Attention, cette chronique porte sur une œuvre destinée à un public averti car elle contient des scènes particulièrement violentes ou sexuellement explicites.
Château Rouge est le premier roman
érotique des éditions
Atelier Akatombo. Écrit par
WATANABE Junichi, un écrivain japonais réputé dans le domaine, auteur de nombreux romans et essais,
Château Rouge est sa première oeuvre à arriver dans l'hexagone depuis le 11 novembre 2020. A noter que le 2 décembre 2020, les éditions
Atelier Akatombo ont publié leur 2e roman
érotique,
Langue de vipère de
UKAMI Ayano.
Synopsis :
Katsuhiko, brillant chirurgien issu d’un milieu défavorisé, se meurt d’amour pour... sa femme. En effet, Tsukiko, sa superbe et riche épouse, se refuse à lui depuis trop longtemps. Il cherche une issue. Et le couple prend l’avion pour Paris.
Katsuhiko devra s’aventurer jusque sur les bords de la Loire pour découvrir qu’entre sensualité et obscénité, la frontière est mince. D’autant que, lorsqu’une faille émotionnelle et sexuelle commence à se creuser entre un homme et une femme, il est extrêmement difficile de faire marche arrière.
Étant un lecteur régulier de la collection
Daitan! des éditions
Meian ou les
yaoi de
Boy's Love pour les
Lundi Yaoi, on peut dire que je suis habitué aux lectures... sulfureuses, je n'avais toutefois jamais lu de roman érotique. C'est donc intrigué (et déjà préparé) que je me suis lancé dans la lecture de
Château Rouge.
Nous suivons Katsuhiko, un médecin japonais qui a organisé l'enlèvement de sa femme afin que celle-ci soit dressée pour qu'elle s'ouvre enfin à ses désirs sexuels. Mais ce souhait ne risque-t-il pas de se retourner contre lui ?
Autant le dire de suite, l'oeuvre n'a rien d'un polar, notre personnage laisse tellement d'indices derrière lui qu'un policier digne de ce nom, comme
Himekawa Reiko dans
Rouge est la nuit, retrouverait Tsukiko après trois chapitres. Comme recevoir des fax non-cryptés des ravisseurs dans sa chambre d'hôtel...
Château Rouge nous fait surtout suivre le questionnement de Katsuhiko face à ses actes et à ce qu'il fait subir à sa femme. L'architecture de l'histoire est assez simple :
- Exposition de la situation, Katsuhiko nous décrit ce qu'il vit et comment il le gère : le stress de son entourage, son travail, ses doutes face à ses actions, s'amuser et se questionner sur les différences entre le français et le japonais, la religion, etc.
- Ensuite, nous assistons avec lui à l'une des séances de dressage de sa femme, les ravisseurs allant de plus en plus loin sexuellement au fil du récit.
- Puis Katsuhiko sortira généralement outré de ce qu'il vient de voir et essaiera de trouver une logique dans le comportement des ravisseurs, celui de sa femme, et des femmes en général.
Certains questionnements de Katsuhiko sont particulièrement intéressants, je n'aurais jamais cru que l'on pouvait autant s'attarder sur la symbolique des portes et de l'énorme différence que celles-ci ont entre l'Europe et le Japon. Sans parler de la longue, très longue, liste de synonymes qu'a la langue française pour designer le sexe féminin, et le fossé culturel que l'absence de ces différentes appellations en japonais implique.
Château Rouge nous maintient dans la lecture avec un élément capital : à quel point Tsukiko va-t-elle sortir changée de ces expériences et Katsuhiko va-t-il avoir un retour de bâton pour ses actes ?
Si Katsuhiko souffre psychologiquement de ce qu'il fait subir à sa femme, doute, angoisse, fascination, regret, colère, le médecin traversera de nombreuses étapes. Toutefois, étant spectateur au même titre que Katsuhiko, nous ne pouvons que supposer de ce que ressent réellement Tsukiko, mais surtout nous ne savons pas si elle connait l'implication de son mari dans ce qu'elle subit. Toutes ces réponses arriveront lors du dénouement, puisque la libération de Tsukiko signifiera également la libération de sa parole.