DanMachi est une série de lights novels scénarisée par
ŌMORI Fujino et illustrée par
YASUDA Suzuhito (
Durarara!!) depuis 2013. Son 15e volume a été commercialisé le 15 juin 2019 chez
GA Bunko. Il est adapté en manga par
Kunieda (10 volumes) et publié au Japon chez
Square Enix. En France, les 10 premiers volumes du light novel
DanMachi sont commercialisés chez
Ofelbe et le manga qui l'adapte l'est chez
Ototo.
Lors du printemps 2015, une
série animée de 13 épisodes animée par
J.C. STAFF a été diffusée. En 2017, c'est
Dan Machi: Sword Oratoria qui a été adapté par le même studio en 12 épisodes. Ces deux séries sont disponibles en VOD sur
Wakanim et en DVD/Blu-Ray chez
Black Box. En février 2019, le film d'animation
DanMachi: Arrow of the Orion est sorti dans les salles japonaises et desormais disponible sur
Wakanim. Lors de l'été 2019, c'est
DanMachi Familia Myth II qui a été diffusé au Japon et en France via
Wakanim.
Synopsis :
Dans la ville d'Orario, nombreux aventuriers intrépides partent à la conquête du sombre labyrinthe sous-terrain nommé Dungeon à la recherche de gloire et de fortune. Mais alors que la richesse et la renommée promise est suffisante pour insister à l'exploration du Dungeon, Bell Cranel, qui pourrait devenir un héros extraordinaire, a des plans bien plus important : Il veut draguer des filles !
Est-ce mal de faire face aux périls du Dungeon seul, dans une guilde d'un seul membre béni par une déesse oubliée ? Peut-être. Est ce mal de rêver de jouer au héros sauvant de malheureuses princesses sans défense dans le Dungeon ? Peut-être pas.
Après une aventure malencontreuse, Bell découvre rapidement que tout peut arriver dans les labyrinthes même des rencontres fortuites avec de belles jeunes femmes. Le seul problème ? Il est celui qui finit par devenir la demoiselle en détresse !
Sommaire :
ÉPISODE 1
C'est une saison attendue qui commence pour moi. Bien qu'on puisse reprocher à l'anime d'être un harem, il y a toutefois un grand nombre de qualités qu'on peut lui attribuer et qu'on peut approfondir, c'est pourquoi il reste l'un de mes animes et univers favori.
L'introduction de ce premier épisode nous expose le postulat de base : "jamais les humains et les monstres ne pourront vivre ensemble". En une seule phrase, la série pose son sujet, le reste de l'épisode le confirme mais toute l'intrigue semble tourner sur la relation entre la peuplade d'Orario et les monstres du donjon. Mais il ne s'agit pas de n'importe quels monstres puisque certains sont doués de conscience et de raison. Selon moi, ce n'était qu'une question de temps avant que cet élément scénaristique ne se mette en place : il y a des êtres doués de conscience sur leurs terres, dans les cieux et pourquoi pas dans les tréfonds du donjon. D'un autre côté, ce simple fait offre des possibilités très larges pour l'histoire, et un nombre incalculable de scénarios, sujets et questionnements sont désormais à explorer.
Pour un épisode d'ouverture, celui-ci remplit très bien sa fonction. Dès le début, on peut saisir de quoi va parler la saison et comme lors de tout bon film d'action, le spectateur est plongé dans le contexte grâce à une scène de combat intense, de manière à être mis sous tension pour la suite... Ce qui peut paraître étonnant puisque le reste de l'épisode, en dehors du donjon, pourrait être résumé en un mot : l'innocence. Ainsi, on observe clairement la différence entre la dangerosité et la tension constantes du donjon d'un côté, et le calme et la sérénité du foyer qu'est la familia d'Hestia de l'autre. À l'instar des saisons précédentes, l'auteur fait un effort quant à la mythologie : au sein de cette familia, les valeurs premières sont justement la compassion, la bienveillance et la tolérance. Ainsi, là est tout l'intérêt pour
Ouranos de laisser agir
Bell, sa famillia étant le lieu tout indiqué pour voir germer la graine de l'espoir.
Une expression de
Lili a retenu mon attention. En effet, elle parle des monstres comme des "ennemis de l'humanité" et je pense que dans ces quelques mots réside toute la tension du raisonnement de cette saison : doit-on être sans pitié avec nos ennemis ?
Wyne, bien que monstre, n'est clairement pas à cet instant l'ennemi de l'humanité. On peut tenter de s'interroger sur le fait de savoir à partir de quel moment "quelque chose" commence à devenir "quelqu'un", car ici, cette mutation est l'analogie du passage d'êtres enragés et insensibles, tueurs et violents, à personnes douées de la possibilité de raisonner et d'être raisonnées, mais surtout capables de ressentir. Et sur ce point, est-il juste de faire du mal à quelqu'un sur le simple prétexte qu'il soit l'ennemi ?
