Kamen Rider est une série de Tokusatsu débutée en 1971 sous l'inspiration de ISHINOMORI Shōtarō, et elle est devenue tellement culte qu'elle a donné naissance à un genre de Sentai portant son nom. Kamen Rider Gaim est la 25e série Kamen Rider de l'histoire et la 15e de l'ère Heisei, nous y retrouvons une équipe de production habituée aux sentai avec à la réalisation TASAKI Ryūta (Kamen Rider Wizard, Fourze, OOO, W) et SHIBASAKI Takayuki (Kamen Rider Wizard, Tokumei Sentai Go-Busters). Quant au scénario, il a été confié à nul autre que UROBUCHI Gen (Madoka☆Magica, Psycho-Pass, Suisei no Gargantia) qui s'essaye pour la première fois au scénario de série live.
Pour sa première expérience dans une série live, UROBOCHI Gen a quelque peu modifié les bases d'un scénario d'une série Kamen Rider. Cette fois, au lieu de voir le Kamen Rider affronter une horde de monstres pour sauver l'humanité, nous suivons des groupes d'adolescents menés par des Kamen Rider s'affrontant les uns contre les autres afin d'obtenir plus de territoires. Nous pouvons alors découper la série en quatre arcs : l'affrontement des Beats Riders (1 à 14), Yggdrasill au pouvoir (15 à 23), les Overlords (24 à 41) et l'affrontement final.
Contrairement à Kamen Rider Wizard, cette série ne commence pas en nous jetant directement dans le feu de l'action. Ici nous devons d'abord suivre la découverte de la Rider Belt qui permettra à Kōta et aux autres chefs de gang de se transformer en Armored Rider (et oui, le terme Kamen Rider ne sera jamais utilisé dans la série). La découverte du pouvoir de transformation est par quelques aspects mal traitée. En effet, même si voir le héros chercher son mouvement de pré-transformation est assez drôle, voir Kōta rechercher un travail tout en étant transformé en Kamen Rider n'est ni drôle, ni utile, juste pénible (et oui un Kamen Rider livreur de fruits et légumes, vous ne vouliez pas voir ça, Kamen Rider Gaim l'a fait quand même...). Pourtant, suivre le héros chercher la place d'un héros dans un monde sans grand adversaire partait d'une bonne idée.
Ce premier arc est également marqué par un problème avec le scénario de base. En effet, si l'obtention du territoire se décide avec l'affrontement des Invess ou des Armored Rider, pourquoi dansent-ils ? Cela n'a aucun intérêt. Toutefois la réalisation et la mise en scène des combats sont très satisfaisantes, chaque transformation apporte un style de combat qui lui est propre et de plus les attaques spéciales en forme de fruit sont bien trouvées.
L'antagoniste de cet arc est Oren (YOSHIDA Metal), un ancien soldat devenu pâtissier qui estime les combats des Armored Rider trop puérils et manquant de classe. Cet adversaire est bien trouvé car les transformations donnant la même puissance d'attaque à chaque Rider, l'issue des combats est déterminée par l'expérience... Or Oren a obtenu cette expérience au combat lors de son passage dans l'armée, ce qui fait de lui le Rider le plus puissant des Beat Riders. De nombreux twists scénaristiques annoncent la fin de ce premier arc, l'un montrant le danger que représentent les Invess pour les êtres humains et l'autre remettant en cause l'utilisation des Rider Belt. Mais surtout le nouvel arc sera marqué par l'arrivée de nouveaux Armored Rider bien plus puissants que nos héros, changeant radicalement la donne.
Ce second arc sert principalement à faire avancer les personnages en affirmant leur personnalité et en contrepartie les éloigner de leur gang respectif. Mais ces évolutions sont tirées en longueur et la sauce a du mal à prendre. On a du mal à comprendre le but précis des nouveaux antagonistes et le comportement de certains personnages, en particulier celui de Mitsusane et du professeur Ryoma. Heureusement, cette partie de l'histoire est encore une fois sauvée par de bonnes scènes de combats bien chorégraphiées et la scène finale de l'arc est tout simplement grandiose avec l'apparition d'une nouvelle transformation de Armored Rider Gaim qui vous ferait presque oublier la lassitude des épisodes précédents.
