nombre de créatures : le désespoir devant l'immensité de la tâche qui reste à accomplir, et le sentiment d'un nouveau départ avec la promesse de toujours plus d'action. Finalement, les personnages de l'anime proposent au spectateur de se rapprocher de l'une ou l'autre des deux visions.
La scène finale, qui s'impose comme le coup de grâce de cet épisode, est courte mais tellement éloquente.
Kaburagi se fait foudroyer par sa témérité. Le récit n'en dit pas plus, mais au regard de tout ce que nous a proposé l'anime jusqu'alors, on peut y voir plusieurs signes. En effet, au vu de ce que sont les
Gears, soit des cyborgs, et du rôle que le scénario a donné à
Kaburagi, il est logique de croire à un potentiel retour de ce dernier sous une autre forme. Cette mort me rappelle étrangement celle de Ned Stark dans
Game of Thrones, un tel cliffhanger permettant de garder le spectateur en haleine et de l'inciter à voir la suite. Dans le cas où elle serait définitive, on pourrait alors y voir une réelle volonté de changer de scénario : l'histoire change, les protagonistes aussi.
Kaburagi aurait finalement rempli son rôle : il a formé et guidé
Natsume et lui a offert le monde qui s'étend devant leurs yeux avant qu'il ne parte. D'un autre point de vue, c'est aussi une bonne manière de garder
Natsume dans l'ignorance.
Une chose est sûre, j'avais complètement oublié l'existence du centre de correction des bugs, et c'était donc une surprise pour moi de découvrir cette possibilité après la mort présumée de
Kaburagi. Ce lieu était pourtant évoqué brièvement dans l'un des épisodes précédents. À partir de là, il était évident que
Kaburagi allait revoir certains de ses anciens camarades datant de l'époque où il était lui-même un grand combattant.
Cet épisode nous montre l'autre face du monde parfait dans lequel vivent les cyborgs, au sein duquel l'individualisme se fond au profit du bien commun, l'entreprise. Bien sûr, ce n'est pas sans rappeler un régime communiste bien connu. L'analogie se poursuit dans le traitement des éléments déviants, ceux qui ne respectent pas la doctrine établie et qui pourraient faire vaciller l'équilibre par leur liberté de penser. Ainsi, le centre de traitement des bugs est la transcription exacte de ce qu'est un camp de travail forcé. La gestion des prisonniers est fondamentalement la même : ils travaillent dans le simple but de travailler, afin de les épuiser et de leur ôter toute force de révolte. Il n'est pas rare de voir dans les camps de travail forcé de notre monde des détenus qui effectuent des travaux inutiles, par exemple déplacer des pierres d'un endroit à un autre puis les remettre à leur point de départ. C'est ce qui se passe dans l'anime lorsque les prisonniers sont obligés de nettoyer les déjections des gadolls, ce qui s'apparente à une tache infinie. De fait, l'anime prend un chemin assez inattendu : tente-t-il de dénoncer, ou se sert-il simplement d'exemples de notre monde pour construire son récit ?
Une scène du générique, ainsi que la forme des cyborgs, qui représentent l'autorité, me font penser que les réflexions vers lesquelles me mène l'anime sont bel et bien préméditées. Ladite scène met en avant
Kaburagi sous sa forme de cyborg, qui rentre dans le moule, et un dézoom s'effectue pour nous montrer finalement l'emblème de l'entreprise. De cette manière, on voit que chaque brique s'assemble pour former un tout uni, des bords lisses et droits qui s'imbriquent parfaitement. Ceux qui détiennent l'autorité, en gardiens suprêmes du bien commun, ont eux-même la forme de briques. Ce monde mu par l'absence de bugs et d'aspérités prive les individus de leur libre-arbitre ou bien leur donne l'illusion du choix au travers d'un scénario bien défini. C'est en ayant tout ça à l'esprit que le changement de scénario évoqué à l'épisode précèdent prend tout son sens, puisque les personnages principaux ainsi que le monde qui s'étend devant eux prennent un nouveau tournant.
La mort de
Kaburagi aurait put servir à rompre le lien entre cyborgs et humains et laisser
Natsume dans l'ignorance de l'univers dans lequel elle vit, tout en étant une mort assez marquante d'un personnage charismatique et important. Puisque ce n'est pas le cas, nous verrons bien comment sera mis en scène son retour à Deca-dence.
