Synopsis :
Sumito remarque un jour, dans un parc, un jeune homme en larmes. Fasciné, il découvre qu'il s'agit de son nouveau professeur de littérature et développe un intérêt singulier pour lui. M. Someya va guider ses choix, partager avec lui son univers littéraire, et ses sentiments. Bien vite, Sumito se rendra compte de ce qu'il éprouve pour Someya, mais ce dernier le laissera-t-il approcher, alors que le jeune homme ne sait même pas pourquoi il pleurait dans le parc, en ce jour de printemps enneigé ?
- Boy's Love -
En septembre, les éditions Boy's Love nous ont donné l'occasion de découvrir Itz, une autrice éditée pour la première fois en France, en publiant deux de ses one-shots : Comme neige au soleil et Pas cet amour-là. C'est du premier que nous parlerons cette semaine, l'histoire du second présentant un autre couple mais se déroulant après les événements de Comme neige au soleil, qu'il est indispensable de lire d'abord.
Ce tome met en scène une histoire d'amour naissante entre un lycée et son professeur de littérature... Je m'étais lancée dans cette lecture avec des a priori, tout d'abord parce que le speech est assez classique, ensuite car je suis peu friande de la façon dont sont généralement traitées ces romances, dans lesquelles l'écart d'âge des personnages est important. Ce n'est finalement pas réellement sur cet aspect que s'est concentrée la mangaka, le statut de M. Someya servant plutôt d'excuse à celui-ci pour éviter d'avoir à exprimer les réelles raisons qui le poussent à fuir à tout prix cette relation.
En effet, le passé du jeune professeur et les blessures que celui-ci lui a laissées nous sont présentées rapidement mais de façon suffisante pour que l'on puisse comprendre le personnage et sa façon d'agir envers Sumito. Si la mentalité du lycéen lui permet d'accepter ses sentiments envers son professeur sans se poser trop de questions, ses amis lui facilitent la tâche en considérant comme totalement normal le fait qu'il pourrait avoir des sentiments envers un autre homme. L'homme en question, au contraire, se trouve pathétique de ne pas réussir à être hétéro et de ne pas pouvoir atteindre cette norme sociale à laquelle tous attendent qu'il se conforme : se marier avec une femme, fonder une famille... La pression qu'il subit et les événements de son passé le poussent à rejeter Sumito encore et encore, taisant ses propres sentiments, et sommant celui-ci de rester dans la norme pour pouvoir "être heureux". Face à la ténacité et à la force des sentiments du lycéen, Someya ne peut que finir par céder et accepte d'affronter, aux côtés de Sumito, ces regards et cette intolérance qui le terrifient tant, parvenant à laisser derrière lui les blessures du passé.
La relation des protagonistes est aussi douce que rafraîchissante, les deux se complétant bien : tandis que l'un est sociable, bruyant et souriant, l'autre est bien plus renfermé et raisonnable. Au final, ils s'entraident mutuellement : certes Sumito perturbe le quotidien tranquille du prof au milieu de ses bouquins, mais il essaie aussi de le pousser à s'ouvrir et à panser ses blessures. Someya, quant à lui, devient l'inspiration du lycéen, lui permettant de trouver ce qu'il souhaite faire de sa vie et le motivant à étudier. J'aurais cependant aimé voir le fait qu'ils soient tout deux de grands fans de littérature plus développé, cette passion commune donnant l'impression de n'être qu'une excuse pour se retrouver.
J'ai été tout de suite conquise par le trait fin et très délicat de Itz, le côté candide des sentiments de Sumito ressortant autant que leur profondeur. Les non-dits se devinent dans les expressions des personnages aussi bien que leur bonheur d'être ensemble se lit dans leurs sourires. Les dessins nous entraînent donc sans difficulté dans le tourbillon de leurs émotions. Les décors épurés, les paysages souvent blancs de neige et l'utilisation pertinente des trames créent une ambiance douce et propice à l'émotion, qu'on sent tout à fait maîtrisée. Le chara-design des protagonistes, aussi opposé que le sont leurs caractères, est agréable et cohérent avec leurs personnalités. Les mimiques de Sumito et ses sourires tantôt francs, tantôt malicieux, nous font rapidement nous attacher à ce personnage plein de vie, alors que de l'autre côté, le sérieux Someya reste assez froid et une certaine tristesse se ressent constamment sur son visage, même lorsqu'il sourit.
L'histoire étant plutôt courte et les événements s'étalant sur une année scolaire, l'autrice ne garde que les moments importants, lors desquels on peut voir leur relation évoluer. On sent que le tout est condensé, mais le rythme reste correct, la douceur émanant du récit compensant avec sa rapidité d'évolution.
Au final, Comme neige au soleil est une histoire qui parvient à nous toucher grâce à la qualité de son trait tout autant qu'à son scénario. Si le schéma reste classique, Itz parvient en seulement 150 pages à aborder des thèmes sociaux tout en développant une histoire d'amour délicate et un background suffisamment cohérent. Deux histoires courtes concluent ce tome, nous permettant de découvrir les talents de la mangaka sous d'autres angles. Et nous allons continuer sur cette lancée puisque je vous donne rendez-vous dans deux semaines pour parler de Pas cet amour-là, son second one-shot !