Le film est servi par une bonne réalisation, le passage d’un personnage à l'autre est fluide, sans coupe brusque. De plus, le temps alloué à chacun d’entre eux est bien équilibré, accordant la même valeur émotionnelle à chacune de leurs histoires. La durée de chaque scène est également suffisamment longue pour bien nous expliquer les tenants et aboutissants du moment tout en étant assez courte pour ne pas occulter une histoire au profit d’une autre.
Le jeu des acteurs joue pour beaucoup dans l'appréciation du film et on peut dire que celui qui se démarque le plus du lot est le jeune acteur KABE Amon. Il interprète SAKURAI Hiroya, un jeune autiste scolarisé à Cheery Hill dans une section spécialisée et qui croisera le chemin de SASAKI Akiko. Les troubles les plus connus associés à l’autisme sont très bien joués :
- Il ne regarde pas les personnes directement dans les yeux ;
- Il fait des mouvements qui ne nous semblent pas logiques ;
- Il panique à l’extrême en cas de problème, même mineur, pouvant dérégler son quotidien : un plateau repas renversé, une perte d’objet, etc. ;
- Même sa manière de prendre les objets qu’on lui donne est très convaincante, ne le prenant que du bout des doigts, l’agitant, le tapant sur quelque chose, analysant ses contours, etc.
Très franchement, je me suis demandé pendant une grande partie du film si le réalisateur n’avait pas engagé un vrai autiste pour le rôle.
L’actrice KITA Michie dans le rôle de SASAKI Akiko n’est pas en reste, interprétant une dame dont les premiers troubles de la maladie d’Alzheimer commencent à apparaître. Bien qu’elle reste joviale, nous lisons sur son visage qu’elle-même pressent un problème, surtout lorsque les gens lui parlent et que celui-ci s’assombrit en proie à une sorte de panique, due à l'incompréhension de ce qu'on lui explique et à une certaine peur de la personne qui lui adresse la parole.
Quant à l’interprétation toute en nuances du couple mère-fille incarné par ONO Machiko et MIYAKE Noa, elle est touchante. Ce ne sont pas simplement les marques sur le corps de la petite MIZUKI Ayane qui nous font comprendre qu’elle est battue, mais également sa gestuelle : elle se protège à la moindre bêtise, les regards paniqués qu’elle lance à sa mère dès que celle-ci hausse le ton... Mais, malgré tout, la petite fille s’inquiète pour sa mère qu’elle aime. ONO Machiko interprète MIZUKI Masami, la mère violente. Elle exprime bien les inquiétudes et la tristesse qu’engendre ce genre de comportement, essayant de cacher les marques de sa fille, cherchant les possibles sous-entendus que son entourage pourrait faire. On retiendra notamment ses regrets et le fait qu’elle soit désemparée face à ses propres actes.
Pour finir, KORA Kengo, jouant le rôle du jeune professeur OKANO Tasuku, nous offre une bonne interprétation, son humeur joviale se laissant peu à peu atteindre par ses doutes. Peu importe ses actions, il semble toujours opter pour le mauvais choix : s’il reste naturel, les parents d’élèves lui reprochent de faire peur à certains enfants plus sensibles que d’autres ; s’il écoute les conseils de ses aînés, à la fois désuets et trop simplistes par rapport à ce qu’il doit affronter, les élèves les plus turbulents finissent par prendre le dessus. Alors que faire ?
Being Good est un très bon film, abordant beaucoup de sujets difficiles et humains : la maladie d’Alzheimer et le regard des autres, comment vivre avec un enfant autiste, la violence envers les enfants et la souffrance engendrée pour les deux parties ou encore l’autorité et les devoirs d’un professeur. Le tout servi par une réalisation toute en finesse et équilibrée avec des acteurs très convaincants et une performance étonnante de l’excellent jeune acteur KABE Amon. De plus, contrairement à beaucoup de films tire-larmes, celui-ci nous offre une fin pleine d’espoir. Je vous invite donc à visionner ce film dès que possible ! Il est disponible légalement en France sur la plateforme de cinéma à la demande OutBuster.