Voici le deuxième et dernier double tome de Kamen Rider, un manga de ISHINOMORI Shōtarō publié en 1971 dans le Weekly Shōnen Magazine de Kōdansha. Dans le précédent tome, nous avons assisté à la transformation en Kamen Rider de Takeshi Hongō, suite à son enlèvement par l'organisation Shocker qui modifia son corps pour en faire un androïde. Après avoir réussi à défaire quelques soldats mi-hommes mi-animaux de Shocker, Hongō apprend que l'organisation a envoyé 13 autres Riders à ses trousses.
Ce nouveau tome commence donc avec l'affrontement entre Kamen Rider et les 13 Riders de Shocker, ce qui entraînera la mise sur le carreau de Takeshi Hongō. Cette tournure assez inattendue engendre l'apparition du Kamen Rider n°2 en la personne de Hayato Ichimonji. Le scénario du manga diverge ainsi de celui de la série télé. L'apparition de ce nouveau Kamen Rider permet à l'auteur de faire le point sur les capacités hors du commun de notre héros en détaillant son équipement et ce qu'il lui apporte. L'auteur a, de plus, changé une partie du scénario qui prend ainsi une tournure plus dramatique et encré dans la réalité avec la présence du petit Koji, un enfant atteint d'une leucémie car ses parents ont été exposés aux radiations émises par une des bombes atomiques tombées sur le Japon à la fin de la seconde guerre mondiale. Shocker passe aussi à la vitesse supérieure avec le lancement de son projet de contrôle mental de l'humanité.
Les dessins sont toujours aussi beaux avec des combats fluides, dont on peut pleinement profiter avec un grand nombre de planches d'une case et de double pages. On regrettera tout de même l'apparition d'un nez disproportionné à la TEZUKA Osamu. Le manga est aussi devenu un peu plus comique avec certaines mimiques des personnages, des situations quelque peu loufoques (une horde d'indiens attaquant notre héros au milieu du Japon). Mais certaines scènes restent toujours assez crues, tel que Kamen Rider s'extirpant de la carcasse d'une baleine ou encore ce dernier n'hésitant pas à arracher les membres de ses adversaires.
Globalement nous avons ici un bon manga entre les mains, l'édition proposée par Isan Manga est toujours d'aussi bonne facture. L'apparence de Big Machine, la personnification de Shoker est bien pensé, le fait qu'il ne soit pas humain colle très bien avec le plan froid et inhumain de l'organisation. Le scénario tient la route, avec un plan de conquête du monde qui semble réalisable. On repère tout de même quelques problèmes sur le scénario avec les interventions de Ichimonji qui se stoppent brusquement après le 2ème chapitre ainsi qu'une sorte de retour en arrière dans l'histoire mal intégré, ce qui a tendance à perdre le lecteur. En conclusion, je dirais que ce tome finit agréablement une série qui a su se différencier de son support original tout en nous laissant réfléchir sur ce que l'intrigue aurait pu devenir si la technologie de Shocker avait été utilisée pour la médecine et l'écologie au lieu du contrôle et la domination.