Attention, cette chronique porte sur une œuvre destinée à un public averti car elle contient des scènes particulièrement violentes ou sexuellement explicites.
Miyamoto Musashi continue de réaliser l’impossible en devant affronter trois démons à la fois, alors qu'aucun humain n'a encore réussi à en battre un seul. Mais pas seulement ! Une autre de ses cibles est une ninja d'Onshin, Regina, ainsi qu'une entité encore tapie dans l'ombre. Heureusement, il peut compter sur la protection offerte par l’armure Sanetzka mais surtout sur son talent au combat.
Nous en apprenons d’ailleurs beaucoup plus sur son passé. Son père tyrannique l'a entraîné de force dans l’art du combat, allant jusqu'à le forcer à se battre contre les personnes de passage, soit pour prouver la valeur de son entraînement, soit, plus tristement, pour que son fils meurt afin de ne plus l’avoir à charge... Miyamoto lui-même fera un rapprochement entre sa vie, forcer par son père à se vouer au combat depuis son plus jeune âge, et celle de Regina, la jeune femme devenue ninja d’Onshin qui a dû se plonger corps et âme dans la religion pour suivre la voie de son père.
N'oublions pas que les démons que doit affronter Miyamoto sont nés de la purge des chrétiens au Japon, et que la jeune Regina l'a également subie de manière particulièrement horrible. Mais le fanatisme religieux des démons devenu martyres finira par se retourner contre eux. Alors qu'ils ont perdu espoir, Miyamoto, lui aussi victime d'un fanatisme, celui de l'art de la guerre, continue d'aller de l'avant, sans pour autant renier ce qu'il a appris en essayant de créer sa propre voix. Le tout fait de l'arc de Miyomoto Musashi une histoire inspirante.
Le second arc du tome, qui est le septième de la série, nous présente deux nouveaux personnages : Yorimizu Suwa, seigneur vivant dans le château de Takashima, et Teya, une jeune femme vivant de la pêche aux abords du-dit château. Comme pour l’arc de Miyamoto Musashi, l’auteur
YAMAGUCHI Takayuki profite de l’occasion pour mettre sur le tapis un autre pan de l'histoire japonaise rarement mis en avant.
Après la purge des chrétiens, nous voici confrontés à l’esclavage des coréens d’après-guerre. En effet, Teya, de son vrai nom Taeyang, est une coréenne ayant été faite prisonnière et vivant en esclave au sein d'une famille du village d'Unawa. Nous comprenons également le côté intouchable du seigneur local : alors que celui-ci vient de faire un massacre dans le village, les villageois vont accuser les serfs sans maîtres, de parfaits boucs émissaires vivant en reclus sur des radeaux, dont fait partie Tsumugu, le fiancé de Teya.
L'arc ne faisant que débuter, il est difficile de voir où va nous amener l'auteur. Qu'adviendra-t-il de Teya et Tsumugu face au seigneur Yorimizu Sewa ? Teya reniera-t-elle ses origines et son fiancé pour le confort d'une vie de château ? Ou le seigneur la torturera-t-il pour faire flancher son fiancé ?
Sous la grande violence de l'œuvre,
YAMAGUCHI Takayuki parvient à développer une histoire très intéressante intégrant de nombreux thèmes rares dans les mangas : le massacre que fut la bataille de Sekigahara, la purge des chrétiens, les esclaves de guerre, les seigneurs intouchables, les serfs sans maîtres, le tout en permettant une réflexion sur le bienfondé des motivations des deux camps.