Synopsis :
D'un côté, Saeki : de jour, honnête employé du Ministère des sports, de l'éducation, de la science et technologie ; de nuit, aime enchaîner les puceaux hétéros innocents.
De l'autre côté, Honjô : de jour, élève prodige adulé par le pays, président du Conseil des Élèves, pressenti pour un projet d'échange universitaire créé par le gouvernement ; de nuit, une bête sauvage qui prend plaisir à faire oublier à Saeki ses tendances habituelles à l'aide de sexe torride.
Lorsque Saeki reçoit l'ordre d'enquêter secrètement sur la conduite de Honjô, il entre dans son lycée en se faisant passer pour un professeur. Mais il se retrouve vite démasqué par Honjô lui-même, qui lui propose un marché : s'il devient son partenaire pendant l'année qu'il passera au lycée, celui-ci ne révélera pas qu'il est au courant de son enquête…
-Boy's Love-
Bien qu'ayant une couverture relativement simple,
A Sweet Beast n'a pas manqué de m'attirer, tout d'abord grâce au trait de
Suji, qui de prime abord semble doux, sensuel et expressif, mais aussi parce qu'il est toujours plaisant de découvrir une nouvelle autrice fraîchement éditée en France et de se demander si l'on va accrocher à son style ou pas. Je ne laisse pas durer le suspens plus longtemps : j'ai accroché !
En plus de nous servir un couple mignon du début à la fin, le manga garde un ton joyeux et humoristique sur toutes les péripéties que vivent nos héros au sein du lycée : histoires de fantômes, conduite d'eau éventrée... Le côté comique de ce one-shot lui donne une touche agréable et légère, on passe un bon moment à le lire, sans aucune prise de tête. Les scènes de sexe sont nombreuses, détaillées et variées, mais sans prendre toute la place dans l'histoire pour autant. Le manga est dans l'ensemble bien équilibré scénaristiquement, sans être pour autant très novateur ou particulièrement remarquable par son suspens. Bien que l'autrice ne se focalise pas sur la psychologie des personnages, on ne se sent pas non plus spécialement éloignés d'eux au vu de la profondeur superficielle mais néanmoins correcte de l'histoire.
Bien que les personnages aient l'air tout à fait banals au début de l'histoire, leur développement est bien amené au fur et à mesure du tome. Chacun faisant mine de cacher leur véritable personnalité par un masque de perfection et de gentillesse, ils ont tendance à être peu honnêtes l'un envers l'autre et ne communiquent pas du tout leurs sentiments. On finit par comprendre que tout ceci n'est qu'une carapace et qu'ils sont en réalité tous deux fondamentalement gentils et prévenants envers les autres... et surtout entre eux.
Honjô, présenté comme le lycéen populaire charismatique, parfait et doué en tout point, se révèle avoir un caractère bien différent en privé. Insolent, plutôt dominateur et parfois un peu sadique, il est aussi très seul et semble avoir besoin de se raccrocher à quelqu'un de plus adulte que lui pour parvenir à gérer sa vie personnelle. Mis sous pression et écrasé par un système qui en attend beaucoup trop de celui qu'on surnomme le prodige, mais qui doit toute sa réussite à son travail acharné, Honjô compose sans relâche au détriment de sa santé. En effet, certains hommes politiques voient en lui un modèle à suivre et souhaitent en faire l'emblème des étudiants japonais à l'étranger, ce qui permettrait au jeune homme de réaliser son rêve de devenir chercheur. Il a donc beaucoup d'ambition, notamment parce qu'il en a assez d'être jugé sur son physique avantageux et non pas sur son travail et son intelligence, et il semble prêt à se faire manipuler exploiter par les adultes pour parvenir à ses fins.
Leur relation de "sex-friends" se construit sur beaucoup de non-dits sentimentaux et ils s'attachent peu à peu l'un à l'autre tout en étant persuadés que leurs sentiments ne sont pas réciproques. Saeki pense notamment être "transparent" sur ce qu'il ressent, ce qui nous fait doucement rire puisqu'il en est l'exact opposé. En tout cas, les deux hommes arrivent au fil des pages à se considérer mutuellement pour leur véritable personnalité et à ne pas voir uniquement le lycéen célèbre et l'enquêteur ministériel. C'est ainsi que sans s'en rendre compte, ils tombent amoureux. Si tout se fait naturellement pour le lycéen qui recherchait une figure presque paternelle en Saeki tout en souhaitant mener la danse, il n'en va pas de même pour le "professeur".
Très stable avant de rencontrer Honjô, heureux dans son travail et épanoui dans sa vie sexuelle bien qu'il doive cacher son homosexualité à ses collègues, il vivait pleinement sa vie de célibataire tellement beau gosse qu'il en "convertissait" des hommes hétéros en une nuit. Mais les choses se passèrent différemment avec Honjô, qui n'est ni hétéro, ni puceau, ni passif. En réalisant qu'il était en train de tomber amoureux d'un lycéen, il se sent très perturbé et obsédé par la situation, au point de l'embrasser durant son sommeil et de se masturber sur lui. Honjô, complètement exténué d'avoir écrit une "thèse" pour le ministère des finances en seulement quelques jours (je reste sceptique sur le choix de traduction de ce mot), pense être en train de rêver et se lâche complètement puisqu'il est certain qu'il n'y aucun aucune conséquence dans la réalité. Ainsi, il fait fi du consentement de son partenaire et se révèle être beaucoup plus dominateur qu'à son habitude. Un personnage donc très ambivalent et contradictoire, que son partenaire résumera comme quelqu'un qui se prend pour un adulte mais n'est encore qu'un enfant. En effet, face à un Saeki un peu plus âgé, et bien que celui-ci se laisse dominer lors de leurs relations sexuelles, Honjô parait manquer d'expérience de vie. Pour autant, leur relation reste saine et leur couple est au final complémentaire et très équilibré.
Pour ce qui est du dessin, les personnages sont plutôt classiques mais l'autrice a un style fin, élégant, avec des yeux tout en longueur et des visages bien proportionnés. J'ai aussi eu le plaisir de constater qu'il ne manque pas d'intensité émotionnelle (et sexuelle) : la tension physique est là !
Suji maîtrise parfaitement la représentation de l'excitation chez ses personnages, tout comme celle de leurs sentiments. De beaux personnages charismatiques, expressifs et passionnés suffisent à rendre les scènes captivantes et à rendre le couple attachant (mention spéciale au bonus en fin de tome lorsque Saeki prend des nudes avec son téléphone). On remarque que l'autrice est particulièrement focalisée sur la capacité qu'a Saeki de baver en toutes circonstances : un peu devant un mec qui lui plaît, énormément durant l'acte !
En conclusion,
A Sweet Beast est un one-shot aussi hot que drôle, léger et agréable à lire. Mais tout son mérite réside dans le fait d'arriver à conserver un scénario qui tient la route et un développement des personnages très correct au vu de la longueur du tome. Le style de dessin de l'autrice a su me conquérir, et c'est avec plaisir que je lirai les prochains titres de
Suji qui seront édités en France !