Deux points supplémentaires qui ne sont pas à négliger : la mythologie et ses références sont entièrement maîtrisées, c'est un plaisir à voir, tout comme le dessin et l'animation qui sont de haute qualité. La scène introductive est un bon exemple de la qualité visuelle globale de l'anime.
Hermes, comme le messager qu'il est, transmet au spectateur et à sa famillia ses craintes et évoque même peut-être un antagoniste :
Icelos étant dans la mythologie grecque un des Oneiro, il est l'esprit des cauchemars.
ÉPISODE 2
L'épisode commence en grandes pompes, la scène d'introduction est explicite et pleine de mauvaises intentions :
Dix qui se tient au sommet d'un amas de cages remplies de monstres, et
Icelos au visage malin et peu amical, tel est le point de départ du récit du jour.
Il est appréciable de voir que l'anime sait jouer avec différents registres, et les maîtrise bien. La scène lors de laquelle
Ryū et
Aisha débattent sur la vertu de
Bell est un astucieux mélange de tension et d'humour ; l'ambiance sonore, les expressions des personnages sont graves, et leur discours enflammé. Connaissant la personnalité et les capacités de ces deux femmes grâce aux saisons précédentes, on peut s'attendre à ce que la situation explose à tout moment ! Pourtant, cet instant est clairement contrasté par un habile jeu d'humour qui fait qu'on sent entièrement la tension qui pèse, mais qu'on ne peut pas s'empêcher d'esquisser un sourire,
Syl et
Bell faisant office d'éléments comiques.
Pour tous les moments d'action de cet épisode, voire de la série, je citerai
Bell : "c'est splendide". Mais ici, il ne sera pas au nombre de ceux qui s'illustrent. C'est très discret et implicite, mais lorsqu'il ne fait que s'interposer au lieu de trancher la vouivre qui menace
Lili, son acte est chargé de sens.
Bell et sa compassion sont-ils toujours en état de combattre des monstres, en sachant qu'il y a la possibilité que ceux-ci soient conscients et donc qu'ils puissent ressentir, comme nous, de la peur et de la douleur ?
Icelos est la personnification même du cauchemar, oppressant et sans pitié. Le dialogue entre
Hermes et
Icelos est sans doute l'un des moments les mieux tournés de la série.
Icelos demande sur un ton de défi si l'on pense vraiment qu'il pourrait être capable de répandre des cauchemars en ce monde, chose d'autant plus ironique quand on sait qu'il est le dieu même de ces cauchemars... c'est comme se demander si un couteau à la lame effilée serait capable de trancher.
Autant les éléments précédents sont subtils et sujets à interprétation, autant la fin de l'épisode laisse peu de doutes sur le fait que les moments de quiétude et d'insouciance sont sur le point de se terminer. Ayant lu
le roman, je suis impatient de voir la suite. Jusqu'ici, la production ne m'a déçu sur aucun point, l'animation et les dessins sont maîtrisés, l'histoire peu altérée par rapport au
support d'origine et de voir le résultat en images démontre une certaine qualité.
ÉPISODE 3
L'anime
DanMachi Familia Myth prend le parti de laisser un certain nombre d'éléments à l'interprétation du spectateur, et c'est souvent dans des scènes courtes mais excellemment orchestrées que l'on peut constater la profondeur des sujet amenés.
Mon propos se vérifie dès le début de l'épisode avec le tour d'effectif pour montrer à
Bell qu'il n'a pas à demander pardon d'avoir sauvé
Wyne. En effet, cette scène est un moyen rapide et efficace de rappeler au spectateur pourquoi et comment
Bell est intervenu à tour de rôle dans la vie de chacun des personnages. Ainsi, elle marque un ancrage sur le fait que
Bell a porté secours à
Wyne sur les mêmes principes moraux que lorsqu'il a affronté ennemis, monstres et familias pour ses camarades.
Il y a ce qui est dit et ce qui ne l'est pas : entre l'épisode précédent et celui-ci, on sent que
Bell fait preuve de bien plus de détermination lors des combats contre les monstres. On pourrait croire qu'il manque un morceau au récit, mais lorsque notre héros annonce qu'il protégera
Wyne "coûte que coûte", c'est à ce moment précis qu'on comprend que malgré son hésitation à abattre des monstres de sang froid à cause de ce doute persistant sur leur nature, il fera tout pour protéger les siens.