ÉPISODE 7
Cet épisode est l'occasion, à la fois pour le spectateur et
Kaburagi, de voir comment
Natsume arrive à se débrouiller seule sans son mentor. On la voit utiliser son libre arbitre et je pense que c'est dans ce thème que réside la tension qui donne vie à l'anime. En effet,
Natsume en est la représentante, elle qui ne fait plus partie du système, elle est livrée à elle-même. C'est en tout cas ce que signifie la scène du premier épisode où elle apprend qu'elle est libre de trouver une occupation par elle-même. A ce moment,
Natsume a le choix et elle est donc un danger pour le système, un bug dans la matrice.
Dans cet anime, les cyborgs agissent à notre encontre comme nous agissons dans notre monde sur certaines populations animales. On autorise la chasse pour réguler la population de certaines espèces animales. Les humains sont comme les bêtes d'un zoo. Pourtant, les avatars des cyborgs n'ont rien d'autre qu'une apparence humaine. Comme des individus qui jouent à des jeux pour se divertir et pour vivre des aventures, ici les cyborgs incarnent des humains dans un monde humain et défendent volontairement ou non l'humanité. Ils se pensent au-delà de l'humanité mais d'un autre côté ils sont les plus heureux lorsqu'ils endossent une peau humaine. Finalement, lorsqu'ils font usage, dans un monde qui le leur permet, de leur libre arbitre.
Je le répète, selon moi, cette série n'a rien d'original, la confrontation et les relations Homme/machine n'ont rien de nouveau, ainsi que les divers thèmes et relations abordés. Par contre, là où la
Deca-dence s'illustre, c'est sur sa mise en scène. Rien d'original certes, mais l'effet est bien présent, je citerai pour ce faire un seul passage. Ce moment en fin d'épisode, quand
Natsume expose ses craintes et ses ambitions et que
Kaburagi prend la décision d'agir. C'est tout simplement magistral, les plans sont parfaitement exécutés afin de transmettre au spectateur la sensation voulue. La puissance de cette scène est réelle, tant sur sa réalisation que sur ce qu'elle représente. Par le fond et la forme, l'anime arrive à transmettre en quelques images une colère palpable qui permet à
Kaburagi, un des personnages principaux, grâce à son libre arbitre, de prendre la décision d'agir, comme si, par cette scène, la matrice allait rencontrer une anomalie critique, un bug.
Chaque épisode est riche, c'est un plaisir de voir que la série ne tourne pas qu'autour du combat pour un idéal dérisoire. En quelques épisodes, l'anime a su mettre en scène des personnages crédibles et bien construits, tout comme son univers qui réserve encore, je l'espère, des mystères et bonnes surprises. Des aspects que certaines oeuvres pourtant bien commercialisées n'arrivent jamais à concrétiser.
ÉPISODE 8
L'épisode commence directement par les images les plus marquantes de l'épisode précédent, voire de la série elle-même, amenant immédiatement une certaine tension et nous donnant le ton de cet épisode. L'expression bien humaine de colère et de rage dont fait preuve l'avatar de
Kaburagi permet d'humaniser et de justifier les actes du cyborg. Si certains en doutaient encore, confirmation nous en est désormais faite : il est bel et bien question ici de libre arbitre et de lutte contre un ordre établi et manifestement oppressif.
Alors que l'épisode semble développer uniquement l'intrigue de l'anime, il conserve tout de même un point intéressant à analyser. En effet, on a la possibilité d'observer le point de vue d'un individu qui soutient le système. La phrase de Minato est chargée de sens : “le système assure l'ordre”. Cette affirmation laisse sous-entendre que l'ordre absolu est le seul état viable et qu'aucune nuance n'est tolérable. Ainsi, l'ordre est assuré par le système, donc celui-ci serait forcément bon et nécessaire puisque sans lui, point d'ordre, donc le chaos. Mais si cet ordre établi se trouve être envahi de bugs, n’est-ce pas là la preuve que le système est défaillant ?
On sent que le dénouement est proche, que la dernière intrigue se met en place.
Kaburagi et
Natsume s'apprêtent à repousser les limites de ce qui est permis. Agissant initialement en tant que protagonistes du système, ils vont désormais avancer hors de celui-ci et hors des frontières.
Cet épisode n'a pas vocation à raconter grand chose ou à être un pilier de la série, mais il sert par contre d'introduction au dénouement, en espérant que ce qui suive soit aussi épique que les combats vus jusqu’à présent. Ce qui m'intéresse le plus est de savoir quelle sera la réaction de
Natsume quand elle comprendra enfin comment son monde fonctionne.
