Dans le cadre du
festival Kinotayo qui se déroule de novembre 2018 à février 2019, nous avons pu, grâce aux organisateurs, assister à la projection du film
Love at Least, adaptation d'un roman de
MOTOYA Yukiko, réalisé par
SEKINE Kōsai et produit par
KlockWorx avec
SUDA Masaki et
Shuri.
Nous suivons le quotidien de
Yasuko (
Shuri) et
Tsunaki (
SUDA Masaki).
Yasuko est une jeune femme souffrant d'hypersomnie, un mal se rapprochant de la dépression, qui la fait ressentir une fatigue permanente la clouant au lit.
Tsunaki est un jeune homme travaillant comme rédacteur dans un magazine people, dont le prochain article le travaille beaucoup psychologiquement.
Le premier point qui marque dans le film est sa photographie, à la fois colorée et surchargée. Ce n’est pas à prendre comme un défaut, car elle ouvre un nouvel angle de la narration. Par exemple, dans la chambre de
Yasuko, les détritus côtoient une horde de réveils et, ensemble, ils mettent en évidence deux faits : la jeune femme n'a pas bougé de la pièce depuis des jours et elle a du mal à se réveiller. Lors des plans extérieurs, le réalisateur profite de l'éclairage qu'apportent les néons colorés des panneaux publicitaires pour apporter plus de sens aux scènes. Toujours dans l’idée d’illustrer l’image, lorsque
Yasuko se déplace, elle continue de porter sur son dos plusieurs couvertures dépareillées, apportant tout de suite de la couleur au plan.
En parlant d’éclairage, on peut noter un jeu entre la confiance qu'a
Yasuko en elle-même et les lumières choisies pour éclairer les scènes. Par exemple : lorsqu’elle reste prostrée chez elle, elle reste dans la pénombre (sous ses couettes) ou sous une lumière tamisée ; si elle essaye de reprendre confiance en elle par elle-même, elle sera éclairée par une lumière artificielle pouvant symboliser le côté vacillant de sa volonté ; enfin, lorsque
Andō l'aidera à lui trouver un travail qui l’aidera à s’épanouir, elle se trouvera éclairée par la lumière du soleil, même dans sa chambre.
Bien évidemment, si les lumières servent au récit, elles ne sont pas le fruit de sa réussite. Celle-ci tient aussi de la manière dont sont traitées les différentes maladies présentes dans l’histoire.
D’une manière générale,
Yasuko, qui est tout de même centrale à l'intrigue, reste très mal jugée par les autres personnages du film. La majorité de son entourage lui répétera que, si elle est dépressive, c'est parce qu'elle est seule. Mais ce n'est pas le cas, elle n'est ni seule, ni délaissée.
Tsunaki s'occupe d'elle, achète ce dont elle a besoin, sa sœur l'appelle ou lui envoie des sms tous les jours afin de prendre des nouvelles et lui donner des conseils. Même les personnes qui lui veulent du mal vont l'aider à trouver un travail, allant jusqu’à venir chez elle lorsque la jeune femme sera en retard. Bref, la victime n’est pas traitée comme une personne qui refuse l’aide, mais bien comme une malade qui a du mal à la convertir.
Et
Tsunaki dans tout ça ? Cela m'attriste de le dire car j'aime beaucoup
SUDA Masaki, mais il passe clairement au second plan. Le jeune homme est peu expansif, voire se laisse clairement marcher dessus par les personnes qui l’entourent. Alors que l'intrigue entourant le personnage est intéressante, puisque son questionnement tourne autour du fait qu’il pourrait détruire la vie de la personne au centre de son article, il n’apparaît que de plus en plus lassé et effacé à mesure que le film avance. Peut-être que cette absence de personnalité est un effet de style voulu, comme si nous nous concentrions sur quelqu'un que nous pensons être en dépression, sans voir la réelle personne qui appelle à l'aide... sujet principal du film.
Love at Least reste un film captivant, grâce à cette réalisation colorée qui contraste avec un scénario assez sombre. Voir
Yasuko s’efforcer autant pour reprendre pied, les interrogations entourant la décision que prendra
Tsunaki sur son article ou même essayer de comprendre la relation qui unit le couple… Tout ceci saura vous tenir en haleine.