De plus, il y a ceux qui savent et ceux qui ignorent : on voit bien la distinction faite entre les dieux et les enfants lorsque la mission secrète est donnée à la familia de
Bell, et qu'
Hestia bénéficie d'une entrevue secrète avec
Ouranos. Alors que
Bell et son groupe sont obligés d'apprendre au compte goûte ce qui se passe, les dieux, soit ceux qui savent, abordent le sujet en plein dans le vif. C'est à mon sens une scène importante par rapport au personnage d'
Hestia : en se retrouvant face à
Ouranos de cette manière, seule et en privé, on voit apparaître tout le sérieux que l'on peut attendre d'une divinité concernée par les événements. Elle perd sont tempérament habituel pour arborer une posture et un visage graves propres à la situation : l'instant n'est en effet pas à l'amusement et au jeu des dieux, mais à agir justement en tant que divinité, en tant que sage. Alors qu'
Hestia peut paraître faible, elle fait preuve lors de cette entrevue d'un calme et d'un sérieux qui montrent justement en quoi les dieux sont supérieurs : ils en savent plus que le reste des autres races, et c'est justement ce que l'on attend d'eux. À cet instant précis, elle est l'égale d'
Ouranos, ils parlent comme de vieux confrères ; alors que la déesse est souvent rabaissée, c'est là dans sa fonction divine qu'on l'observe. Les deux divinités abordent cette discussion comme des stratèges qui échangent des informations, et la scène reste suffisamment bien construite cependant pour que le personnage d'
Hestia ne s'en retrouve pas dénaturé.
Concernant
Ouranos haut perché, il correspond parfaitement à son attribution mythologique : il se tient au dessus des autres, il est le père des dieux de la mythologie grecque, d'où sa vieillesse apparente ; il n'est ni plus ni moins que ce qu'il y a de plus haut, le ciel.
Nous y venons enfin, l'épisode est placé sous le signe de la tension. Les nombreux allers-retours entre l'entrevue des dieux qui expriment le nouveau cadre de l'univers, et le groupe de
Bell qui avance tant bien que mal dans le donjon, confirment le spectateur dans cette position de tension. L'épisode voit son apogée dans le combat entre Lido et le groupe de
Bell, finalement assez court mais d'une intensité explosive. L'effort mis au service d'une telle mise en scène de combat est la raison pour laquelle chaque spectateur qui apprécie l'action regarde
ce genre d'anime.
DanMachi, en fait, oscille habilement entre différentes ambiances pour proposer ce genre d'affrontements fins et propres aux moments propices. Les combats servent le récit, et celui-ci les amène avec brio.
Notons finalement que l'appellation des Xenos est directement un mot issu du grec, qui signifie littéralement "étrangers".
L'auteur, pourtant japonais, semble vouloir mettre à l'honneur une multiculturalité comme le montre la multitude de divinités présentées, mais on ne peut pas lui nier une préférence pour les divinités grecques, ce qui engendre leur surnombre. Cet appui constant sur la mythologie est appréciable et c'est ce qui fait en grande partie le charme de cette oeuvre.
ÉPISODE 4
Cet épisode met en exergue un paradoxe. Des humains, des elfes, des nains, et d’autres races semi-humaines vivent totalement en harmonie ensemble. Toutes ces races acceptent même le fait de vivre avec des dieux et de les côtoyer, par contre, il leur serait hors de question d’engager une discussion avec des monstres doués de raison. C’est suffisamment incohérent pour se demander si ce n’est pas volontaire de présenter les choses comme tel. Le questionnement sur le fait d'avoir une conscience ou non est justement le coeur de cet épisode.
Les intentions de Bell sont justement alimentées par son désir d'aider tout individu qui souffre.
L'histoire appuie sur le fait que des monstres, pourtant ennemis naturels, peuvent ressentir et être opprimés par la main des aventuriers, qui se prétendent pourtant gardiens d’un monde civilisé. Ouranos dit à ce sujet que les Xenoi se font autant attaquer par les aventuriers que par les monstres eux-mêmes. Ce peuple représente en fait la volonté et la nécessité d’une personne à faire parti d’un tout et être acceptée dans une société. C’est ce droit de vivre, ce droit d'exister que Bell devra défendre !
Ouranos fait une remarque intéressante : les enfants retournent au ciel et se réincarnent après, le ciel est lui-même une divinité en soi. Les Xenoi, eux, naissent dans le donjon qu’ils appellent leur "mère labyrinthe". Cela fait largement écho à la cosmogonie grecque avec Gaïa, la Terre, et Ouranos, le Ciel, qui sont les deux entités qui ont donné naissance à tout le panthéon de divinités grecques. Ainsi, la mention de “la volonté du donjon” est un terme fort qui signifierait que le donjon n’est pas qu’une grotte où naissent les monstres, mais bien une entité à part entière avec sa conscience et ses intentions.
Danmachi offre des prestations de très hautes qualités et arrive à transmettre des émotions et sentiments bien précis par de simples images : la poignée de main entre Bell et les monstres, la déchirure que provoquent les pleurs de tristesse de Wyne de devoir quitter Bell, et ce plan final sur le visage de Dix qui démontre une profonde malveillance et une sincère cruauté.