Cette nouvelle transformation et la prise de conscience de Kōta et Kaito sur le devoir qu'ils doivent accomplir nous amènent dans une nouvelle partie de la série qui verra encore l'apparition de nouveaux antagonistes : des êtres originaires de la forêt de Helheim, les Overlords. Le chara-design des Overlords est très réussi, avec leur apparence plus humaine que les Invess normaux tout en gardant un style proche de la nature. Le fait qu'ils ne parlent pas notre langue nous permet de rapidement comprendre leur personnalité, certains ne cherchant même pas à nous comprendre alors que d'autres étudieront voir sympathiseront avec des protagonistes. Le scénario revient donc à une histoire plus classique de monstres souhaitant envahir le monde pour d'obscures raisons, mais devient également plus triste avec son lot de trahisons et de révélations bouleversant la vision du monde pour Kōta et Takatora. Mais on ne peut s'empêcher de se demander comment le personnage de DJ Sagara a fini par évoluer de la sorte, cette partie étant complètement passée sous silence. Après cette longue présentation des nouveaux enjeux apportés par les Overlords, ceux-ci passent alors à l'attaque, envahissant notre monde. Autant dire tout de suite que cette invasion est loin d'être passionnante voir anecdotique, Mitsusane qui semble être devenu le personnage principal de cette partie est insupportable et les protagonistes mettent beaucoup trop de temps avant de se décider à contre-attaquer.
Malgré la chute des Overlords, la Terre est toujours menacée, et seul le détenteur de la Pomme d'Or pourra endiguer le phénomène en instaurant sa philosophie de vie au reste du monde. S'engage alors un combat sans pitié entre Kōta, Kaito et Mitsusane, chacun ayant une vision d'un monde diamétralement opposé. Cette partie de l'histoire est la mieux réussie, remettant au centre de l’intrigue les personnages qui ont finalement trouver le sens de leur combat. Mais bien que le chemin qu'ils aient emprunté soit différent, la finalité de leur choix ne peut inclure l'existence des autres et ils seront obligés de s’entre-tuer sans pouvoir lutter contre ce destin cruel. Mais tout ça ne nous apportera qu'une conclusion décevante...
La série des Kamen Rider semble souffrir de la malédiction du "un sur deux" : une bonne série sera suivie d'une moins bonne. Niveau réalisation, il n'y a pas grand-chose à redire, nous avons ici une équipe rodée à la production d'épisodes de Kamen Rider, les costumes des Armored Rider sont plutôt classes, chacun ayant un style de combat qui lui est propre, et les combats sont bien rythmés et chorégraphiés. On notera tout même les problèmes récurrents à ce genre de série tels que de la téléportation de la zone de combat (les personnages s'affrontent dans un bâtiment, sautent hors-champ et se retrouvent sur un place vide), ou encore l'habituel dernier costume beaucoup trop puissant pouvant tuer n'importe quel ennemi en une seule attaque. Les personnages principaux sont bien interprétés, en particulier Kōta et Kaito (SANO Gaku et KOBAYASHI Yutaka) dont la rivalité devient presque palpable au fur et à mesure de l'avancement de l'histoire et le chemin qu'ils choisissent colle très bien au background des personnages - et le petit détail qui fait la différence, la production a pensé à ne pas leur couper les cheveux, nous laissant imaginer que les événements s’enchaînent pour eux à une vitesse folle. Le gros problème vient de la structure scénaristique, on ne comprend pas où l'histoire veut nous mener. Certains personnages pourtant capitaux au scénario sont très mal traités : cette mystérieuse fille aux yeux vairons qui apparaît dès les premières secondes de la série pour ne vraiment réapparaître que lors du dernier arc, l'évolution du personnage de DJ Sagara complètement éclipsé pour ne laisser qu'un grand "Mais comment ? Pourquoi !?", et le personnage de Mitsusane quant à lui est trop présent, il aurait dû rester plus en retrait au profit de son frère Takatora, un peu comme le traitement de Zack par rapport à Kaito : celui-ci bien que restant dans l'ombre du chef de gang n'en devient pas moins un personnage intéressant et bien plus attachant que Mitsusane. Quant au scénario global, il propose quelques bonnes idées intéressantes à développer et un acte final très sombre poussant nos héros dans leurs derniers retranchements, ne pouvant que mal se finir. Mais le chemin pour nous amener à cette conclusion est bien trop long et mal construit, cela semble être un problème récurrent chez le directeur scénaristique UROBUCHI Gen et bien que cela ne se ressente pas trop dans un animé de 12 à 25 épisodes, sur une série télé de 50 épisodes c'est beaucoup moins le cas.
Espérons que cette théorie du "un sur deux" se confirme est que la prochaine série Kamen Rider Drive qui commence ce dimanche 5 octobre 2014 soit agréable à suivre, mais un Kamen Rider conduisant une voiture a de base de quoi rebuter...