Voilà bien des années que notre civilisation et ses trésors ont disparus. Toute espèce vivante semble s’être éteinte, à l’exception de quelques rares êtres humains. Les villes, autrefois complexes et ordonnées, se sont transformées en véritables labyrinthes en ruine. Les machines, désormais dépourvues d’entretiens, ont, quant à elle, peu à peu cessé de fonctionner. Deux jeunes filles parcourent ce monde sans fin, privées de but. À bord de leur autochenille préférée, Chito et Yūri errent au milieu des ruines. Suivez cette dystopie originale sur fond de fantastique qui traite de la fin du monde.
-Wakanim-
Si vous vous attendez à découvrir une tranche de vie tranquille et reposante au travers de Girls’ Last Tour, alors vous ne serez pas déçu. Par contre, vous risquez fort d’être surpris. Le monde que Chito et Yūri parcourent n’est pas seulement ravagé par la guerre, mais il est le résultat de plusieurs dizaines (centaines ?) d’années d'hyper-développement de la race humaine. Si c’est aussi marquant, c’est parce que chacune des aventures qu’elles vivent est directement relié à l’échec de la survie de notre civilisation actuelle. Ainsi, on remarque très vite l’absence totale de verdure et, d’une manière générale, de toute autre forme de vie. Pour dire, même les rencontres humaines se font rares. Quant au nombre de « mégalopoles étages » en ruine qu’elles grimpent sans relâche, douze épisodes ne suffiront pas à en couvrir la totalité, chacune comportant sa part de mystères.
Chito et Yūri questionnent sans cesse notre passé ainsi que leur présent. En tant qu’humains vivants en 2019, on ne peut que relier les événements entre eux et souhaiter leur apporter des réponses qu’elles n’entendront jamais. Dans tous les cas, elles ne les comprendraient certainement pas. Non pas que leur innocence les en empêcherait, mais les langues que nous parlons actuellement appartiennent à un passé beaucoup trop lointain. Nous nous trouvons dans le même monde, sans qu’il ne soit plus le nôtre. Plusieurs époques l’ont déjà traversé, jusqu’à retourner à un état où les technologies basiques ont disparu. Même la musique n’est plus. Une véritable dystopie construite de manière très propre. Au point qu'à chaque fin d’épisode, une seule question subsiste : mais comment l’humanité a-t-elle pu en arriver là ?
©Tsukumizu ©White Fox ©OZAKI Takaharu ©Wakanim
Vous l’aurez compris, Girls’ Last Tour, ce n’est pas juste une tranche de vie dans un monde futuriste. C’est aussi une série écologique. Contrairement à nombre de films animés ou de manga, il ne s’agit pas simplement de montrer la colère de la nature – puisqu’elle n’est plus – mais de nous crier « c’est là qu’on va, c’est le monde que nous laisserons à nos enfants ». La portée de ce message n’en est que plus profonde puisqu’il n’est pas moralisateur. À chaque instant de l’anime, nous sommes placés en tant qu’observateur et non pas en tant qu’acteur individuel de ce désastre.
Ces impressions sont aussi renforcées par les rencontres et les découvertes de Chito et Yūri. Avec elles, s’instaure un jeu d’émotions, dans lequel se côtoient les espoirs et les désillusions. Il résonne à chaque instant grâce au décalage de leur personnalité. L’une est prudente, l’autre tête brûlée et énergique. Elles sont complémentaires dans leur survie, ce qui leur permet d’aller toujours plus loin en comptant l’une sur l’autre. On en sait peu sur elles, mais ce sont avant tout leurs actions qui expriment leurs émotions, ce qui nous suffit à les comprendre et à nous attacher à elles. Les dialogues, quant à eux, sont réservés à de précieux instants d’échanges et en deviennent plus marquants. D’ailleurs, si leurs messages ont autant d’impact, c’est justement grâce à cette narration particulièrement juste et économisée.
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La bande-son composée par SUEHIRO Kenichiro (notamment connu pour avoir composé celle de Re:Zero - Starting Life in Another World) est très musicale, avec quelques chants de chorale féminine ou enfantine. De l’ensemble des pistes se dégage un sentiment de nostalgie prononcé et parfois renforcé par de légers effets de canons, de delays et les chorales. Il est d’ailleurs assez cocasse de remarquer combien cette bande-son est présente dans un univers où on ne sait plus ce qu’est la musique et à quoi elle pouvait bien servir. C’est aussi grâce à cette absence dans l’univers qu’elle prend finalement tout son sens.
En bref, Girls’ Last Tour est un anime qui exprime l’urgence de notre situation grâce à la tranche de vie. L’impact ressenti par les questionnements et la disparition totale de notre culture quotidienne est réussi. Les émotions nous sont transmises sans filtre ce qui, au-delà du choc, nous pousse à ouvrir les yeux. Au niveau de l’anime, on regrettera simplement la qualité irrégulière des backgrounds. Le restant étant de toute beauté et le scénario original. Si nous ne pourrons observer la fin de ce monde mystérieux, nous avons néanmoins toutes les clefs en main pour le comprendre. À nous d’ouvrir les meilleures portes !
Tous les épisodes sont disponibles sur le site de Wakanim : Girls' Last Tour