ÉPISODE 5
C'est un cauchemar pour les Xenos ! Et c'est bien le cas de le dire... La cruelle familia d'Icelos fait prendre un tournant choquant et dramatique au récit. Cet épisode expose l'élément perturbateur de l'arc : en effet, d'une situation relativement calme et paisible où Bell et les monstres scellaient leur alliance et laissaient prévoir un avenir positif, un horrible cauchemar commence.
L'introduction de l'épisode consiste en une scène qui ne me semble pas anodine. Dans
DanMachi, le minotaure semble être la créature qui matérialise un obstacle à franchir. En effet,
Bell se fait d'abord écraser par l'un d'eux avant de prendre sa revanche, moment emblématique de la série lors duquel notre héros se dépasse et devient réellement un aventurier. Ici, Dix se retrouve lui aussi face à un minotaure et pourtant le domine et l'abat avec une facilité et une froideur déconcertante. Ce n'est pas un parallèle avec
Bell qu'il faut y voir, mais plutôt que le minotaure semble être l'élément qui permet de montrer au spectateur les paliers de la puissance et de la détermination d'un personnage.
Cet épisode est l'occasion, avant de possibles grands bouleversements, de mettre en perspective les points de vue de plusieurs personnages à la volonté et aux idées bien différentes de celles de notre héros. Aiz, qui semble être au cœur de l'histoire puisqu'elle est dans le cœur de
Bell, nous apparaît seulement maintenant. Elle ne fait qu'une brève apparition et la fait dans un contexte de panique, mais ses mots sont aussi tranchants que sa lame : "tant qu'ils feront pleurer des gens, je continuerai de les exterminer". Elle ne semble pas au courant de l'existence des monstres doués de raison, mais a l'air de vouer une haine féroce à ceux qui font pleurer les gens. Il est intéressant d'observer la symétrie de point de vue entre les aventuriers et les Xenos :
Bell et sa volonté de paix se retrouvent en Lido ; Aiz et sa volonté d'extermination se retrouvent en Raignée et Gloss. Peu importe la manière, tous ces personnages veulent que leur peuple puisse vivre sans souffrance.
Tels une divinité des cieux, nous sommes des spectateurs omniscients et cet épisode nous offre le point de vue de tous les protagonistes, nous permettant de cette manière d'effectuer une revue des troupes et des forces en puissances dans la bataille qui s'annonce. Bataille qui aura d'ailleurs lieu tant sur le plan guerrier que politique. Une montée en tension comme celle-ci, dans cet anime, est de bonne augure pour la suite des événements. Bien que
Bell semble enfantin ou soit présenté comme tel par la série, on assiste réellement à une progression intellectuelle et psychologique des personnages. De plus, des enjeux qui font écho à notre monde actuel permettent à
DanMachi de conserver une atmosphère sérieuse et de proposer des réflexions concrètes, cette saison semblant se diriger vers la question de l'acceptation d'autrui ou d'autre peuples.
ÉPISODE 6
L'anime DanMachi a pris le parti de raconter beaucoup de choses en peu de temps : cela permet de rythmer le récit, mais beaucoup d'éléments du roman sont élagués au profit de l'action et de l'intrigue principale. Cette saison, comparée aux précédentes, est d'autant plus appréciable que les événements s'enchaînent de manière logique et fluide tout en parvenant à conserver l'essence du roman, ce qui était le point faible des deux premières saisons.
Cet épisode nous invite donc à aborder trois sujets : du lore à propos d'Orario et de la naissance de babel, l'évolution de l'intrigue principale, et l'évolution de bell en tant qu'homme et aventurier. Bell devient de plus en plus sûr de lui concernant ses convictions et la façon dont il doit agir. Cela se traduit par la détermination dont il fait preuve au moment où Ryū essaie de le retenir : une ligne qui a été tracée par Lido symbolise ce passage. Lorsque Bell la traverse, il passe d'un monde à l'autre, et tant pour le scénario que pour le personnage, il s'agit là d'un point de non retour. Bell, qui, de l'aveu de Ryū, est désormais un véritable aventurier, est à même de choisir sa voie et vers quelle cause diriger ses convictions. Il sait désormais, puisqu'ils le lui ont clairement exprimé, que ses compagnons seront avec lui car ils le suivent justement pour la qualité de ses choix et de ses convictions. Il est seul au moment de prendre sa décision, c'est en son âme et conscience qu'il se jette à la poursuite de Lido et rejoins les Xenos pour combattre Dix.