ÉPISODE 9
On s'avance lentement vers la fin de la saison : le chaos est total, et quoi de mieux pour le représenter qu'une grosse explosion ! L'élément perturbateur et, chaque spectateur l'espère, salvateur, est en route. Si la série nous a montré jusque-là des bugs aux comportements en marge de la société, ainsi que d'autres personnages plus mitigés, c'est bien Hugin qui s'impose comme l'antagoniste principal en tant que représentant même du "système". Certes à la fin de l'épisode l'objectif ayant pour but d'ébranler le système est rempli, mais ce personnage reste toujours en activité : on se doute que la lutte continuera tant que celui-ci s'opposera à
Kaburagi et
Natsume.
Kaburagi, quant à lui, évoque souvent le fait de se transcender : on peut y voir la volonté de dépasser sa simple condition de machine censée exécuter un ordre et répéter la tâche qui lui a été attribuée. Nous l'avons dit, l'explosion de la machine à Gadolls représente justement le point de rupture avec l'ordre. Dès cet instant,
Kaburagi est libéré de ses obligations envers le système et il est désormais prêt à le transcender. Toutefois, la liberté ne sera jamais totale tant que le système le poursuivra...
À noter qu'il est tout de même question d'un génocide dans cet épisode. Certes la question n'est que survolée, mais finalement, l'extermination pure et simple des Gadolls est-elle un acte qu'il faut comprendre comme faisant partie intégrante du scénario, ou comme un élément que l'on peut analyser pour en tirer une morale ? Ce ne sont que de simples marionnettes, méritent-ils de mourir ainsi ? Surtout lorsqu'on sait que Pipe est un Gadoll et que la série nous a invités à lui porter de l'affection...
À tout cela s'ajoute le fait que détruire l'usine à Gadolls, et donc mettre fin au jeu, c'est aussi ôter aux cyborgs leur possibilité de s'évader l'espace d'un instant du système. La mission de
Kaburagi, qui semblait arriver à son terme, ne s'avère finalement qu'à moitié achevée puisqu'il va maintenant falloir libérer les cyborgs eux-même du système...
ÉPISODE 10
Cet épisode est a priori centré sur l'état de choc de
Natsume, mais on assiste aussi au point culminant du chaos provoqué par les bugs. C'est l'épisode qui construit le premier lien entre les machines et les humains.
Alors que
Natsume est bel et bien mise face à la réalité de son monde, elle bloque, comme une machine qui n'arriverait pas à compiler une information. De son côté,
Kaburagi, pourtant cyborg, se démène pour l'humanité. La suite est un habile jeu d'apprentissage et contre-apprentissage entre un maître et son élève, l'un apprenant de l'autre, et ainsi de suite pendant que la relation qui existe entre eux s'approfondit. Il n'y a pas tant à dire sur cet épisode : il n'est que la suite logique du reste de la série. Un élément que l'on peut toutefois noter concerne le père de
Natsume. En effet, le scénario nous apprend enfin ce qu'il est advenu de lui. Malheureusement, pas de retour fracassant ici : il a simplement été éliminé par le système, non pas pour avoir été un bug, mais parce qu'il était devenu un gêneur en s'approchant de trop près de la vérité.
C'est la fin de l'épisode qui délivre toutes les clés pour la suite et fin de la saison. Mugin se pose comme obstacle, et un dernier Gadoll semble avoir survécu au génocide. L'épisode est classiquement mais efficacement construit :
Natsume est troublée par la révélation, elle se questionne, elle obtient l'aide d'une proche et prend sa décision en retournant voir
Kaburagi. Encore une fois, on ne trouve aucune originalité à un tel scénario, mais j'attend tout de même la suite avec impatience.
ÉPISODE 11
L'épisode du jour est le début de la fin, le dénouement est proche et on nous le fait comprendre : les dernières menaces doivent être éliminées afin que les personnages puissent vivre libres.
Assez ingénieuse et inattendue, l'introduction se fait ici par une sorte de mise en abyme qui s'avère finement jouée. L'épisode précédent se finissait sur la mort, toute relative qu'elle soit, de
Kaburagi, alors que dès les premières minutes c'est désormais Mugin qui passe d'arroseur à arrosé, en se faisant prendre par surprise par
Kaburagi lui-même. Maintenant que l'on sait que tous ces corps ne sont que des enveloppes, le scénario passe très rapidement sur ces deux morts, puisque comme le dit si bien l'anime, "tout est factice". Les seules choses qui nous apparaissent comme vraies sont
Natsume et la volonté de
Kaburagi de se transcender.
