Attention, cette chronique porte sur une œuvre destinée à un public averti car elle contient des scènes particulièrement violentes ou sexuellement explicites.
I Hate est le premier volume relié de l'autrice,
NATSUME Kazki (déjà connue en France pour Mods). Ce one-shot est en réalité composé de deux histoires courtes ("I hate/I love" et "No where, no here"), qui ont lieu en même temps et se déroulent dans les mêmes villes. Dans les deux cas, les personnages étaient amis ou amoureux durant leurs années lycée, et ne se sont pas vus depuis de nombreuses années. Leurs retrouvailles vont perturber leurs quotidiens et faire remonter à la surface des sentiments qu'ils pensaient oubliés...
Les histoires sont courtes (surtout la première) mais nous laissent assez de temps pour nous attacher juste ce qu'il faut aux personnages. Nous sommes ainsi pris dans le déroulement des événements, qui s'enchaînent d'ailleurs à un rythme plutôt rapide même pour une histoire courte. Le passé et le thème du souvenir sous-tendent toute l'oeuvre et prennent une place relativement importante dans la narration. Ils nous permettent d'apprécier ce contexte partagé entre la nostalgie et la peur du changement, de l'inconnu et du futur.
Globalement le schéma est le même : dans les deux histoires, les
seme sont sûrs d'eux et de leurs sentiments puisqu'ils sont en réalité amoureux de leurs
uke respectifs depuis de nombreuses années. Les
uke quant à eux, et malgré leur âge qui approche la trentaine, ne semblent pas avoir connu l'amour et se découvrent des sentiments nouveaux, tout en prenant conscience de leur homosexualité. Au final les
seme sont insouciants et directs, et les
uke se prennent beaucoup la tête, voire angoissent à propos de ces nouvelles relations encore très floues. On nous montre donc deux couples plutôt semblables, formés chacun de personnages aux caractères très opposés.
Note : dans les yaoi, les termes uke et seme sont utilisés pour désigner respectivement le "dominé" ("bottom") et le "dominant" ("top") au sein d'un couple. Ces désignations ne sont pas le reflet de la réalité des relations homosexuelles.
Le trait de l'autrice est simple, je dirais même que le dessin brouillon parfois, mais cela donne une sorte de charme à ces personnages qu'on arrive pas toujours à saisir dans leur totalité. De telles histoires mériteraient plusieurs volumes pour pouvoir développer la psychologie des personnages et leur passé, tout en ralentissant le scénario.
Pour conclure, le synopsis nous promet une interrogation : "qu'est-ce que l'amour ?". Ce one-shot soulève sans aucun doute la question, sans nous y apporter de réponse pour autant. L'ambiance reste légère et le petit bonus de voir les deux couples se retrouver à la fin du manga, nous fait finir ce tome sur un ton agréable et joyeux.
Si vous avez apprécié
I Hate, je vous conseille de vous intéresser à
Nights Before Night, autre one-shot de l'autrice qui paraîtra cet été aux éditions
Boy's Love.