Cette détermination donne à Bell le potentiel pour transcender cette condition d'aventurier et se démarquer, la construction et la complexité du personnage tranchant avec le postulat de base de la saga, qui est de savoir ce qu'il y a de mal à vouloir sauver des femmes dans un donjon. Cette caricature est vaincue par le fait qu'il ne va pas sauver Wyne parce que c'est une princesse en détresse, mais parce que c'est juste ! Qu'elle soit un personnage féminin, et qui plus est sans défense, ne change rien au fait que l'on veuille que Wyne et ses camarades soient sauvés, et que ce soit Bell qui le fasse. Malgré ces archétypes, l'empathie créée par le scénario est réelle, parce que la quête de Bell n'est pas de sauver par amour, mais de le faire par compassion et altruisme pur.
Dix Perdix, quant à lui, représente un archétype classique de méchant qui garde la princesse dans son donjon. Son histoire nous révèle qu'il est tout aussi déterminé que Bell, mais qu'alors qu'il s'agit d'un choix pour ce dernier, Dix, lui, est contraint. Il n'est pas qu'un méchant, il est l'incarnation du mal, et ne doit pas être stoppé pour sauver Wyne mais bien pour interrompre toute la cruauté qu'il propage. Quand on sait que Perdix dans la mythologie est justement de la famille de Dedale, que Dedale est l'architecte et créateur du labyrinthe du minotaure et que grâce à une paire d'ailes il a réussi à s'envoler, on ne peut qu'admettre que le sujet est maîtrisé et savamment adapté. En effet, dans l'anime, Dedale est l'un des premiers aventuriers à bénéficier de la bénédiction divine et en particulier de celle d'Ouranos, dieu du ciel. De plus, il a ici aussi construit un labyrinthe pour concurrencer le donjon. Chaque nom, chaque terme a un sens et fait référence à la mythologie. Cnossos est le nom de cet édifice, référence au nom d'une cité grecque située sur l'île de Crète. Un aspect intéressant de ce personnage, qui peut paraître anodin au premier abord, est le fait qu'il soit de niveau 5 : on peut y voir alors un parallèle avec Aiz, qui est un exemple à atteindre, un idéal, le niveau auquel il aspire, tandis que Dix est justement tout l'inverse, un personnage détestable et un obstacle à surmonter.
L'ensemble de ces détails feraient presque passer l'intrigue principale pour anecdotique. Cet arc est non seulement celui que je préfère, mais aussi le plus ambitieux. Le sérieux est de mise et nous sommes bien loin de la question comique initiale : Is It Wrong to Try to Pick Up Girls in a Dungeon?. Dans le cas présent, la réponse est évidente : Bell doit porter secours à
Wyne !
ÉPISODE 7
L'épisode continue ce qu'il a entrepris : un combat s'engage entre
Bell et
Dix, et bien plus qu'une scène d'action haletante, c'est en réalité un débat d'idées qui se glisse entre les images. Du point de vue du scénario, cet affrontement rappelle celui contre
Hyakinthos, on voit alors les progrès martiaux de
Bell, mais l'enjeu n'est pas le même.
Dix est bien plus cruel, et l'animation comme le dessin permettent de faire ressortir cet aspect à l'extrême, on constate qu'il prend du plaisir à faire souffrir. Comme le mentionne
Icelos très justement, "il est la personnification des songes bestiaux", et si
Icelos jette son dévolu sur
Dix c'est parce que celui-ci vit littéralement un cauchemar : il est prisonnier de son destin.
Bell prononce une phrase forte, qui résume en quelques mots ce qu'incarne son personnage et sa profonde conviction : il sera là pour quiconque a besoin d'aide. C'est cette idée qui a germé contre vents et marées depuis le début de la série, mais cet arc se présente comme l'aboutissement de ce choix.
Bell n'est plus motivé par le seul fait de vouloir rattraper celle qu'il aime, mais plutôt par celui de protéger ceux qui en ont besoin. Il n'est plus seulement question de niveaux et de paliers à dépasser, et le combat le montre bien : par la force de ses convictions,
Bell rivalise avec un niveau 5 malgré son niveau 3.
Bien que la question de savoir s'il est possible de combattre ses instincts, illustrée au travers de
Wyne et
Lido luttant pour stopper leur frénésie meurtrière, soit présente dans la dernière scène de l'épisode, celle-ci est en une minute plus éloquente et plus importante que tout le reste de la série. Bien évidemment, l'impact qu'elle provoque ne serait pas aussi retentissant sans le reste de l'œuvre, mais à cet instant précis, l'anime prend une tournure grave et sérieuse. Si je ne devais analyser qu'une chose de toute la saison, ce serait cette scène précise. En l'occurrence,
Bell se retrouve à devoir prendre l'une des décisions les plus compliquées de sa vie. En lui raisonnent les paroles malveillantes de Dix, qui ne sont qu'une mise au défi puérile mais restent pourtant si pertinentes.