On pourrait surnommer cet épisode "la rencontre des bugs" : le spectateur se retrouve face à des bugs de tous bords, humains, cyborgs et même Gadolls. Il est cocasse de voir une créature qui porte le nom de "marionnette" échapper au contrôle de ses créateurs, créant ainsi une nouvelle mise en abyme puisque les cyborgs, qui ont pris le contrôle de l'humanité, se retrouvent à leur tour débordés par leurs créations. Par contre, je n'arrive clairement pas à voir dans quelle direction se dirige la série... Mugin, qui semblait être l'antagoniste principal, est rapatrié parmi les cyborgs pour laisser l'humanité à son sort et effectuer un "redémarrage", soit détruire pour mieux rebâtir. La volonté de combattre et éliminer le dernier des Gadolls semble lentement mener la série vers un compromis entre cyborgs et humains. Néanmoins, je ne saisis pas comment ni pourquoi proposer ce dénouement à un seul épisode de la fin, à moins d'un retournement de situation encore une fois inattendu.
J'ai hâte de voir comment va se terminer cette série, qui pour l'instant, à défaut d'être un chef d'oeuvre, reste un anime qui vaut le détour.
ÉPISODE 12
Une série qui se termine sur un happy end, quelle originalité... Toutefois, elle fut intéressante. On a pu y observer comment des individus, machines comme humains, peuvent s'influencer dans une société à laquelle on a ôté toute liberté et volonté propre.
Natsume y joue un rôle de passerelle, et fait passer les machines de bugs à humains en leur faisant ressentir, directement ou indirectement par le biais de
Kaburagi, la volonté de se transcender et de vivre libres de toute contrainte.
Dans son ensemble, la série est plutôt bien exécutée : elle nous offre un très bon dynamisme, une animation maîtrisée, et l'intrigue se veut plutôt mystérieuse ; quoi de plus normal dans un anime où le spectateur découvre petit à petit l'envers d'une société qui paraît bien sous tout rapport. Si certains ont crié à l'originalité dès le deuxième épisode, on retrouve finalement un très grand nombre de techniques scénaristiques et de références empruntées à des oeuvre plus ou moins populaires. Je pense par exemple au principe même de la série, mais aussi au moment où
Kaburagi, dans le dernier épisode, ordonne à son mecha Deca-dence, dans la plus pure tradition des affrontements de robots contre monstres (
Pacific Rim,
Power Rangers...).
C'est dans ce dernier épisode que le système parle enfin ! Si le discours qu'il tient est quand même bien analogue à celui de la matrice dans
Matrix, l'un prend tout en compte pour garder un système stable, alors que l'autre recommence à l'infini, toujours dans le même objectif : que l'humanité et les machines se promènent en laisse.
Une fois de plus, l'originalité n'est pas au rendez-vous, mais je tiens à insister à nouveau sur le fait que l'anime est très bien exécuté. Les images et les scènes en disent long, exempli gracia : le moment où
Natsume essaie de réveiller le kabu-dence alors que cela ne dépend en aucun d'elle.
Kaburagi prend alors le contrôle de la machine, ce qui nous démontre en quelques plans que
Kaburagi, mû par sa volonté de se transcender, est toujours accompagné de
Natsume. Elle est à ses cotés même virtuellement, alors qu'ils ne peuvent s'influencer l'un l'autre. Pourtant, la scène nous fait croire l'inverse, et c'est ce qu'il y a de plus humain : même physiquement seuls, nous ne le sommes jamais vraiment parce que nos proches sont présents dans nos esprits et nos cœurs, voilà à mon sens ce que signifie cette scène. On peut alors penser à une oeuvre populaire comme
V pour Vandetta, qui prône que les idées (choses non tangibles) suffisent à éveiller les passions, menant ainsi à des révolutions.
Ce final repose sur le seul fait que le système, l'antagoniste, affirme que les ambitions de nos héros ne sont pas atteignables, pour permettre au scénario, en fin d'épisode, de nous démontrer le contraire.
Tout est bien qui finit bien, mais un tas de questionnements sont mis sous le tapis, par exemple, au hasard : comment se fait-il que le système tolère désormais les bugs et n'intervienne pas plus que ça ? Ce silence pourrait être analysé comme une preuve que ce système si prévoyant avait en réalité prévu cette fin, et qu'il s'agisse même de son objectif caché ; ce dont je doute puisqu'elle ne correspond en rien aux paroles mêmes du système, qui expliquait à
Kaburagi qu'il n'arriverait pas à gagner. Je me demande de manière sarcastique si, ça aussi, le système ne l'aurait pas anticipé ? Il est si facile de se perdre en conjectures, quand la solution pourrait tout simplement être que l'anime n'est pas parfait. Il n'en reste pas moins un excellent divertissement et une production animée originale, certes s'appuyant sur du vu et revu, mais pour proposer du bon contenu.