Bell suit un crédo, mais face à tout ce qu'il a construit jusqu'alors, est-il capable de tenir bon quant à ses valeurs et sa détermination si cela implique de causer du tort à lui et à ses proches, de s'aliéner la population, et surtout de s'opposer à celle qu'il aime tant, elle qui lui permet d'être l'homme et le guerrier qu'il est ? De plus, s'opposer à la familia
Loki, c'est s'opposer à ceux qui font autorité dans la cité.
Le sujet ici n'est pas de savoir si
Bell va réussir à se sortir de cette mauvaise passe, ce moment n'est pas une péripétie parmi tant d'autres servant à épicer le récit. Il s'agit de savoir et montrer que parfois dans la vie certains événements viennent bouleverser ce en quoi l'on croit profondément, et que lorsque ça arrive, il faut réussir à déterminer ce qui est le plus important entre ses convictions et le regard des autres, quitte à devoir les affronter.
Une question demeure cependant, même si nous en apprendrons certainement la réponse plus tard : qu'en est-il de la compétence qui fait progresser
Bell plus vite que la normale "tant que le désir est présent" ? Les intérêts d'
Aiz et
Bell semblent désormais s'opposer... ce désir est-il est exclusivement centré sur la personne pour qui
Bell ressent de l'amour, ou s'agit-il d'un désir universel, par exemple le désir de protéger ceux qui en ont besoin ?
ÉPISODE 8
Voilà de nouveau un épisode rempli d'action et d'émotion, toujours aussi magistralement exécuté.
On sent néanmoins les limites d'une telle production : l'animation n'est pas parfaite et c'est bien dommage pour les combats proposés. Malgré cette défaillance, l'intensité des affrontements et les intentions des autres scènes sont transmises, c'est le cas notamment pour la mort de
Wyne. Ce sont les pensées qui se présentent dans l'esprit du spectateur car l'anime concentre toute son énergie à produire des temps forts de toute beauté et parfaitement exécutés. Ainsi,
Aiz se déplace et combat avec toute la grâce qui lui est propre, et le minotaure fait preuve d'une fluidité parfaite malgré son gabarit contraignant.
Le minotaure "arrive à rivaliser avec
Aiz ", la puissance d'
Aiz est vantée depuis 3 saisons, et
un spin-of lui est consacré, pour justement mettre en valeur les compétences exceptionnelles de la jeune femme. Par ces simples mots prononcés par
Riveria, vice-capitaine de familia à la puissance toute aussi grande, la côte du minotaure monte en flèche et permet au spectateur de réaliser en quelques secondes, si ce n'était pas déjà le cas, que ce combat est important et constitue une charnière dans le récit. Il permet d'éprouver
Aiz elle-même et sa familia toute entière. De plus, on sait depuis bien longtemps que le minotaure est une figure emblématique de la série : dès que l'un d'eux apparaît, c'est pour soumettre au spectateur une idée ou un raisonnement. Ici, c'est
Aiz qui se heurte en un-contre-un face à un ennemi des plus puissants et, qui plus est, semblant prendre plaisir à combattre contre des forts : c'est une collision entre une femme en quête de puissance et un individu qui la recherche tout autant.
Je suis empli d'un soulagement et d'une grande critique à propos de la mort de
Wyne, mais je félicite à la fois cette même scène et les émotions qu'elle transmet. À travers le sort de
Fels, on voit encore la maîtrise qu'a l'auteur des mythes grecs, en l'occurrence
le mythe d'Orphée, qui est aussi le
Deus Ex Machina de la saison.
Fels fait appel à un pouvoir qui est justement de l'ordre du divin. Ce qui me chagrine, c'est qu'avec un tel pouvoir et une existence d'environ 800 ans,
Fels ne soit pas capable de renverser la situation en combat contre des aventuriers. Qu'un tel outil scénaristique soit mis entre ses mains le fait perdre en intensité. À l'inverse, là où l'anime arrive à toucher le spectateur en plein cœur, c'est dans l'ascenseur émotionnel que vit et transmet
Bell : tant de tristesse, transformée en tant de joie... Une mise en scène aussi classique et qui se termine si bien pourrait être facilement critiquée, mais les sentiments et émotions qu'elle dégage sont très forts.
Si cette aventure est terminée et que la princesse est sauvée, ce n'est pas une fin heureuse pour autant. La conclusion de l'épisode nous prévient :
Bell a encore bien des problèmes à surmonter.
ÉPISODE 9
Un nouvel épisode qui sert à faire le lien entre les deux arcs : à la fois l'épilogue de l'histoire précédente et le prologue de la suivante. Ainsi, le spectateur suit le trouble interne de Bell qui doit faire face aux conséquences de son choix. Ce choix qui aura eu un impact bien plus grand que sa seule personne, puisque toute la cité en a fait les frais. La problématique de cet épisode est donc de savoir comment vont se dérouler les événements avec des monstres doués de raison et qui se cachent dans les rues d'Orario.
Un épisode calme et sans grande révélation, surtout démonstratif. On fait le tour des divers protagonistes de la cité pour nous présenter et ouvrir la suite des événements : une réelle opposition entre la familia Loki et Hestia se prépare. En termes de puissance, la familia Loki détient un avantage écrasant et la résolution de cette intrigue se présente autrement que l'anéantissement pur et simple des ambitions du héros. C'est ce sur quoi vont probablement traiter les derniers épisodes de la saison.
Alors que le reste de la saison était centré sur une introspection de
Bell, cet épisode est l'occasion de remettre en avant des personnages restés en retrait pour le moment. Ils prendront surement place dans le conflit et l'intrigue à venir. En attendant le prochain épisode, seules des conjectures sont permises... Quoi qu'il en soit, l'anime se dirige vers une rupture, un changement de paysage dans la ville d'Orario, suite à une potentielle révélation de l'existence des Xenos ; sinon vers un statut quo et un retour des Xenos vers le donjon. J'espère en tous cas que le récit saura surprendre le spectateur et proposer des réflexions comme il a su le faire jusqu'à présent.
ÉPISODE 10 - 11
On ne peut que se réjouir du fait que la fuite soit le seul objectif de la troupe de Xenos, parce qu'avec autant de moyens déployés, tant au niveau des individus que du matériel, il est tout de même extrêmement difficile pour les protagonistes d'atteindre le donjon et de s'opposer à la famillia de
Loki. Cette chasse à l'homme permet aussi de rappeler des personnages qui étaient restés en retrait tout au long de la saison. Cela met en évidence une carence de l'anime par rapport au roman : certains personnages sont mal introduits ou trop peu mis en lumière, alors qu'il est plaisant de revoir d'autres personnages en action.
Il est toujours aussi agréable de voir que certaines répliques sont chargées de double sens, par exemple lorsque
Tiona dit que "les autres sont moins bêtes" qu'elle en laissant s'échapper
Wyne, car il est absurde de laisser partir un trouble fête recherché et de prendre le risque qu'il cause un malheur. Pourtant,
Tiona est loin d'être bête et le prouve dans la scène précédente en comprenant les agissements et les intentions de
Wyne en une fraction de seconde.
Les confrontations physiques et verbales impliquant soit
Bell soit
Aiz sont toujours un plaisir pour les yeux, cependant elles transmettent souvent un message. Ici, ces deux protagonistes s'affrontent pour leurs convictions et leurs certitudes, et ça ne pouvait que donner lieu à une scène magistrale. En effet, c'est dans ces moments que l'anime est sublime dans sa réalisation : l'ambiance musicale et les trames graphiques sont agencées de manière à transmettre toute l'intensité du combat ainsi que la valeur de la scène en question. Le spectateur ne peut qu'être tendu car de ce combat résultera une rupture irréversible, aucun des deux points de vue ne peut subsister si l'autre l'emporte :
Bell en faveur des Xenos,
Aiz haïssant les monstres. La différence de force est flagrante, néanmoins ce n'est pas par la puissance que le débat se termine mais bien par un affrontement d'idéologie entre
Wyne et
Aiz. Cette dernière, pourtant monolithe inflexible, rompt avec ses certitudes, s'avoue vaincue et donne raison à
Bell. Finalement, le combat entre
Bell et
Aiz n'est qu'un prétexte à la rencontre entre
Aiz et
Wyne : lors de ce court moment, ce sont elles qui deviennent les personnages principaux de l'histoire. Elles n'ont pas besoin d'un héros comme interprète et se hissent au premier plan, ce qui renforce d'autant plus la gravité de la scène. L'abnégation de
Wyne n'est clairement pas un trait que l'on prêterait à une demoiselle en détresse. Par sa détermination, elle se défend elle-même contre les certitudes d'
Aiz, mais aussi de
Bell et de tous les autres Xenos. A ce moment, c'est
Bell qui est en difficulté.
L'élément le plus énigmatique réside dans la déclaration d'
Hermes à la toute fin, ses propos sont des plus tranchants et des plus mystérieux. Venant de ce personnage, ça ne peut pas être aussi simple, nous verrons bien ce dont il en retourne, mais selon moi ce n'est qu'une phrase à double sens. Il ne parle, je l'espère, pas d'une mort au sens littéral. Sinon, pourquoi s'être donné autant de mal pour le plan des derniers épisodes et la préservation des Xenos ?
ÉPISODE 12
Alors que ce n'était qu'un murmure jusqu'à présent, Asterios est la preuve irréfutable de la réincarnation des monstres du donjon !
C'est seulement maintenant que la saison s'achève qu'il est possible de constater la complexité et la technicité du récit. Freya et Ottar sont restés en retrait pendant toute la saison. Ils se tenaient là, dans un coin de l'esprit du spectateur, en attendant de surgir. Ils représentaient cette sensation désagréable durant toute la saison d'avoir quelque chose de flagrant à portée, tout en ayant l'impossibilité de mettre le doigt dessus. Leur présence pousse le spectateur à se questionner une fraction de seconde avant de couper court et de passer à autre chose, empêchant ainsi de laisser germer la réflexion autour d'Asterios et de son origine. Lors d'un précédent épisode, les phrases que s'adressent Freya et Ottar ajoutent à cette sensation qui s'échappe l'instant d'après. Tout ce procédé pour pouvoir révéler d'un seul coup l'idée qui dormait depuis 11 épisodes dans l'esprit du spectateur et lui faire prononcer que c'était pourtant évident. Asterios est celui qui a fait de Bell un héros !
Une technique scénaristique des plus intéressantes : le plan d'Hermes est censé se dérouler dans un combat entre Bell et Gloss, combat monté de toutes pièces, afin de redorer le blason de Bell. Non seulement Bell ne respecte pas le plan tracé pour lui, mais en plus le combat prévu ne peut pas avoir lieu. Dans un récit classique, on aurait vu ce combat se dérouler et une morale en découler avant d'y trouver une fin heureuse où tout est beau dans le meilleur des mondes. Pourtant, l'arrivée d' Asterios change la donne et permet instantanément au plan d'Hermes d'aboutir malgré tout, mais aussi de faire avancer une tout autre intrigue.
Contrairement à ce qu'expose Hermes, rien n'a dérapé, le plan de Freya se déroule comme elle le prévoit. Dans les mythes dont elle est issue, elle est la première des Valkyries en quête constante de guerriers à emporter au
Valhalla afin de combattre lors du Ragnarök. Dans cet objectif, ces créatures redoutables ivres de tueries et de carnages telles des amazones sauvages ou des déesses sanguinaires avaient plaisir à s'enivrer de la vision des membres arrachés et des blessures gorgées de sang. Et ces terribles vierges tuaient parfois elles-mêmes les guerriers afin de pouvoir les choyer au
Valhalla !
Ce qui correspond en tout point à l'une des facettes de Freya dans DanMachi.
Ainsi, la frustration du spectateur de se voir arracher une scène d'action haletante et chargée d'une morale bienveillante est remplacée par un affrontement bien plus intense et aux répercussions bien plus grandes encore que n'importe quelle mise en scène. Il n'y a que celui qui a valu à Bell de devenir un héros pour rendre son titre à celui qui le mérite, c'est pourquoi Asterios est l'adversaire tout indiqué pour revaloriser Bell en insufflant un ton épique à l'épisode. La tension de l'anime est à son acmé, le parallèle entre ce moment et celui dans le donjon ajoute à cette pression. En se souvenant du premier combat de Bell contre le minotaure, le spectateur a déjà le goût et les sentiment de cette fois précédente afin d'apprécier d'autant plus le moment présent. Et quel combat, c'est à couper le souffle ! La réalisation permet de sentir la naissance d'un héros, non pas un simple guerrier, mais bel et bien un individu capable de se transcender et de combattre pour des intérêts supérieurs.
Bell déjoue même les plans des dieux. Un dieu est censé représenter le destin, l'impossibilité accablante de s'extraire d'une ligne tracée pour nous depuis bien longtemps. Bell casse pourtant ce fil qu'Hermes a dessiné pour lui afin de se libérer du rôle qu'on lui a confié car il a des convictions et des valeurs qui, à elles seules, guident ses pas et ses actions, non les dieux, non plus le destin. De manière plus subtile, les plans d'une déesse nordique et d'un dieu grec qui s'entremêlent et se dénouent mettent en évidence une opposition discrète entre ces deux mythologies dans la série.
Cette série renferme pour moi l'un des univers les plus intéressants que j'ai pu voir. Certes, la mythologie y est déformée, mais bien plus que ça, elle est interprétée, permettant d'avoir un récit riche tout en gardant l'essence de ce que représentent les mythes et légendes qui inspirent Danmachi. Une alchimie parfaite est ainsi opérée entre le genre shō
nen et les épopées des héros mythologiques. C'est une réussite tant au niveau scénaristique que graphique, les deux ayant une interdépendance qui mène à une émulation positive et pousse l'anime vers les meilleures productions. Le gros point faible de la série étant que c'est une adaptation, pas une mauvaise bien évidemment, toutefois il est inévitable de manquer ou ôter certains éléments qui sont pourtant intéressants de l'oeuvre d'origine.